C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue
vingt fois le résultat de la Spinnstoff-Sammlung (64) , qu’on ne fait que pour obscurcir l’origine des vêtements [provenant de] Juifs, Polonais, Tchèques, etc. Votre deuxième tâche sera de modifier le fonctionnement de nos chambres à gaz, pour lesquelles on utilise un ancien moteur Diesel à échappement. Vous devez utiliser quelque chose de plus toxique et de plus rapide : l’acide prussique. Le Führer et Himmler étaient ici avant-hier [le 15 août]. D’après leurs instructions je dois vous accompagner personnellement.
Le professeur Pfannenstiel l’interrompt :
— Mais qu’est-ce qu’a dit le Führer ?
Réponse de Globocnik :
— Le Führer ordonné d’accélérer l’action !
Globocnik précise encore qu’à Belzec, le maximum d’exécutions par jour est de 15 000 personnes. À Sobibor, 20 000. À Treblinka, 25 000. Le lecteur doit savoir que ces chiffres rapportés par Gerstein lui-même ont été longuement discutés. On trouvera plus loin l’essentiel de ces controverses. Il faut savoir aussi que les circonstances très particulières dans lesquelles se trouvait Gerstein au moment où il rédigeait ses textes permettent d’expliquer une partie de ses erreurs et de ses défaillances de mémoire.
Le 18 août 1942, Gerstein et ses compagnons partent pour Belzec. Ici, il est indispensable de prendre connaissance du texte rédigé dans notre langue, en 1945, par Gerstein, à l’intention des autorités militaires françaises (65) . Je l’ai conservé intégralement, y compris les formes maladroites ou incorrectes :
« Une petite gare spéciale de deux quais s’incline à la colline de sable jaune, immédiatement au nord de la rue et du chemin de fer Lublin-Lemberg. Au sud, près de la chaussée, quelques maisons de service avec l’affiche : “Lieu de service Belzec de la SS armée (66) .” Globoenik me présenta à SS-Haupsturmführer Obermeyer de Primasens, qui me fit voir avec grande retenance (67) les installations. Cet jour, on ne vit pas les morts, mais l’odeur de toute la région, aussi de la chaussée, était pestillent. À côté de la petite gare, il y avait une grande baraque “Garde-robe” avec un guichet “valeurs”. Alors, une salle de 100 chaises “coiffeurs.” Alors un couloir de 150 m en plein vent, fils barbelés des deux côtés, et affiches : “Aux bains et inhalations”. Avant nous, une maison comme institut de bains, à droite et à gauche, grand pot de béton avec géranium ou autre fleur. Après avoir monté un petit escalier, à droite et à gauche, trois et trois (68) chambres comme de garages, 4 x 5 m, 1,90 m d’altitude. Au retour, pas visibles, sorties de bois. Au toit, l’étoile de David en cuivre. Avant le bâtiment, inscription : “Fondation Heckenholt”. Cet après-midi[-là], je n’ai pas aperçu [autre chose].
« Autre matin [le lendemain], quelques minutes avant 7 heures, on m’annonça : Après dix minutes, le premier train arrivera ! Vraiment, quelques minutes le premier train arriva de Lemberg, 45 wagons, contenant 6 700 personnes, 1 450 étaient déjà morts à leur arrivée. Derrière les petites lucarnes aux fils barbelés, des enfants, jaunes, pleins de peur, femmes, hommes. Le train arrive : 200 Ukrainiens contraints à ce service, arrachent les portes et, avec cravaches de cuir, chassent les personnes dehors des voitures. Alors, un grand haut-parleur donne les instructions : Au plein vent, quelques dans la baraque, se déshabiller de tout vêtement, aussi prothèse et lunettes. Avec petit morceau de ficelle offert par un petit garçon juif de 4 ans, joindre les chaussures (69) . Rendre tout valeur, tout argent au guichet « valeurs » sans bon, sans reçu. Alors les femmes et les jeunes filles au coiffeur, faire couper à un ou deux coups les cheveux qui disparaissent dans des grands sacs à pommes de terre “pour en faire quelques choses spéciales pour les sous-marins, épaisseurs etc.”, me dit le SS-Unterscharführer du service.
« Alors, la marche commence. À droite, à gauche, le fil barbelé, et derrière deux douzaines d’Ukrainiens avec fusil. Guidés par une jeune fille extraordinairement belle, ils s’approchent. Moi-même avec le Hauptmann Wirth, police, nous nous trouvons avant les chambres de la mort. Totalement nus, les hommes, les femmes, les jeunes filles, les enfants, les bébés, les à une seule jambe, tous nus, passent. Au coin, un SS fort, qui à
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