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Chasse au loup

Chasse au loup

Titel: Chasse au loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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un choix étonnant : sur le sentier, la voie était moins obstruée et donc plus rapide. Relmyer continua droit devant lui. Margont choisit de demeurer dans les traces du fuyard afin de refermer le piège. L’homme, malgré son talent, était ralenti. Relmyer quitta le chemin à son tour et le rattrapa. Il chevauchait à son niveau, à quinze pas sur sa gauche. Il allait le dépasser et lui couper la route lorsque le milicien et sa monture semblèrent s’affaisser, comme entraînés par un effondrement de terrain. La pente que celui-ci dévalait venait brutalement d’accentuer son inclinaison. Relmyer le dominait maintenant et le fugitif descendait toujours plus bas. Le cheval de Relmyer se cabra. Son hennissement effrayé précipita le jeune hussard dans la terreur. Relmyer, cramponné à ses rênes, devinait le danger plus qu’il ne le voyait. Son esprit n’arrivait pas à interpréter le chaos d’images qu’il percevait : le ciel, des arbres, un à-pic rocheux... Relmyer perdit l’équilibre et s’écrasa sur le sol rocailleux. Ce fut ce qui lui sauva la vie. Lorsque les jambes avant de son cheval retombèrent, l’une d’elles ne rencontra que le vide. La bête bascula la tête la première et alla se fracasser le poitrail cinq mètres en contrebas. Elle roula sur elle-même en soulevant des aiguilles mortes et acheva sa course contre un tronc d’arbre – son cou, brisé, formait un angle droit. L’attention de Margont avait été détournée. Lorsqu’il fixa à nouveau celui qu’il poursuivait, il eut juste le temps de se coucher sur son cheval. L’homme s’était arrêté et, tourné vers lui, le visait de son pistolet. Il avait choisi son moment à la perfection, preuve que tout s’était déroulé comme il l’avait prévu. Margont tira vivement sur ses rênes. La balle frappa sa monture à l’encolure et celle-ci s’étala de tout son long. Encore étourdi par le choc de sa chute, Margont baignait dans la douleur. Il dégaina son épée, tenta de se relever et s’effondra. Un étrier le retenait. Sa bête, à l’agonie, cherchait vainement à se redresser. Du coup, Margont demeurait au sol, le pied gauche empêtré et agité par les secousses de l’animal. Il tentait de se libérer tout en brandissant sa lame. On ne l’aurait pas comme ça ! Il allait se démener comme un enragé ! Le milicien le contemplait, hésitant. S’il avait eu un autre pistolet chargé, il aurait achevé ce ver gigotant. Il avait empoigné son sabre, mais ce capitaine risquait de le blesser avec son épée. L’Autrichien préféra ne pas s’attarder. Il y avait peut-être d’autres poursuivants. L’homme éperonna sa monture. Un caillou vint ricocher sur un tronc, non loin de lui. Au sommet du promontoire rocheux, Relmyer lui jetait des pierres, espérant l’assommer. Des pierres ! Dérisoire... Margont se dégagea enfin. Une tache rouge et brûlante envahissait son flanc. Sa blessure s’était rouverte.

 
    CHAPITRE XX
    Margont se reposait, allongé sur de la paille, le flanc en flammes. Lefine vint s’asseoir à côté de lui. Margont le voyait tanguer. Avant de le recoudre, on lui avait fait boire de l’eau-de-vie et du laudanum de Sydenham, un composé d’opium, de cannelle, de girofle, de vin et de safran. Il se trouvait dans un hôpital de campagne aménagé dans une grosse ferme du village d’Ebersdorf. Des blessés d’Essling achevaient de s’y remettre ou d’y mourir. Les murs et les poutres étaient imprégnés des odeurs de gangrène et de sang. Même des mois plus tard, ces lieux sentiraient la mort, hantés par ceux qui y avaient péri. Margont tapota le genou de son ami.
    — Merci ! Sans toi, je serais encore là-bas à attendre des secours.
    — C’est tout ce que vous auriez mérité ! Vous galopiez comme des furieux : j’ai plusieurs fois manqué vous perdre. Heureusement, votre piste n’était pas difficile à suivre avec tous ces branchages cassés et ces buissons piétinés.
    — On a vraiment failli l’avoir.
    — C’est lui qui a vraiment failli vous avoir ! Des groupes de miliciens contournent la ligne de front par le nord ou par le sud. Ils traversent le Danube en barque ou grâce à des gués ou des ponts intacts afin de venir soutenir les partisans qui se trouvent déjà sur nos arrières. Tout le monde sait cela, mais non ! Relmyer et vous, vous faites toujours la sourde oreille. Quel beau résultat, en vérité !
    Face aux grimaces douloureuses de

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