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Chasse au loup

Chasse au loup

Titel: Chasse au loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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parvint seulement à énerver un peu plus Relmyer. Le peintre n’avait pas signé l’oeuvre. Il s’agissait donc d’un artiste peu connu et impossible à retrouver. Margont proposa autre chose :
    — Je vais présenter ce portrait aux voisins afin d’avoir la confirmation qu’il s’agit bien de Teyhern.
    — Non ! répliqua Relmyer. Je vais l’attendre ici en embuscade. Si nous interrogeons ses voisins, nous nous ferons repérer. Quelqu’un l’avertira que des Français le recherchent et connaissent son domicile. Il faut à tout prix que Teyhern ignore que nous l’avons identifié.
    Lefine était du même avis. Il ajouta :
    — De toute façon, nous avons bien vu avec Sowsky et son épouse combien il nous est difficile d’apprendre quoi que ce soit des Autrichiens. Les villageois nous répondraient qu’ils ne connaissent pas de Teyhern, que c’est lui, que ce n’est pas lui...
    Pour la première fois depuis cinq ans, Relmyer ressentit une véritable quiétude l’envahir.
    — Je suis dans sa tanière ! Il reviendra peut-être ici avant la grande bataille, ou bien après. Et s’il meurt au combat, je chercherai son cadavre, même si je dois remuer cent mille Autrichiens dans les fosses communes !
    — Attendre ici ? osa Pagin. Mais, mon lieutenant, vous ne pouvez pas abandonner le régiment... On va vous accuser de désertion...
    — C’est exact. C’est pourquoi je resterai seul.
    Pagin était au bord des larmes. Son modèle idéal s’effondrait sous ses yeux ! Relmyer était lieutenant à vingt ans et déjà célèbre grâce à sa technique de sabreur. Le général Lasalle, ce héros mythique, était venu le rencontrer pour croiser amicalement le fer avec lui. Lasalle l’avait applaudi quand Relmyer l’avait touché – sans jamais le blesser – pour la troisième fois consécutive. Son colonel, Laborde, envisageait de le promouvoir au rang de capitaine de la compagnie d’élite à la fin de la campagne. Et Relmyer abandonnait tout ! Pour une vieille histoire ! Pagin n’y comprenait rien. Il voulut se ruer sur le portrait, le brandir et le fracasser sur le sol. Dans un éclair intuitif, il devina que Relmyer l’étendrait raide mort avant qu’il n’ait couvert la moitié du chemin en direction du tableau. Alors il s’exclama :
    — Moi, je vais rester, mon lieutenant ! Je le tuerai ! Je ne le raterai pas, je vous le jure ! Sur le Christ, je l’embrocherai et j’éventrerai son cadavre pour plus de sûreté !
    Relmyer secoua la tête, imperturbable.
    — Vous ne pouvez pas tout sacrifier ! s’énerva Margont. En plus, si vous êtes pris, vous serez fusillé. Au bout du compte, celui que nous recherchons vous aura bel et bien assassiné, mais indirectement !
    Relmyer sourit, sourd à toute autre logique que la sienne, et lui tendit vivement la main.
    — Merci, Quentin ! Sans vous, je ne l’aurais jamais identifié. Il n’existe pas de mots pour vous exprimer ma gratitude.
    Relmyer lui serra la main, pressant trop fort.
    — Bonne chance, Lukas, dit Margont.
    — La chance n’existe pas. Il n’y a que des conséquences.
    — Nous allons retourner informer Luise de la situation. Souhaitez-vous lui transmettre un message ?
    — Dites-lui qu’elle est ma soeur adorée et que je vous la confie, si jamais les événements m’empêchent de la revoir un jour.
    Tous se résolurent donc à partir, abandonnant Relmyer, les yeux rivés sur le visage de son ennemi, installé tel un roi sur son trône.

 
    CHAPITRE XXVI
    Le 1 er juillet, Napoléon établit son nouveau quartier général dans l’île de Lobau, rebaptisée « île Napoléon ». L’état-major général s’y installa en grande pompe. La Garde impériale, forte de dix mille sept cents hommes, se disposa autour de la tente de l’Empereur. Le 2 e corps d’armée du général Oudinot l’accompagnait. Le 4 e corps reçut l’ordre de quitter Lobau pour se joindre aux autres corps qui se massaient du côté du village d’Ebersdorf. Seul le 8 e corps du général Vandamme ne participerait pas à la bataille. L’Empereur avait décidé de le laisser dans Vienne, afin de prévenir toute tentative de rébellion. Les actions des partisans autrichiens se révélaient donc payantes, mobilisant à l’arrière plusieurs milliers de soldats français et westphaliens.
    Napoléon se montra alors digne de sa réputation de tacticien génial. Il fit construire un pont, baptisé pont Baillot, reliant

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