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Chasse au loup

Chasse au loup

Titel: Chasse au loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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l’île de Lobau à la rive est. Or ce pont était situé au nord de l’île et s’orientait en direction du village d’Essling, ce qui semblait indiquer que l’armée française allait tenter un passage en force au même endroit qu’un mois et demi plus tôt. On disposa des canons pour protéger cet ouvrage et, le lendemain, l’île du Moulin fût prise aux quelques Autrichiens qui la gardaient. Il s’agissait d’une bande de terre boisée proche du pont Baillot, placée entre Lobau et la rive est. On installa une batterie dans l’île du Moulin, on construisit deux ponts pour relier cette île à celle de Lobau et à la rive est, on édifia sur la rive est une redoute pour protéger cette tête de pont...
    Les Autrichiens étaient perplexes. S’agissait-il d’une diversion ou l’armée française allait-elle réellement prendre la direction d’Essling ? L’archiduc Charles redéploya ses soldats. L’avant-garde commandée par Nordmann et le 6 e corps de Klenau se positionnèrent au nord, pour tenir les villages d’Aspern et d’Essling. Le gros de l’armée – constitué par le 1 er corps de Bellegarde, le 2 e corps d’Hohenzollern, le 4 e corps de Rosenberg et le corps de réserve du prince de Liechtenstein – se massa au nord-est, à dix kilomètres de Lobau. Puisque l’archiduc Charles ignorait où les Français allaient apparaître, il avait disposé son armée en tenaille. Si Napoléon attaquait à nouveau au nord, l’avant-garde de Nordmann et le 6 e corps de Klenau devraient le contenir, soutenus par le 3 e corps de Kolowrat, positionné plus en arrière. La force principale de l’armée autrichienne, au nord-est, manoeuvrerait alors pour enfoncer le flanc droit français. Au contraire, si Napoléon avançait en direction du nord-est, l’archiduc Charles lui tiendrait tête tandis que Nordmann, Klenau et Kolowrat viendraient enfoncer le flanc gauche français.
    En réalité, Napoléon s’apprêtait à prendre pied sur la rive autrichienne en dirigeant son armée non pas vers le nord, ni vers le nord-est mais vers l’est. Les Autrichiens croyaient à tort que cette zone marécageuse ne permettait pas à une armée de passer. Par ailleurs, ils pensaient avoir le temps de réagir si leurs ennemis surgissaient en un lieu imprévu. Cependant, en progressant ainsi, les Français seraient obligés de présenter leur flanc gauche aux Autrichiens avant de bifurquer pour se retourner contre eux.
    L’armée française passa toute la journée du 2 juillet à se redéployer. Les divisions se croisaient pour gagner des positions précises. Ces masses invraisemblables, baignant dans des bruits de cliquetis et le martèlement lourd des pas des hommes et des montures, donnaient le vertige. Les cuirassiers se déplaçaient en rangs serrés, les têtes des chevaux mordant pratiquement les croupes de ceux qui les précédaient. Les convois d’artillerie s’étiraient sans fin, semant ici ou là un attelage qui avait rompu un essieu. Les colonnes striaient de noir les prés et de nombreux officiers orchestraient ces réagencements, galopant en tous sens. Estafettes et aides de camp zigzaguaient entre les régiments, transmettant sans relâche des ordres : « Pressez le pas ! », « Cédez le passage à la division Durutte ! », « Emboîtez le pas à la cavalerie du général Piré ! », « Dégagez la voie ! »... Leur nombre était tel que, le soir venu, tous les effectifs n’avaient pas encore pu rejoindre leur position définitive dans le vaste dispositif prévu par l’Empereur.
    Les soldats tentaient de percer à jour la signification de leur emplacement. Ils voulaient savoir s’ils feraient partie des premiers à monter à l’assaut (pertes lourdes assurées mais aussi meilleures opportunités de promotion). Chaque fois que l’on annonçait à un bataillon qu’il serait placé en tête, des hommes se réjouissaient tandis que d’autres se lamentaient. Chaque régiment n’était qu’un pion sur l’échiquier, tout juste capable d’observer les cases qui l’entouraient immédiatement.
    La soirée amena un peu de fraîcheur. Le 18 e de ligne s’était installé dans un pré. Chacun se préparait à la bataille à sa façon. Piquebois, le bras en écharpe, dévora à lui seul un poulet rôti. Saber bouillonnait. Il venait de tenir un discours enflammé à sa compagnie, évoquant la gloire des armes et la nécessité de se distinguer afin d’être remarqué par

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