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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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l’idée que le Tombeau de Notre-Seigneur puisse être
profané par ces abominables sacrilèges !
    Cristobal éleva la voix :
    — C’est précisément pour cette raison que j’entends
mettre à la disposition de la Castille et de l’Aragon les richesses de Cypango.
Je vous en fais à nouveau le serment, elles seront utilisées pour délivrer
Jérusalem et les Lieux saints.
    — Nous ne doutons pas un seul instant de votre
intention de le faire, messire Cristobal. Encore faudrait-il avoir les moyens
de financer votre expédition. Les caisses de notre Trésor sont malheureusement
presque vides, comme me l’a encore confirmé hier Alonso de Quintanilla. Le peu
qui me reste, j’entends le consacrer à la réussite de cette guerre contre
Grenade. Il ne s’agit pas d’une nouvelle expédition, semblable en tout point
aux précédentes. Elle ne prendra fin qu’avec la capitulation de la ville. Mon
royal époux et moi-même en avons ainsi décidé. J’en ai fait le vœu solennel à
la Très Sainte Vierge et je n’aurai pas de repos tant que l’Espagne ne sera pas
redevenue entièrement chrétienne.
    — Je ne puis donc espérer obtenir votre autorisation de
partir pour Cypango.
    — Ce n’est point ce que nous avons dit. La commission
n’a pas encore fini de délibérer sur votre projet et c’est uniquement quand
elle l’aura fait que notre réponse vous sera donnée. L’impatience est mauvaise
conseillère, le père de Marchena le sait bien, lui qui a dû parfois tempérer ma
fougue et mes emportements. Grenade requiert pour l’heure toute notre attention
et nous avons bien d’autres sujets de préoccupation, à commencer par ce projet
de mariage entre ma fille et l’infant Afonso de Portugal, projet qui a été
apporté à notre connaissance par votre frère. J’ignorais qu’il était aussi bien
en cour à Lisbonne, ni même qu’il était chevalier. C’est là un rang qui lui
ouvre bien des portes. Que n’est-il le vôtre ! Vos affaires s’en
porteraient infiniment mieux aux yeux de mes conseillers.
    — Dom Joao en a fait son messager et lui a conféré ce
titre pour des raisons que je ne m’explique pas clairement. Car, dans le même
temps, il lui a intimé l’ordre, une fois sa mission remplie, de ne pas
reparaître dans ses États.
    — C’est peut-être préférable pour lui. Mes conseillers
sont fort divisés sur l’opportunité de cette union. Elle a ses avantages comme
ses inconvénients. Le roi du Portugal ne peut ignorer que notre fils, l’infant
Don Juan, est atteint d’une maladie qui lui laisse peu de chances de nous
succéder le moment venu. Chaque jour, je m’attends à ce qu’on m’annonce son
trépas. En demandant ma fille pour son propre fils, il s’imagine qu’un jour le
Portugal, l’Aragon et la Castille ne formeront plus qu’un seul royaume. Je vois
clair dans son jeu et je n’entends pas lui rendre la partie aisée. Ainsi que
vous pouvez le constater, mille sujets accaparent mes pensées et ne me laissent
pas un instant de répit. Si vous songez réellement à me servir loyalement, donnez-m’en
une preuve éclatante par votre patience et votre résignation. Elles seront un
jour, je vous en donne ma parole, récompensées.
    Ce fut sur cette assurance que prit fin l’entretien. Pour
Cristobal, elle avait valeur d’engagement. C’est ce qu’il expliqua naïvement à
Antonio de Marchena, ajoutant qu’après avoir tant patienté, il pouvait encore
attendre quelques mois, quitte à vivre petitement et chichement à Cordoue
auprès de Dona Beatriz et de son fils.
    Il se garda bien toutefois de confier par la suite au moine
l’étrange visite qu’il avait reçue peu de temps après cette audience. Un
courtisan, Pablo de Santa Maria, l’avait fait venir dans la luxueuse tente
qu’il occupait à l’entrée du camp. Elle était meublée avec un grand luxe et son
interlocuteur ne se priva pas de lui expliquer qu’il appartenait à une illustre
lignée de Nouveaux Chrétiens anoblis pour les bons et loyaux services qu’ils
avaient rendus à la Castille depuis leur conversion. Contrairement aux autres
Nouveaux Chrétiens qu’avait pu croiser Cristobal, il parlait librement de ses
origines, comme si elles lui donnaient la préséance sur ses pairs.
    Il avait dévisagé avec intérêt son interlocuteur et lui
avait tenu de bien étranges propos :
    — On vous dit très préoccupé à l’idée de délivrer Jérusalem.
    — C’est une obligation pour

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