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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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s’imaginer que, la mer Océane
étant peut-être infinie, mon voyage pourrait durer trois ans, c’est-à-dire
beaucoup plus qu’il n’en faut pour gagner par terre les domaines du Grand
Seigneur. En un mot, ils préfèrent payer de lourdes taxes aux Maures pour faire
venir d’Asie la soie et les épices plutôt que d’armer deux ou trois navires.
Voilà ce qui serait être instruit. Enfin, mon père, convenez-en, est-il
réellement sage et avisé de considérer qu’il est peu probable qu’on découvre
jamais de nouvelles terres ? Je n’ai pas prétendu vouloir trouver un monde
inconnu, mais tout simplement parvenir le plus rapidement possible à Cypango
dont l’existence est attestée par de nombreux auteurs.
    Antonio de Marchena avait tenté de le calmer :
    — Tu n’aimes pas être contrarié et tu te montres aussi
intolérant et obtus que tes adversaires. Ils ne sont pas aussi sots que tu
l’imagines. L’estimation que tu donnes des distances entre l’Espagne et Cypango
n’est qu’une hypothèse fondée sur des calculs hasardeux. Tu le sais toi-même,
Alfraganus n’est pas un auteur fiable. Enfin, ta colère te fait négliger le
point le plus important et qui est très largement positif.
    — Par Dieu, qu’y a-t-il dans la lettre de Diego Deza
dont je puisse me réjouir ?
    — Cette information essentielle, capitale, qu’en dépit
de la recommandation négative de la commission Ferdinand et Isabelle n’ont pas
rejeté ton projet.
    — Ils n’ont pas, que je sache, désavoué le verdict de
la commission.
    — Diego Deza te le dit : ils ne l’ont pas non plus
approuvé. Ils te demandent simplement d’attendre la fin de la guerre de Grenade
pour le leur soumettre à nouveau. Es-tu toi-même trop ignare et trop insensé
pour ne pas comprendre que tu conserves toutes tes chances d’obtenir une
flotte ?
    Une nouvelle fois, Cristobal avait donné raison au custode.
Ils avaient convenu de se revoir six mois plus tard, au début de l’été, à la
Rabida, afin de décider de la suite de leurs démarches.
    À la date convenue, Cristobal s’était rendu au monastère,
tout joyeux à l’idée de retrouver Diego, son fils, mais triste cependant à
l’idée qu’il lui fallait annoncer aux frères Juan Perez et Antonio de Marchena
que sa décision était prise et qu’elle était sans appel. Il se rendrait à la
cour de France pour proposer son projet puisqu’il n’avait plus rien à espérer
du côté de la Castille. Grenade n’était toujours pas prise et ne le serait
peut-être jamais. Plus inquiétant, les lettres qu’il avait adressées à Diego
Deza et à Don Hernando de Talavera étaient restées sans réponse.
    Quand il était arrivé au monastère, c’était l’heure du
dîner. Après avoir déposé son maigre bagage dans sa cellule, Cristobal s’était
dirigé vers le réfectoire et avait eu la surprise de constater que Juan Perez
et Diego de Marchena étaient attablés avec un homme qu’il reconnut
immédiatement. C’était cet armateur de Palos qui était venu à sa rescousse lors
de sa rixe avec les négociants génois. Celui-ci ne parut pas outre mesure
surpris de le rencontrer.
    — Le frère Perez me parlait de l’un de ses amis que
j’aurais grand intérêt à rencontrer. Je ne savais pas qu’il s’agissait de vous.
Martin Pinzon, pour vous servir, car vous devez avoir oublié mon nom et ma
profession, armateur. Et je vous dois mille excuses d’avoir cru que vous
ignoriez tout de la mer. Vous me paraissez au contraire très expert en ces
questions, d’après ce que l’on m’a dit.
    — Je fais un bien drôle de capitaine, perpétuellement
privé de navire.
    — Cela pourrait changer.
    — J’ai cessé de croire aux miracles. N’en déplaise aux frères
Juan et Antonio, je suis revenu pour leur reprendre mon fils. Il m’accompagnera
en France où j’espère avoir plus de chance qu’ici.
    Martin Pinzon sourit :
    — Vous estimez que ces maudits Français se montreront
plus attentifs à vos requêtes.
    — Je le crois en effet.
    — Alors, c’est que vous ne les connaissez pas. C’est un
peuple bien curieux. Ils disposent de côtes très étendues qui vont du golfe de
Gascogne jusqu’à la mer du Nord. Ils ont quantité de ports et de bons marins,
qui viennent parfois nous chercher noise. Pourtant, jamais leurs souverains ne
se sont intéressés à la mer et aux expéditions maritimes. Ils ne songent qu’à
agrandir leurs domaines terrestres

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