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Chronique de mon erreur judiciaire

Chronique de mon erreur judiciaire

Titel: Chronique de mon erreur judiciaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Marécaux
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les enfants avaient du mal à différencier une consultation médicale d’une agression.
    *
    Devant tant de confiance en son travail pourtant diablement mis à mal depuis le début mai, comment ne pas être estomaqué. Qui va parvenir à lui faire reconnaître ses erreurs ? Les avocats de la défense, particulièrement remontés et pas suspects de flagornerie ?
    C’est maître Delarue qui attaque le premier. Comme à son habitude, mon avocat reste très courtois, notant avec ironie qu’il trouve un Fabrice Burgaud identique à celui qu’il avait quitté la dernière fois, à savoir nanti du même mélange de naïveté et de certitude, du même discours où ne plane aucune once de remise en cause. Mon conseil commence par lui demander ce qu’il pense des nouvelles déclarations entendues au procès, des différents rebondissements constatés, des propos innocentant les accusés tenus par Myriam Badaoui. Fabrice Burgaud se sort du piège en prétextant qu’il n’y a jamais de certitude et que lui s’est contenté d’appliquer les méthodes d’un magistrat instructeur.
    S’attelant à détailler l’absence de preuves matérielles, le choix de croire en certaines paroles et pas à d’autres, aux raisons pour lesquelles certains ont eu la chance de devenir des « rescapés de la procédure », mon avocat multiplie les attaques en règle. Ainsi, il aimerait connaître comment le magistrat a procédé aux vérifications me concernant, sachant que Myriam Badaoui et son fils Dave n’avaient jamais dit la même chose. Le juge explique alors que les témoignages de Myriam Badaoui avaient été recoupés avec ceux des enfants, et que la revue homosexuelle retrouvée dans l’armoire d’Odile ainsi que la connexion à un site gay constituaient des preuves suffisantes. Comme le « fait » que Dave avait été menacé par ma femme – ce qui est faux –, qu’il avait reconnu notre chambre – là encore c’est faux – et que Sébastien avait fait état d’agressions sexuelles sur sa personne – toujours faux…
    Ce qui conduit maître Delarue à présenter au juge, non sans humour, un inventaire à la Prévert :
    « Il manque un mari à la boulangère ; le fils du taxi n’est pas le bon ; pour le prix d’un Legrand vous en avez deux ; l’huissier se démultiplie, de un on est passé à trois ; le crime est sans cadavre ; la ferme belge est introuvable ; chaque semaine, Dave allonge la liste, mais là vous dites “stop”. »
    Et d’aboutir à la contradiction majeure de l’instruction : « Pourquoi ce qui serait vraisemblable pour les uns ne le serait pas pour les autres ? » Là, mon avocat égrène une multitude d’incohérences. Pourquoi le docteur Leclerc n’a-t-il jamais été mis en cause ? Pourquoi les époux Lepers sont-ils absents du dossier alors que Karim déclare qu’il manque cette infirmière dans l’album photographique ? Conséquence, maître Delarue achève sa démonstration en constatant que pour lui, juge d’instruction, les citoyens ne sont donc pas tous égaux devant la loi.
    Face à cette avalanche de reproches, Fabrice Burgaud pèse soigneusement ses réponses. Il estime qu’il aurait été en effet souhaitable d’avoir toutes les photographies mais que tout le monde peut se tromper. Poussé dans les cordes sur différents points – ma photo dans le trombinoscope qui date de 1992 ; Dave qui me « reconnaît » comme étant l’image n° 14 alors que la mienne est la 25 ; Johnny qui ne se souvient que six mois après ! – et titillé sur le fait que ces incohérences ne profitent pas de la même façon aux Lepers qu’aux Marécaux, le juge se montre impassible. Comme il ne bronche pas lorsque mon avocat relève que je serais venu chez Myriam Badaoui en novembre 1998, alors que j’étais en vacances avec Odile à des milliers de kilomètres de la Tour du Renard, point aisé à vérifier en saisissant mes agendas, ce qui ne fut pas jugé utile de faire ! Comme il ne cille pas lorsque maître Delarue démontre la répétition des invraisemblances des interrogatoires où Myriam Badaoui commence par parler, Aurélie Grenon confirme et David Delplanque poursuit afin que les autres acquiescent. À la question de savoir si le magistrat instructeur ne regrette pas d’avoir écarté la solution de confrontations individuelles, Fabrice Burgaud rétorque que si elles avaient été séparées seraient apparus les mêmes mensonges et qu’il a

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