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Chronique de mon erreur judiciaire

Chronique de mon erreur judiciaire

Titel: Chronique de mon erreur judiciaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Marécaux
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trombinoscope. Et lui d’expliquer que celui-ci a été fixé à mesure du développement de l’enquête. Une contrevérité qui suscite des cris dans la salle, les avocats de la défense parlant alors du docteur Leclerc, des époux Lepers, des huissiers de justice Guillaume et Terrier évoqués d’emblée mais pas inclus. Comme le président veut également savoir pourquoi, dans les comptes rendus de ses interrogatoires, Fabrice Burgaud énonce toujours qu’« il ressort des investigations que…», alors qu’il n’y a aucun élément, le juge se justifie en expliquant qu’une question fermée permet d’étayer la réponse ! Ce qui a de quoi faire peur. Pire, il affirme avec force avoir été prudent.
    À une nouvelle question visant à connaître l’importance des preuves matérielles qu’il a pu recueillir, le magistrat est déstabilisé. Et contraint de confesser qu’il n’a trouvé aucune photo, aucune cassette vidéo, aucun ADN identique, que les recherches en Belgique comme dans le sex-shop de Boulogne-sur-Mer sont demeurées vaines et que les écoutes téléphoniques, y compris celles des cabines situées à proximité de l’habitation du couple Delay, n’ont donné aucun résultat. En somme, une débandade en règle, une déroute en rase campagne.
    *
    Avec les questions formulées par l’avocat général, Fabrice Burgaud va reprendre du poil de la bête. Il est vrai que, autant j’avais l’impression que les interrogations du président Monier étaient sincères, autant celles proférées par le représentant du ministère public me procurent un malaise. J’assiste en effet à un jeu de questions-réponses bien rôdé.
    Quand Gérald Lesigne lui demande ainsi de préciser le rôle du magistrat instructeur, le juge s’étend, répond qu’il analyse les différents éléments à charge et à décharge et que le doute doit être débattu en cour d’assises. Il affirme en outre avoir toujours interrogé les enfants en présence de leurs avocats et avoir eu une approche critique de la parole de Myriam Badaoui. N’est-ce pas le bouquet ? Concernant son refus de contre-expertise, il argue qu’un premier expert ayant jugé les enfants crédibles, qu’un second étant parvenu à la même conclusion, il lui a pas paru utile d’en pratiquer une troisième. Quant à faire la différence entre crédibilité et vérité, l’idée ne lui en vient même pas.
    Interrogé sur les confrontations anarchiques durant lesquelles les trois accusateurs parlaient entre eux, il fait mine de ne pas comprendre, admettant juste ne pas pouvoir exclure que les gens aient pu communiquer à ses dépens.
    *
    Après ces civilités courtoises, va-t-on enfin avoir droit à un véritable affrontement entre ce magistrat et ceux qui contestent ses méthodes ? En tout cas, ce n’est pas le premier des avocats des parties civiles à l’interroger qui va s’y atteler. Délibérément du côté de l’accusation depuis des jours, quasiment auto-investi d’une mission de procureur bis, il évoque le courage du juge et se contente de questions sur ses méthodes d’instruction et l’interrogatoire des enfants. Des politesses qui font fulminer les avocats de la défense, certains qualifiant leur confrère de « lèche-cul ». Ce qui n’empêche pas le magistrat instructeur de souvent botter en touche, rappelant volontiers le soutien obtenu par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Douai et la chambre criminelle de la cour de cassation.
    Lorsqu’un autre avocat lui demande d’expliquer comment il a procédé pour recueillir la parole des enfants, Fabrice Burgaud montre qu’il ne manque pas de toupet puisqu’il indique que c’est un enquêteur « spécialisé » qui a procédé aux auditions alors qu’en vérité ils étaient quatre, dont un seul disposant d’une formation, à s’occuper des interrogatoires. Au confrère qui veut savoir si l’expertise réalisée par M me  Gryson pouvait être contestée et si le délai pour entendre les enfants n’avait pas été trop long, le juge rétorque qu’il ne souhaitait pas entendre les mineurs plusieurs fois, préférant dès lors retarder les auditions.
    Une autre question le déstabilise un peu : celle concernant un médecin n’ayant pas été mis en cause alors qu’il avoua lui-même avoir consulté des sites zoophiles et pédophiles. Le magistrat admet sur ce point une erreur mais raconte n’avoir pas été plus loin, sous prétexte que

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