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Chronique d'un chateau hante

Chronique d'un chateau hante

Titel: Chronique d'un chateau hante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Magnan
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patient où l’un et l’autre
essayaient de se piéger pour obliger l’autre mais en vain à atteindre au
paroxysme intolérable et sans fin.
    Depuis
Gersande, épouse de Palamède le bâtisseur, jamais plus le château n’avait
entendu de tels halètements de douloureux plaisir.
    — Je
vous pèse ! souffla-t-il.
    Elle le
retint sauvagement en elle toutes griffes dehors sur ses énormes épaules. Ses
mains se refermèrent sous la tête de l’homme et elle se lova sous lui,
remontant tout en haut du lit et en même temps le faisant glisser sur ses seins
puis sur son ventre. Elle éloigna d’elle la tête d’Antoine et elle lui
dit :
    — Regarde !
Regarde bien !
    Elle
était entrouverte comme une grenade. Son doigt agile glissait langoureusement
au bord de sa vulve gonflée. Alors il comprit qu’elle contenait bien d’autres
joies qu’elle osait lui demander humblement. Le comble du bonheur pouvait
s’approfondir jusqu’à des creux infinis et il pouvait utiliser la science innée
de sa langue pour tirer encore et encore de Sensitive des excès de jouissance
et tenir jusqu’à l’effondrement l’exaltation.
    La nuit
était venue et dans le grand arbre qui tenait le château tout entier sous son
ombre le murmure naissait, chuchotant, qui allait se propager tout au long des
corridors de Gaussan. Sensitive commença d’entendre la rumeur des sœurs
fantomales frôler les murs dans le bruit lent et éternel de leur défilé. Il lui
sembla que cette rumeur l’approuvait d’être heureuse tant qu’elle pouvait.
    « Mon
Dieu, se dit Sensitive, Palamède va rentrer de chez son
précepteur ! »
    Elle
s’était proprement endormie, repue, dans son grand lit. Elle toucha les draps.
Antoine n’était plus là. Il était là-bas, tout habillé, pensif devant la grande
cheminée. Sensitive se vêtit elle-même à la hâte.
    Antoine
observait les flammes qu’il venait de ranimer. Il avait déchiré en quatre le
grand rouleau de papier qu’il portait tout à l’heure avant que sa vie ne
bascule dans l’amour.
    — Que
brûles-tu ? dit Sensitive alarmée.
    — Le
document qui nous faisait propriétaires du château. Maintenant il est à vous,
madame.
    — Madame !
Appelle-moi Sensi ! Tu n’as pas compris que je suis à toi ?
    Antoine
secoua la tête.
    — Non,
madame. L’amour que je vous porte n’enlève rien au respect que je vous dois.
    Elle se
suspendit à lui et le secoua.
    — Mais
tu ne comprends pas que ce que nous venons de jouir nous scelle l’un à
l’autre ? Que jamais plus nous n’oublierons de nous rejoindre chaque fois
que nous le pourrons ? Réveille-toi ! dit-elle.
    Mais il
continuait à secouer la tête comme un mulet rétif. C’était un homme prudent. Il
avançait dans la vie comme un chasseur dont l’existence est guettée. Il avait
compris qu’il fallait toujours être sur le qui-vive et que la sécurité et le
répit n’existaient pas ici-bas.
    — Maintenant
que je vous aime, dit-il, je vais vous parler à cœur ouvert. Vous avez deux
frères. L’un est militaire dans l’armée de Bonaparte et l’autre, si mes
renseignements sont exacts, a gagné les États du pape où il ne tardera pas à
être faitévêque . Ce que je sais est sûr : ils sont avides
tous les deux.
    Sensitive
vit passer en un éclair dans sa mémoire l’épisode de l’escalier où ils avaient
essayé de l’envoyer s’écraser.
    — Vous
êtes cadette » ils sont aînés. Ils sont mâles et vous êtes femme. Vous ne
pourrez contester leurs droits que si vous êtes solidement assise sur Gaussan.
    — Mais
le droit d’aînesse n’existe plus ! s’exclama Sensitive.
    — Mais
les deux sacs d’or que votre père vous a laissés existent bien, eux. Vos deux
frères ne vous en parleront pas mais ils seront présents dans leur pensée à
jamais. Ils les ont déjà pesés, augmentés de volume. Jamais ils ne pèseront
autant dans la réalité que dans leurs rêves. Non. Il faut que le château soit à
vous. Je vous l’ai rendu mais cela implique seulement qu’il n’est plus à moi.
Il faut que vous nous l’achetiez. Demain nous irons ensemble chez le notaire.
Il nous établira un acte de vente en bonne et due forme. Vous nous payerez en
louis une somme vraisemblable, je vous la rendrai séance tenante hors la
présence du notaire. Vous aurez alors un vrai titre de propriété pour vous et
vos descendants.
    « Il
ne m’aime pas ! se dit Sensitive désolée. Avoir tant de

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