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Chronique d'un chateau hante

Chronique d'un chateau hante

Titel: Chronique d'un chateau hante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Magnan
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Meudon le lendemaindes fêtes de Pâques, rencontra en chemin un prêtre qui portaitle saint sacrement à un malade.
    Le
rouleau à cachet déniché, Palamède toujours à fond de train alla retrouver sa
mère à la courbe de l’escalier et le lui tendit.
    — Ouvrez
et lisez ! commanda-t-elle. Le sceau est encore intact !
    Le
hussard lui arracha le papier des mains. Son visage pâle devint cramoisi.
    — Le
droit d’aînesse ! rugit-il. Je suis votre aîné !
    — Le
droit d’aînesse n’existe plus ! dit Sensitive.
    — Nous
allons le rétablir, n’ayez crainte. Quand mon maître sera empereur, je vous
écraserai. Nous partons à la conquête de l’Italie. À notre retour, je vous
chasserai !
    Il écrasa
rageusement le sceau notarial sous sa botte et tourna les talons. Il avait les
jambes torses. Il est difficile, même avec un dolman de hussard et le sabre au
côté, de ne pas être ridicule quand on a des jambes en cerceau.
    — Remonte
l’acte ! dit Sensitive.
    Obéissant,
Palamède se baissa et, pendant qu’il était courbé, il demanda à
Sensitive :
    — Mère,
qu’est-ce que c’est un bâtard ?
    — C’est un enfant qu’une femme a fait toute seule !
     
    Il ne se
passa pas quinze jours avant qu’un prélat tout de blanc vêtu vienne stationner
son carrosse devant Gaussan qui renaissait. La marquise avait mis des
citronniers dans des bacs qu’on rentrait tous les hivers. Elle avait fait
planter des rosiers-tiges de chaque côté de l’allée qui s’amorçait devant le
château.
    Ce prélat
était conforté d’une chaise à deux valets qui suivait son carrosse par les
mauvais chemins qu’il lui fallait quelquefois emprunter dans son diocèse et
afin de ne pas perdre son prestige en allant à pied d’un point à un autre.
    Il était
flanqué de son camérier et de son secrétaire, la plume à l’oreille. Sa croix
pectorale et sa calotte disaient assez ce qu’il était. L’abbé Pons de Gaussan
échoué à Rome aux premiers temps de l’émigration, après bien des années passées
à la Curie dans le confort du Vatican, et s’instruisant chemin faisant, s’était
imposé par sa grande piété et ses abstinences. Aussi Sa Sainteté lui
désigna-t-elle un premier poste de coadjuteur puis, dès que son titulaire fut
décédé, la dignité très enviée d’évêque d’Embrun.
    Il
arrivait patelin et paternel, décidé à subtiliser par la douceur ce que son
aîné n’avait pu arracher par la force. Sensitive avait reçu le hussard à
mi-chemin de l’escalier. Elle reçut le prélat sur la plus haute marche. Le
sachant perclus elle voulut lui faire payer l’aide qu’il avait apportée à son
frère, étant enfant, pour fracasser leur sœur contre le fer forgé de la rampe.
Quand il lui tendit son anneau à baiser, Sensitive détourna la tête.
    L’évêque
d’Embrun pour morigéner sa sœur s’était mis en grande tenue et les laquais qui
portaient sa chaise, dès qu’ils l’en avaient descendu, s’étaient emparés de sa
traîne pour lui éviter le contact de la poussière de Gaussan.
    — Ma
sœur, dit le prélat le droit d’aînesse n’existe plus, soit, mais le droit du
mâle que je sache n’a jamais été abrogé. Surtout ! ajouta-t-il en élevant
le doigt et le ton, lorsque la morale est en jeu ! Mes ouailles m’ont
prévenu. L’une d’elles, même, n’a pas hésité à faire le dangereux voyage de
Forcalquier à Embrun pour s’en ouvrir à moi : vous abritez un bâtard dans
vos jupes ! J’espère que vous n’aurez pas le front de prétendre en faire
l’héritier des Pons de Gaussan. Ce serait un scandale sans précédent.
    — Si !
j’en ai l’intention ! Palamède ! Va chercher dans mon secrétaire mes
titres de propriété.
    Palamède
s’élança à fond de train dans le long corridor. Le secrétaire lui était
familier. Palamède l’avait fouillé naguère, quand le hussard était venu
revendiquer son bien. Il contenait, outre l’acte notarié, deux écrits sous
cachet dont l’un, très ancien, était rédigé en latin. Il l’avait un jour
subtilisé et il l’avait donné à lire au curé de Mane, de sorte qu’il savait
maintenant à quoi s’en tenir ; mais il contenait aussi, ce secrétaire, la
lettre que l’ancêtre des Pons avait écrite à sa fille depuis son exil, pour lui
enjoindre de ne pas émigrer et de regagner Gaussan en toute hâte à cause du
secret que recelait son sol.
    Hors
d’haleine, l’enfant tendit

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