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Chronique d'un chateau hante

Chronique d'un chateau hante

Titel: Chronique d'un chateau hante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Magnan
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splendide, impérieuse, blanche comme
lait et le corsage bouillonnant d’impatience.
    La nuit
de noces ne fut pas modeste, Tancrède et elle restèrent couchés trois jours. Le
Mèche leur apportait quelques poulets rôtis pour subsister.
    Tancrède
se trouva comte Pons de Gaussan sans jamais l’avoir cherché et sans en tirer
gloire.
    En
revanche, le Mèche ne perdait pas de vue le mystère du souterrain qui était
devenu son unique passion.
    Il ne
cessa de harceler maître Chalgrin sur la succession de Gaussan, et notamment
pour le forcer à tout connaître de la donation que le maître de la seigneurie,
autrefois, avait concédée à l’ordre des sœurs de Sainte-Claire pour construire
le monastère. Il trouva que le sous-sol et le trésor étaient en franc-alleu,
c’est-à-dire qu’ils n’appartenaient pas aux possesseurs de la surface.
    Cette
circonstance autorisait le seigneur d’aujourd’hui à se rendre maître de tout ce
que recelait le substrat du domaine.
    Le Mèche
s’aboucha avec un croquant patibulaire qui exploitait une centaine d’esclaves
dans une mine de soufre appelée Biabaud. Tous ces mineurs étaient jaunes d’un
bout de l’année à l’autre. On les appelait les chinois.
    Ce
croquant voulut savoir, voulut y mettre le nez. Le Mèche lui dit qu’il
s’agissait d’un mauvais charbon plein de pierres qui ne valait pas un maravédis
mais qu’il en avait besoin pour son athanor, lequel en réalité rouillait sur
son socle depuis la mort de la Clairance.
    Ce
croquant, y voyant quand même anguille sous roche, exigea trop de sa
prestation. Le Mèche fit courir le bruit qu’il offrait un liard de plus par
tête à ceux qui se laisseraient débaucher. Il s’en trouva douze. Il les réunit.
    — Ce
n’est pas de creuser, leur dit-il, qu’il s’agit, mais de couper. C’est un
travail de bûcheron.
    Pour cinq
liards par jour au lieu de quatre, ces morts de faim étaient prêts à tout. Ils
acquiescèrent.
    Le jour
où le Mèche les conduisit au souterrain, il pleuvait depuis deux semaines comme
il sait pleuvoir ici où la pluie est rare. Dans la galerie basse on pataugeait
jusqu’aux chevilles.
    Alléchés
par les liards à venir et à la lueur des torches résinées, les ouvriers
entreprirent avec entrain de dégager l’éboulement sous lequel les racines
étaient descendues du plafond en ruine de la coupole pour à nouveau s’enfoncer
dans le sol dix mètres plus bas.
    Ils
travaillèrent deux heures puis le bruit des pics et des pelles et des brancards
à deux hommes, qu’on appelait des oiseaux, où l’on évacuait les déblais, se fit
de plus en plus mou, de plus en plus hésitant. On vit sortir du boyau un à un
les hommes suffocants dont un qu’il fallut traîner entre deux compagnons qui le
soutenaient.
    — Eh
bien alors ? dit le Mèche.
    Il était
resté dehors sous la pluie pour surveiller l’évacuation des décombres.
    — On
respire pas ! dirent les ouvriers avec ensemble.
    — Si
vous voulez gagner vos cinq liards…, commença le Mèche.
    On lui
répondit :
    — Prenez
une pioche, allez-y vous-même et travaillez ! Vous verrez !
    Le
conseil était bon. Le Mèche s’engagea résolument dans le boyau et il commença à
piocher comme un terrassier. Il avait l’habitude. Il était seul d’ordinaire à
s’efforcer d’ameublir sa terre pour nourrir sa famille par le jardinage.
    Il
travailla dix minutes, les yeux fixés à la lueur des torches sur la masse
informe dont le volume ni les contours ne se laissaient deviner sous le lacis
des racines.
    Une
étrange torpeur lui enserrait les jambes, une sensation insidieuse comme si sa
gorge s’était soudain rétrécie de moitié. Il dut sortir très vite, et en
titubant, du souterrain. Les ouvriers firent cercle autour de lui.
    — Et
alors ? dirent-ils.
    Le Mèche
secoua la tête. Il leur paya leur journée et les congédia. Ils s’en allèrent
tous sauf un qui considérait ses pieds tanqués dans le sol détrempé par la
pluie. Il demeurait là en regardant le Mèche en dessous.
    — Maître,
dit-il, je peux vous parler ?
    — Sûr,
dit le Mèche.
    — Vous
comprenez, maître, quand on est en bas dessous, on n’est pas seuls à respirer,
lui aussi il respire et il est plus fort que nous.
    — Qui
« il » ?
    — L’arbre !
    Le Mèche
haussa les épaules.
    — Un
arbre ça respire par les feuilles.
    — Et
alors ? Vous croyez que les racines elles en profitent pas ? Vous
croyez que parce

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