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Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Graves
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vertueux au cœur d’or, tels que le vieil Athénodore et mon pauvre frère assassiné Germanicus. Pour finir et ce sont les plus rares de loin, il y a les vauriens au cœur d’or, dont Hérode Agrippa était un modèle parfait. On ne peut rien attendre d’eux. Ils sont totalement dénués de principes, comme ils l’admettent eux-mêmes et ne connaissent que leur propre avantage. Mais adressez-vous à eux quand votre cas est désespéré et dites-leur, «   Pour l’amour du ciel, fais pour moi ceci ou cela   », et ils le feront presque invariablement, non pas par amitié et pour vous rendre service, mais, soutiendront-ils, parce que cela sert leurs plans tortueux   ; et vous n’êtes pas autorisé à les remercier. Ces anti-Caton sont joueurs et prodigues, mais ce défaut du moins, vaut mieux que l’avarice. En outre, ils fréquentent assidûment ivrognes, assassins, hommes d’affaires véreux et entremetteurs   ; pourtant, vous les voyez rarement eux-mêmes pris de boisson et s’ils organisent un assassinat, vous pouvez être sûr que la victime ne sera pas tellement pleurée   ; ils fraudent les riches fraudeurs plutôt que les innocents et les nécessiteux, et ne s’imposent jamais à une femme contre son gré. Hérode lui - même affirmait toujours avec insistance qu’il était un fripon congénital. À quoi je répliquais   :
    —  Non, tu es un homme fondamentalement vertueux, qui arbore le masque de la friponnerie.
    Ceci le mettait en colère. Un mois ou deux avant la mort de Caligula nous eûmes une conversation sur ce thème. À la fin, il me demanda   :
    —  Tu veux que je te dise ce que tu es   ?
    —  Inutile, répondis-je, je suis le Fou officiel du palais.
    —  Eh bien, déclara-t-il, il existe des fous qui prétendent être sages et des sages qui prétendent être fous, mais tu es vraiment à ma connaissance le premier fou qui prétende l’être. Et un jour, tu verras, mon ami, à quel genre de Juif vertueux tu as affaire.
    Après le bannissement de Postumus, Hérode s’attacha à Castor, le fils de mon oncle Tibère et tous deux eurent bientôt la réputation d’être les jeunes compères les plus turbulents de la ville. Ils étaient perpétuellement en train de boire et, selon la rumeur publique, passaient la majeure partie de leurs nuits à escalader des fenêtres et à se bagarrer avec des gardiens de nuit, des maris jaloux et des pères furieux de maisonnées respectables. Hérode avait hérité une jolie fortune de son grand-père, mort alors qu’il avait six ans, mais eut vite fait de la dépenser dès qu’il put en disposer. Et bientôt, il fut contraint d’emprunter. Il emprunta pour commencer à ses nobles amis, dont je faisais partie, avec une désinvolture tranquille qui nous faisait hésiter ensuite à le presser de nous rembourser. Une fois son crédit épuisé auprès de nous, il emprunta à de riches chevaliers, flattés de prêter de l’argent à l’ami intime du fils unique de l’empereur   ; et lorsqu’ils commencèrent à s’inquiéter de ne pas rentrer dans leurs fonds, il se lia d’amitié avec les affranchis de Tibère chargés des comptes de l’Empire et les acheta pour obtenir d’eux des prêts d’argent prélevé sur le Trésor. Il faisait toujours miroiter de brillantes perspectives d’avenir, –  on lui avait promis tel ou tel royaume d’Orient ou bien il devait hériter des centaines de milliers de pièces d’or d’un vieux sénateur au seuil de la mort. Mais pour finir, à l’âge d’environ trente-trois ans, il avait épuisé toutes les ressources de son esprit inventif   ; et là-dessus Castor mourut (empoisonné par sa femme, ma sœur Livilla, comme nous l’apprîmes quelques années plus tard) et il fut contraint de prendre la poudre d’escampette pour échapper à ses créanciers. Il aurait bien sollicité personnellement l’aide de Tibère, mais celui-ci avait publiquement déclaré qu’il ne désirait revoir aucun des amis de son fils mort, «   de crainte de raviver son chagrin   ». Bien entendu, cela signifiait tout simplement qu’il les soupçonnait d’avoir été complices de Castor, son Premier ministre, Séjan, l’ayant persuadé que son fils complotait de l’assassiner.
    Hérode s’enfuit à Édom, le berceau de ses ancêtres, où il se réfugia dans une forteresse en ruine au milieu du désert. Ce fut, je crois, sa première visite au Proche-Orient depuis son enfance. À cette époque, son oncle

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