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Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Graves
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hommes. Il suivit une de mes suggestions de dernière minute, c’est-à - dire ne pas marcher droit sur Brème mais envahir le territoire des Angrivarii, qui vivaient au sud de la Chaucie du Bas et de là envoyer une colonne volante de cavalerie contre Brème, dans l’espoir d’investir la ville avant que les Chauces ne songent à emmener l’Aigle en un lieu plus sûr. Toute l’opération se déroula selon le plan établi. La cavalerie de Gabinius, qu’il commandait en personne, trouva l’Aigle exactement comme je l’avais espéré, et il en éprouva une telle satisfaction qu’il rappela tout le reste de ses troupes et traversa de part en part toute la Chaucie du Bas, brûlant les uns après les autres tous les sanctuaires en bois de l’Hercule Germain jusqu’à ce qu’il n’en restât plus un seul. Ses destructions de récoltes et de villages ne furent pas aussi méthodiques que celles de Galba, mais sur le chemin du retour, il laissa aux Istaévons de cuisants souvenirs de son passage. Il fit deux mille prisonniers.
    On apprit simultanément à Rome la récupération de l’Aigle et la mise à sac par Galba des trois villes cattes, et le Sénat aussitôt me vota le titre d’empereur, que cette fois je ne refusai point. J’estimais l’avoir bien gagné en localisant l’Aigle et en suggérant ce lointain raid de cavalerie, ainsi que par le soin que j’avais pris de garder secrètes les deux campagnes. Personne n’en eut vent jusqu’à ce que j’eus signé l’ordre notifiant aux troupes enrôlées en France et en Italie de se tenir en armes et prêtes à marcher vers le Rhin dans les trois jours.
    Galba et Gabinius reçurent les ornements triomphaux. Je leur aurais accordé un triomphe si les campagnes n’avaient été de simples expéditions punitives. Mais je persuadai le Sénat d’honorer Gabinius en lui donnant le nom héréditaire de «   Chaucius   » en commémoration de son exploit. L’Aigle fut portée en procession solennelle jusqu’au temple d’Auguste, à qui j’offris un sacrifice et que je remerciai de son aide divine. Je lui dédiai ensuite les portes en bois du temple où l’Aigle avait été retrouvée, –  Gabinius me les avait envoyées comme présent. Je ne pouvais pas dédier l’Aigle elle-même à Auguste, car une niche avait été préparée depuis longtemps pour la recevoir dans le temple de Mars le Vengeur, à côté des deux autres Aigles recouvrées. Je l’y portai plus tard et le dédiai à Mars, le cœur gonflé d’orgueil.
    Les soldats composèrent des ballades rimées sur le sauvetage de l’Aigle. Mais cette fois, au lieu de les ajouter à leur ballade d’origine, Les Trois Soucis d’Auguste Dieu, ils en composèrent une nouvelle intitulée Claude et l’Aigle. Elle n’avait rien de flatteur pour moi, mais certains couplets me plurent. Il découlait du thème général que j’étais un parfait imbécile à bien des égards et me livrais aux actes les plus ridicules –  je tournais ma bouillie avec mon pied, me rasais avec un peigne, et quand j’allais aux bains, je buvais l’huile que l’on me tendait pour m’en frotter et me frottais avec le vin que l’on m’offrait à boire. Et malgré tout, j’étais un puits de science. Je connaissais le nom de toutes les étoiles dans le Ciel, je pouvais réciter tous les poèmes qui avaient jamais été écrits, et j’avais lu tous les livres de toutes les bibliothèques du monde. Et le fruit de cette sagesse, c’est que j’avais été le seul à pouvoir dire aux Romains où se trouvait l’Aigle perdue depuis tant d’années et que personne n’avait jamais réussi à retrouver. La première partie de la ballade comportait un dramatique récit de la scène où les gardes du palais m’avaient acclamé et nommé empereur. Je citerai trois couplets pour montrer le genre de cette ballade   :
     
    Derrière un rideau Claude s’est caché
    Gratus de la main vient de l’écarter
    Sois donc notre chef, dit Gratus, hardi
    Par nous tous tes ordres seront obéis
     
    Sois donc notre chef, dit Gratus, hardi
    Claude, très savant, montre ton courage
    Pour la gloire d’Auguste, notre Dieu très sage
    Il est quelque part une Aigle à sauver
     
    Le très savant Claude, soudain assoiffé
    d’un trait a vidé tout un encrier.
    Un hibou , dis-tu, ou une Aigle entière   ?
    Je crois que je vais tous deux les sauver.
     
    Au début d’août, vingt jours après qu’on m’eut voté le titre d’empereur,

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