Claude, empereur malgré lui
certain juge phénicien tenant ses assises dans un village désirait découvrir l’endroit où un homme avait dissimulé une coupe en or qu’il avait dérobée, il déclara à l’homme qu’il ne le croyait pas capable de vol et se proposait de l’acquitter. « Viens, allons plutôt faire une petite promenade tous les deux et peut-être me montreras-tu ton intéressant village. » L’homme le guida à travers toutes les rues sauf une. Le juge, s’étant renseigné, apprit que l’une des maisons de cette rue était occupée par la maîtresse de cet homme ; et la coupe fut découverte, cachée dans le chaume de son toit. De la même façon, je déclarai :
— Très bien, je n’insisterai pas davantage. (Puis me tournant alors vers un autre membre de la tribu qui, d’après son air buté, mal à l’aise, semblait être dans le secret je lui demandai d’un ton négligent :) « Dis-moi… dans quelle ville ou quel village de ton territoire y a-t-il des temples érigés en l’honneur de votre Hercule Germain ? » (Sans doute l’Aigle avait-elle été dédiée à ce Dieu. Il me donna une liste de sept noms, que je notai.) Est-ce tout ? demandai-je.
— Je ne me souviens d’aucun autre, répondit-il.
Je m’adressai alors aux Chauces supérieurs.
— Il y a certainement plus de sept temples dans un territoire aussi important que la Chaucie du Bas, entre les grands fleuves du Weser et de l’Elbe ?
— Oh, oui, César, répondirent-ils. Il n’a pas mentionné le célèbre temple de Brème sur la rive orientale du Weser.
C’est ainsi que je fus en mesure d’écrire à Gabinius : « Tu trouveras l’Aigle, je pense, cachée quelque part dans le temple de l’Hercule Germain à Brème sur la rive orientale du Weser. Ne passe pas trop de temps au début à punir les Istaévons : marche en formation serrée droit à travers leur territoire et celui des Ansibariens, reconquiers l’Aigle et brûle, tue et pille sur le chemin du retour. »
Avant d’oublier, j’aimerais vous raconter une autre histoire de coupe d’or volée, qui a sa place aussi bien ici qu’ailleurs. J’invitai un soir à souper un certain nombre de chevaliers provinciaux, et, le croiriez-vous, l’un de ces gredins, un Marseillais, s’en alla en emportant la coupe à vin en or qui avait été placée devant lui. Je ne lui dis pas un seul mot, mais l’invitai de nouveau à souper le lendemain et cette fois ne lui donnai qu’une coupe en pierre. Il en fut, semble-t-il, terrifié, car le lendemain matin, la coupe en or me fut restituée avec un répugnant mot d’excuse expliquant qu’il avait pris la liberté d’emprunter la coupe pendant deux jours afin de faire copier par un orfèvre les ciselures dont elle était rehaussée et qu’il avait beaucoup admirées ; il désirait perpétuer le souvenir de l’honneur extraordinaire que je lui avais fait en buvant tous les jours dans une coupe en or ornée des mêmes motifs jusqu’à la fin de ses jours. En réponse je lui envoyai la coupe en pierre, lui demandant en échange la copie de celle en or comme souvenir de ce charmant incident.
Je fixai un jour du mois de mai pour le départ des expéditions de Galba et de Gabinius, augmentai leurs effectifs en enrôlant six régiments en France et en Italie, – laissant deux régiments pour tenir le Haut-Rhin et deux pour tenir le Bas-Rhin, – autorisai à chacun un maximum de pertes de deux mille hommes et leur donnai jusqu’au 1 er juillet pour achever leurs opérations et prendre le chemin du retour. L’objectif de Galba était une série de trois villes cattes, bâties du temps de la domination romaine, – Nuaesium, Gravionarium et Mélocavus – alignées parallèlement au Rhin à environ cent milles de Mayence à l’intérieur des terres.
Je me contenterai de signaler que les deux campagnes furent un succès total. Galba brûla cent cinquante villages fortifiés, détruisit des milliers d’hectares de récoltes, tua un grand nombre de Germains, armés ou désarmés, et avait opéré le sac des trois villes indiquées vers le milieu de juin. Il fit environ deux mille prisonniers des deux sexes, y compris des hommes et des femmes de haut rang, précieux otages garants de la soumission des Cattes. Il perdit douze cents hommes, tués ou hors de combat, dont quatre cents étaient romains, Gabinius avait la tâche la plus rude et l’accomplit en ne perdant que huit cents
Weitere Kostenlose Bücher