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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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cependant, j'appelai plus souvent à prendre place dans ma carrosse avec Fogacer et Saint-Martin, les Suisses gardant alors ma monture et la sienne. Nicolas fut si content d'être avec nous à l'abri de l'air aigre du matin que, bercé par le branle de la carrosse, <
    son sommeil le dormit
    >.
    Fogacer en profita pour me poser quelques questions auxquelles je répondis avec prudence avant de déclore le bec, tournant sept fois ma langue dans ma bouche. Car, d'une part, je voulais récompenser Fogacer pour l'aide qu'il apportait au cardinal et au roi en devenant le confesseur des rediseurs, mais d'autre part, sachant que mes réponses allaient être répétées par Fogacer au nonce apostolique, et par conséquent au pape, je pesais dans de fines balances ce qu'il était utile que Sa Sainteté apprit et ce qu'il valait mieux qu'elle ne s˚t pas
    - Je ne voudrais pas être indiscret, me dit Fogacer -formule qu'on emploie toujours quand on se propose de l'être -, mais je voudrais savoir pourquoi les deux reines ont été laissées à Lyon alors que Grenoble est fort belle ville avec de grandes et commodes demeures et o˘ elles ne pourraient, en aucune façon, être menacées, le thé‚tre de la guerre étant bien loin de leurs demeures.
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    - Je ne sais pas les raisons, dis-je, mais nous pouvons essayer de les deviner.
    - Devinons! dit Fogacer d'un ton enjoué. Plaise à vous de commencer, mon ami, étant plus haut que moi dans l'…tat.
    - La grand merci. Le plus haut dans l'…tat va donc essuyer les pl‚tres. Si les reines ont été laissées à Lyon, ce n'est s˚rement pas pour des raisons de sécurité.
    - Je conclus, dit Fogacer, que la raison en est politique.
    - Mais si elle est politique, continuai-je, elle ne concerne que la reinemère. Et ce n'est que pour cacher la manoeuvre qu'on a ajouté la reine.
    - Et en quoi consisterait la manoeuvre ? dit Fogacer en souriant de son sinueux sourire, les sourcils se relevant vers les tempes.
    - ¿ empêcher la reine-mère, s'il y a un Conseil àGrenoble, de s'élever furieusement en public en faveur de la paix à tout prix avec la sacro-sainte Espagne (gr‚ce à qui, un jour, les huguenots seront à jamais éradiqués).
    - Ce qui, dit Fogacer, si je vous ai bien entendu, e˚t été un régal pour les oreilles ennemies, ne serait-ce que pour celles de certaines ambassades qui feraient aussitôt de joyeux rapports à leurs maîtres sur la dissension au sein de la famille royale de France et la faiblesse qui en résulterait, àn'en pas douter, dans la poursuite de la guerre.
    - Cependant, dis-je, il faudra une sorte de Conseil pour décider avec le roi pour faire la guerre ou ne la faire point.
    - Mais ce ne sera pas le Grand Conseil, dit Fogacer, puisque la reine-mère est restée à Lyon ainsi que bon nombre de conseillers. On peut donc gager, poursuivit Fogacer, qu'à Grenoble ce sera un simple Conseil de guerre réunissant seulement les maréchaux de France et les maréchaux de camp qui, eux, sont si indignés par les conditions de paix " basses et honteuses "
    proposées par les Impériaux qu'ils voteront la guerre à l'unanimité.
    - On aura donc, dis-je, réussi à escamoter la reine-mère dans la délibération. Et comme e˚t dit mon père, ce sera là " un beau coup de moine
    ".
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    Le vote du Conseil de guerre qui se tint à Grenoble le dix juin fut, en effet, unanime. Il rejeta les propositions des Impériaux et décida d'occuper la Savoie, tant pour punir le duc régnant de sa félonie que pour prendre des gages et se fortifier contre une attaque ennemie. La conquête de la Savoie, qui fut rapide comme l'éclair - Chambéry, Rumilly et Annecy étant prises en deux semaines -, enchanta véritablement le roi.
    - Et pourquoi cela, Monsieur? Pourquoi Louis fut-il si enchanté de se saisir de ces villes qui ne lui appartenaient pas ?
    - qu'est cela ? Est-ce bien vous, belle lectrice, qui faites irruption dans mon récit sans crier gare ? Et l'interrompez sans la moindre vergogne ? Et qui pis est, en posant des questions accusatrices sur mon roi ?
    - Monsieur, vais-je vous demander pardon ? Est-ce qu'à défaut d'un sanglotant pardon, un petit regret suffirait à vous apazimer ? On dit que vous êtes à l'ordinaire fort indulgent àl'égard du gentil sesso, tant vous l'aimez.
    - Dois-je entendre, m'amie, que si vous exprimiez un petit regret, cela doulerait moins votre superbe qu'un sanglotant pardon ?
    - Assurément. Je tiens qu'à un gentilhomme une dame

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