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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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hôtesse, qui se nommait Madame de Monchat, 228
    présida notre table au souper et parut fort aise d'avoir à elle seule en son logis tant d'hommes à la fois, dont l'un, comble de bonheur, était chanoine, ce qui plaçait, si je puis dire, le remède à côté du mal, car si notre bonne dame de Monchat succombait au mitan de la nuit obscure à la tentation, elle pourrait, dès l'aurore, confesser sa faiblesse au chanoine Fogacer, et la conscience fraîchement lavée, commencer une nouvelle journée sans tache ni macule. La pauvrette, hélas, ne se doutait pas que des quatre hommes qui se trouvaient là, deux n'aimaient pas les femmes, et les deux autres qui les aimaient prou, avaient fait voeu d'être fidèles à leurs épouses.
    …tant las de ce long voyage, je me préparais à m'ococouler sur ma couche, derrière les courtines, tout au long d'une longuissime nuit. Mais il n'en fut rien, car à la pique du jour un garde du cardinal vint toquer à l'huis pour dire que Son …minence m'attendait sur le coup de huit heures en son logis, ayant besoin de mon truchement en italien. Morbleu! m'apensai-je en me tirant de ma couche tout en pestant contre qui vous savez, et o˘ diantre à cette heure est le comte de Sault qu'il faille que je le remplace au pied levé ! Et avec quelle mauvaise gr‚ce il se leva, ce pied, je vous le laisse, lecteur, à penser.
    Ce n'était guère dans la manière du cardinal de s'excuser pour avoir fait lever un duc et pair aux aurores. Néanmoins, il voulut bien m'expliquer que le comte de Sault, souffrant depuis Paris d'une molaire, s'était enfin décidé à la faire arracher à Lyon, son hôtesse lui ayant affirmé qu'elle connaissait en sa ville un barbier aussi renommé pour sa douceur que pour son adresse.
    Or, un truchement était, ces m‚tines, indispensable au cardinal, car il allait accueillir le légat du pape, Barberini, accompagné de son secrétaire Mazarini 1, lequel, poursuivit le cardinal, est " le plus beau génie et celui des deux qui entre le plus heureusement dans les négociations ".
    Mazarini,
    1. Mazarin.
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    il est vrai, gazouillait assez joliment le français, mais point du tout Barberini à qui Mazarini traduisait au fur et à mesure ce qui se disait entre le cardinal et lui.
    - Je voudrais, dit Richelieu, savoir exactement de vous ce que Mazarini dit en italien à Barberini, et ce sera là votre t‚che, mon cousin.
    - Il se pourrait, …minence, que je sois mieux à même de remplir cette t‚che si je savais au préalable ce dont il s'agit.
    Comme bien sait le lecteur, pas plus qu'à Louis on ne doit au cardinal poser questions, tant est qu'il faut prendre des détours infinis, quand ces dites questions vous paraissent nécessaires.
    - J'allais le préciser, dit Richelieu en marquant quelque humeur. Voici ce dont il est question. Le pape s'entremet entre les Espagnols et le roi de France afin d'éviter un affrontement sur le sol italien, lequel affrontement, penset-il, pourrait être fatal à ses …tats. Cette entremise, qui a pour but d'éviter la guerre entre les deux rois catholiques, n'est pas seulement évangélique, elle est aussi très habile. Elle permet au pape de ne prendre parti ni pour l'un ni pour l'autre des belligérants. Mais en réalité elle nous favorise, car du fait même qu'il y a négociation, le pape reconnaît que la présence des Français en Italie est tout aussi légitime que celle des Espagnols. Or, ce n'est assurément pas la position de Philippe IV d'Espagne qui a toujours considéré qu'il a occupé le Milanais de la façon la plus pieuse. De reste, ajouta Richelieu avec quelque dérision, n'avait-il pas toujours consulté au préalable ses théologiens pour savoir si le Seigneur permettait cette appropriation ?
    S'agissant d'une tractation et non d'une ambassade, l'entretien n'eut pas lieu en présence de la Cour, mais dans un petit salon, le roi étant seul assis, le cardinal debout à sa dextre, et moi à sa senestre, et faisant face tous deux au légat Barberini et à Giulio Mazarini.
    Franscesco Barberini était parent du pape Urbain VIII. Et selon une coutume que je trouve quelque peu étrange, mais qui est bien enracinée en Italie, le pape, dès qu'il fut élu,
    230
    commença par faire la fortune de sa famille. Il nomma cardinaux son frère Antonio et ses deux neveux Francesco et Antonio.
    Celui-ci, dédaignant la pourpre et le palais, se fit moine, et fut le seul de la famille - pape compris - qui véc˚t une vie

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