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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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peu, du moins en sa présence, car avec Catherine, qui est rieuse et enjouée, je tiens fort bien ma partie dans le ~i babil des courtines ".
    Observant que Sa Majesté, la nuque appuyée sur le coussin, gardait les yeux clos, j'en conclus qu'il dormait, ou faisait semblant, pour s'assurer de mon silence, tant est que je fermai à mon tour les paupières, et de prime, rêvai à mon père, à sa verte vieillesse si joliment dorée par le blond cheveu de Margot, à l'aimable et primesautier Miroul qui lui tenait compagnie, à Mariette qui lui faisait à merveille et le pot et le rôt, puis, passant de cette famille-là à cette familleci, j'entends ma Catherine et mon petit Emmanuel que j'allais revoir dans si peu de jours, ce peu luimême augmentant mon impatience d'atteindre Paris. De les imaginer tous deux, mère et fils, en mon hôtel des Bourbons, m'attendrézit 242

    au point de m'enfoncer peu à peu en des rêves éveillés qui devinrent par degrés des rêves endormis.
    - Eh quoi, Sioac ! dit Louis d'une voix mi-sérieuse, mirieuse, vous dormez ! Vous dormez en présence de votre roi ! quel damnable manquement à
    l'étiquette!
    - Ah, Sire ! dis-je en m'éveillant tout à plein, je vous demande mille pardons! Mais vous voyant les yeux clos, Sire, j'ai pensé que vous étiez ensommeillé, et par degrés insensibles, j'ai glissé moi aussi dans le sommeil...
    - Et vous avez bien de la chance, Sioac, dit Louis avec un grand soupir. Et du diantre si je n'aimerais pas être àvotre place ! Mais quelque effort que j'y fasse, je n'en peux mais. Le sommeil me fuit.
    - C'est que Votre Majesté se fait peut-être quelque tracassin au sujet de Mantoue.
    - Nullement! Mantoue n'est qu'un revers dans une guerre o˘ il y aura nécessairement, des deux côtés, des échecs et des succès. Nenni! Nenni! Ce n'est pas Mantoue qui me point, c'est ma guenille.
    - Votre guenille, Sire ?
    - Comment, Sioac ? Ne savez-vous pas que c'est ainsi que nos grands dévots appellent le corps de l'homme ? Ils affectent de le dépriser, parce qu'il est périssable.
    - Ma fé ! dis-je, si je suis guenille, je me trouve fort bien accommodé de l'être, tant que je ne suis ni navré, ni mal allant.
    - C'est là justement le point, Sioac. je p‚tis de maux de tête assez souvent, et ce jour d'hui ce n'est point le cas, mais je me sens néanmoins faible et comme étrange.
    - …trange, Sire ?
    - Bouvard m'a pris ce matin mon pouls, et m'a assuré que je n'avais pas de fièvre. je ne suis donc pas malade. D'autre part, je ne p‚tis de rien, ni de la tête, ni du gaster, ni des entrailles. Mais je ne suis pas bien allant non plus, et comme on dit: je ne me sens pas dans mon assiette.
    - Sire, c'est sans doute le branle de la carrosse et les mauvais gîtes o˘
    vous avez dormi. Mais dès que vous retrou-
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    verez votre belle chambre de l'archevêché de Lyon, ce mésaise, Sire, vous quittera et vous dormirez comme un ange.
    - Le ciel t'entende, Sioac !
    Louis me donna mon congé à l'étape, désirant sans doute se faire examiner par le docteur Bouvard, en raison de son " étrangeté ". Je regagnai alors ma carrosse o˘ je trouvai Saint-Martin endormi et Fogacer le regardant dormir d'un air attendrézi. Le chanoine me fit signe de ne point parler, ce que je fis volontiers, mon bec à bec avec Louis m'ayant laissé triste et songeux. Toutefois, le silence ne dura pas, SaintMartin se réveillant et Fogacer, soucieux de son éducation, entreprit aussitôt de lui décrire le palais archiépiscopal de Lyon.
    - Au début, dit-il, ce n'était qu'un grand cloître dans le quartier SaintJean. C'est seulement au xie siècle que Humbert ler " domum episcopalem cum turribus aedificavit ".

    - Et pourquoi des tours ? dis-je.
    - Parce qu'au xie siècle les bandes de mauvais garçons qui écumaient le pays s'attaquaient volontiers aux palais des archevêques pour piller l'or qu'ils pensaient y trouver.
    - Mais, dis-je, ils étaient, dès lors, excommuniés.
    - Peu leur chalait. Ces mécréants ne craignaient que la corde ou la roue.
    Et savez-vous que Richelieu plus tard consacra beaucoup de temps, de soin et de pécunes à ajouter deux vo˚tes à ce palais-ci, mais il n'a pu encore trouver les loisirs et les clicailles qu'il faudrait pour achever le gros oeuvre au bord de la Saône.
    - Le palais s'élève donc au bord de la rivière de Saône ? dit Saint-Martin d'un air joyeux.
    - Oui, dit Fogacer, et c'est ce qui lui donne une partie de sa beauté. En outre, il

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