Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
je connaissais à
    peine), le conseiller Bouthillier, Richelieu bien entendu, et seulement deux maréchaux, Schomberg et Créqui, tous mal réveillés et la face longue et triste. Le roi me parut p‚le, mais cependant résolu, et il demanda de prime aux maréchaux s'il était àleurs yeux possible de reconquérir Mantoue.
    - Sire, dit Créqui, il nous faudrait traverser le Milanais et affronter les Espagnols, puis entrer dans le Mantouan et affronter les Impériaux, à moins que les deux armées, apprenant notre approche, ne se réunissent pour nous écraser par le nombre.
    - Schomberg, qu'en êtes-vous apensé ?
    - L'entreprise, Sire, serait très périlleuse pour la raison qu'elle nous entraînerait beaucoup trop loin de nos bases.
    - Mon cousin ? dit Louis en se tournant vers le cardinal.
    - Sire, je pense, moi aussi, qu'il faut obéir à la géographie: Mantoue est beaucoup trop éloignée de nos frontières pour que nous courions le risque d'un combat douteux. ¿ mon sentiment, il faut traiter, et par là au moins gagner du temps. Il faudrait, en fait, deux négociations : l'une avec l'Espagne au sujet de Casal pour laquelle nous demanderons l'entremise du pape et de Mazarini, l'autre qui t‚cherait de régler sans intermédiaire notre différend avec l'Empereur.
    ¿ cet instant, je craignis fort d'être désigné pour l'ambassade d'Autriche en raison de ma connaissance de l'allemand, mais le cardinal avait sans doute prévu pour moi un autre emploi, car il demanda au père joseph et à
    Monsieur Brulard de Léon s'ils étaient consentants à prendre langue avec les Impériaux. Le mot <4 consentant " dans la bouche du roi ou du cardinal m'ébaudissait toujours et le lecteur sait bien pourquoi. Mais cette fois-ci, il fit plus que m'ébaudir. Il me soulagea.
    Le roi congédia alors tout son monde, mais demanda au cardinal et à moimême de demeurer, ce qui m'étonna fort, mais me parut de bon augure pour ma nouvelle mission.
    L'huis à peine reclos sur les partants, Richelieu, se tournant vers le roi, lui dit
    - Je n'ignore pas que Grenoble n'est pas si loin de Lyon, mais je suis béant que Monsieur de Marillac ait appris la chute de Mantoue presque aussi vite que nous, comme la lettre-missive que je reçois de lui ce jour me semble le prouver.

    - Et que dit-il de la chute de Mantoue ? dit le roi.
    - Je ne dirais pas qu'il en triomphe, ou qu'il s'en réjouit, mais visiblement ce grave revers de nos armées ne lui fait pas peine. Il m'écrit: " De ces mauvaises nouvelles nous devons en attendre de jour en jour beaucoup d'autres. "
    - quiconque prophétise des malheurs à autrui les souhaite en son for, dit Louis. Ce fol aime tant son Espagne qu'il la voudrait victorieuse partout, même de son pays.
    - Je pense aussi, dit Richelieu, que la cabale va tirer grand profit de cette victoire de l'ennemi, et que n'osant s'en prendre à vous, Sire, elle va crier haro sur le baudet. Et le baudet c'est moi. Sire, il m'est venu en pensée qu'il serait peut-être bon que vous regagniez Lyon pour calmer un peu les cabaleurs, afin qu'on ne m'accuse pas au surplus d'avoir escompté
    votre mort en vous retenant ès lieux infestés par la peste.
    - J'y vais penser, dit Louis, avec l'air clos et cousu qu'il 240
    I,
    241
    prenait toujours quand il ne voulait pas qu'on p˚t penser qu'il cédait en tout à Richelieu.
    - Sire, dit le cardinal, il sera fait selon le désir de Votre Majesté, et si Votre Majesté se décide pour le départir, j'aimerais que le duc d'Orbieu parte aussi, ne serait-ce que pour reprendre langue avec le chanoine Fogacer et ses
    pénitents *. Dieu sait à quel point, en ces troubles jours, nous avons besoin d'être tenus au fait des murmures et des machinations
    ¿ la parfin, comme je l'avais prévu, le roi accepta et le retour et que je revinsse avec lui de Grenoble à Lyon, voyage qui est court sur la carte, mais qui fut long sur le chemin, par une chaleur insufférable. Pour comble de mésaise, nous f˚mes cantonnés aux étapes dans des logis médiocres, oyant autour de nous des rumeurs de peste, laquelle, semblait-il, voyageait vers le Nord presque aussi vite que nous.
    je fis une partie du voyage dans ma carrosse, mais Louis m'invita par deux fois dans la sienne : une première fois avec Monsieur de Guron et le Révérend docteur médecin Bouvard, et une seconde fois, seul. Bouvard étant fort disert et Guron, grand bavard, Louis ne me voulut avec lui, je gage, que parce qu'il savait que je jaserais

Weitere Kostenlose Bücher