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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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doit toujours tenir la dragée haute, et d'autant plus que la dame est plus évidemment dans son tort.
    - Est-ce là " le petit regret
    > ?
    - Oui, Monsieur.
    - Il suffira, m'amie. quand le pécheur a votre apparence, je ne saurais vouloir sa mort.
    - Ah ! Voilà qui est fort galant !
    - Et qui mieux est, voici la réponse à votre question. Le roi s'empare de ces villes, mais à titre de gages contre les Espagnols et point pour les garder. La guerre finie, il les
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    rendra à leur possesseur, comme son père fit en 1601, quand le duc de Savoie ayant eu l'impudence d'assiéger Grenoble, le Vert Galant envahit la Savoie, et la paix revenue, rendit au duc de Savoie ses villes en ne retenant pour soi que de petits lopins pour arrondir son royaume.
    - Et Louis en fera autant ?
    - Oui-da ! ¿ l'exception de Pignerol, il rendra tout, non au pauvre duc qui meshui est quasiment au grabat, mais àson fils et héritier le prince de Piémont, lequel, comme vous savez, a épousé une oiselle douce, charmante et pépillante
    Christine de France. M'amie, voudriez-vous que Louis arrache des plumes à
    son beau-frère ?
    - Un mot encore, de gr‚ce, Monsieur. Pourquoi Louis fut-il au comble de la joie en mettant les pieds sur les traces de son père quand il conquit la Savoie ?
    - Louis naquit l'année même de cette conquête en 1601, et son enfance fut bercée par les récits épiques que lui en fit son entourage. Or, vous le savez, Madame, étant privé dès le berceau de toute affection maternelle, Louis n'eut qu'une seule amour en ses maillots et enfances : son père, lequel fut à la fois son idole et son modèle. C'est ainsi que Louis devint, lui aussi, un roi-soldat, sans aucun esprit de rapines et de conquêtes, mais uniquement pour défendre son droit et celui de ses alliés. Savez-vous qu'en son enfance, Louis voulait qu'on l'appel‚t Louis le Juste. C'était, à
    bien voir, une sorte de serment, et il le tint. Cependant, Madame, j'aimerais vous faire remarquer que la justice a deux fonctions : elle garantit l'intégrité des biens, mais aussi elle punit les méchants qui ne la respectent pas.
    - Et le roi va-t-il à la parfin punir les méchants ?
    - Il les punira, soyez-en bien assurée, m'amie, le moment venu, implacablement.
    CHAPITRE X
    Le dix-huit juillet 1630 - date exécrée par Louis - fut le tournant de la campagne d'Italie. Jusque-là, les armes du roi avaient volé de victoire en victoire. Elles avaient pris Pignerol, conquis la Savoie, défait et dispersé l'armée du duc àVeillane, et enfin conservé Casal, défendue par Toiras.
    Mais cette campagne-là n'était pas le seul enjeu de l'expédition. Il y en avait un autre tout aussi important. Pendant que les Espagnols assiégeaient Casal, les Impériaux, venus d'Allemagne par la Valteline, encerclaient Mantoue, qui avait échu, comme on sait, par droit de succession à un prince français, le duc de Nevers. L'Empereur contestait cette succession et réclamait le duché pour un de ses proches.
    L'Empereur voulait, en fait, bien davantage. Les Habsbourg d'Espagne occupant déjà le Milanais, les Habsbourg d'Autriche voulaient se saisir du Mantouan et, de proche en proche, grignoter toute l'Italie du Nord: grignotement benoît et dévot, béni et recommandé par les théologiens espagnols, et première étape de la monarchie universelle promise à
    l'Espagne par le prophète Daniel dans la Bible...
    Le duc de Nevers était assurément un seigneur de haut rang, mais le rang ne remplace ni le vouloir, ni le savoir. Sa défense de Mantoue fut faible et endormie, et ce peu de vigilance permit aux Impériaux de se saisir de la ville par surprise. Le dix-huit juillet 1630, le duc de Nevers eut tout 239
    juste le temps de se réfugier à Ferrare o˘, j'imagine, il se rendormit aussitôt. quant à la ville, elle fut affreusement pillée.
    Rien ne voyage plus vite qu'une mauvaise nouvelle, et chose étrange, elle ne vient jamais seule. ¿ peine avions-nous appris dans la désolation la chute de Mantoue, que des chevaucheurs rapides, dépêchés par nos maréchaux, nous annoncèrent que la peste était apparue dans quelques cantonnements, et que déjà un de nos régiments avait été décimé.
    Le roi convoqua sans tant languir un Conseil de guerre restreint, car plusieurs maréchaux étaient sur le terrain avec leurs troupes. J'y fus appelé quasiment à la pique du jour et là, outre le roi et le cardinal, je trouvai le père joseph, Monsieur Brulard de Léon (que

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