Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
? Il m'est impossible de l'acertainer, et quand on en appelle à la mémoire de ceux qui se trouvaient là, les uns disent le vingt et un et les autres 246
    le vingt-deux. Je sais bien que la date est un détail futile, quand il s'agit d'un événement de si grande conséquence qu'il faillit changer, et changer pour le pire, les destinées du royaume. Néanmoins, je trouve quelque peu déquiétant que l'Histoire ne puisse même pas préciser une date aussi mémorable.

    La reine-mère, avant le retour de Louis à Lyon, logeait àl'archevêché, mais au retour du roi, soit qu'elle trouv‚t Lyon trop étouffant même en septembre, soit qu'elle préfér‚t loger assez loin du roi afin de recevoir à
    son aise des personnes hostiles à sa politique, elle s'était transportée de l'autre côté
    de la Saône et demeurait à l'abbaye d'Ainay, site plus champêtre, en effet, o˘ elle convia son fils à tenir un Grand Conseil à la date que je n'ai pas, plus haut, pu préciser.
    Rien ne se passa en ce Conseil qui n'e˚t pu être prédit d'avance. Avec véhémence, la reine-mère et Marillac plaidèrent pour la paix à n'importe quel prix. Le reste du Conseil, trouvant déshonorant de tout abandonner, voulait poursuivre la lutte. Et le roi ayant opiné comme chacun s'y attendait en ce sens, Marillac et la reine sortirent une fois de plus fort déconfits de cette confrontation.
    Or, à peine f˚mes-nous hors de l'abbaye d'Ainay que la maladie du roi commença: le roi chancela, posa sa main
    pour rétablir son équilibre sur l'épaule de Richelieu, se plaignit d'une voix étouffée d'un subit mal de tête et d'être parcouru par des frissons.
    Richelieu le fit entrer dans sa carrosse, et ne voulant pas perdre du temps à faire le détour jusqu'au pont, lui fit traverser la Saône en barque, ce qui l'amena en face du palais épiscopal. Nous le soutinmes de dextre et de senestre pour monter les degrés, et à peine dans sa chambre, on appela ses médecins.
    Mais déjà les coquebins, les pimpésouées et les clabaudeurs de cour semaient partout la panique dans le palais en
    criant aux quatre vents que le roi avait attrapé la peste et que la peste s'allait répandre dans le palais et nous tuerait tous et toutes.
    Ayant déshabillé Louis avec l'aide de Beringhen, le 247
    docteur Bouvard vit aussitôt qu'il n'en était rien, et sur la prière instante de Richelieu, alla sur le seuil de l'huis rassurer les courtisans dont certains disaient déjà qu'ils allaient, pour éviter la contagion, faire leurs bagages et vider les lieux. J'accompagnai Bouvard afin de faire taire les plaintes, les sanglots et les hurlades de ces coquefredouilles.
    ¿ notre vue, ils se reculèrent avec autant d'horreur que si nous fussions nous-mêmes pesteux. Je criai d'une voix de stentor que le roi n'avait pas la peste, et les priai ensuite de faire silence afin que le docteur Bouvard p˚t se faire ouÔr. Et tel est l'ascendant d'une voix forte sur une foule aux abois qu'aussitôt le silence se fit.
    - Il est absolument certain que le roi n'a pas la peste, dit Bouvard, pour la raison qu'il ne présente aucun des signes qui caractérisent cette intempérie. Il n'a pas le bubon, il n'a pas les charbons et il n'a pas le pourpre.
    Toutefois, la foule des courtisans ne fut qu'à demi rassurée par ces mots qu'elle ne connaissait pas, et je conseillai àBouvard d'expliquer en langue vulgaire les termes dont il s'était servi, ce à quoi il ne consentit que de très mauvaise gr‚ce, tant nos médecins aiment entourer de mystère le savoir qu'ils ont acquis. u qui pis est, me contait mon père, quand un médecin a trouvé un remède efficace contre une intempérie, il se garde bien de le communiquer à ses confrères, afin d'en garder pour lui seul la gloire et le profit. "
    - Voici, dit Bouvard, à quoi on reconnaît qu'un homme est atteint de la peste : primo, par un gros aposthume qui lui tend la peau de l'aine droite et qu'on appelle le bubon. Secundo, par des pustules noires sur le ventre qu'on appelle les charbons. Et tertio, par de petits boutons de couleurs variées sur la poitrine qu'on appelle le pourpre. Sa Majesté ne présente aucun de ces symptômes. Adonc, elle n'a pas la peste.
    Je repris alors la parole pour recommander d'un ton ferme aux personnes présentes de se retirer chacun dans sa chacunière et sans noise ni bruit afin que le roi p˚t reposer en
    248
    paix. Là-dessus, une douzaine d'archers, commandés par le comte de Guiche,

Weitere Kostenlose Bücher