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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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un insignifiant détail du traité, insinuant que sur ce détail Richelieu avait menti. Cette petite guérilla ne servit à rien. Le traité
    fut rejeté et ordre fut donné aux maréchaux de poursuivre la guerre en Italie.
    Richelieu partit fin octobre pour Paris, je l'y suivis, mais au lieu de prendre le bateau sur la rivière de Loire avec la reine-mère et Richelieu, tous deux s'entendant à merveille, àtout le moins en apparence, je poursuivis en carrosse et arrivai en Paris le cinq novembre, et touchai terre à la parfin à mon hôtel des Bourbons, sur le coup de midi.
    ¿ mon entrant, il se fit naturellement quelque bruit et je fus reçu sur le degré, non point par Catherine comme je m'y attendais, mais par Henriette, laquelle me parla, mais en n'envisageant que Nicolas 257
    - Monseigneur, dit-elle, ne vous alarmez pas. Madame la duchesse est au lit.
    - Serait-elle mal allante ? dis-je fort déquiété.
    - Nenni! Nenni! Dolente tout au plus. Et la preuve en est qu'elle s'est baignée et pimplochée. Depuis votre lettre de Roanne, elle vous attend tous les jours, à toute heure, et àpart les moments qu'elle passe avec Emmanuel, elle se réfugie sous son baldaquin, les courtines tirées. Ce n'est pas là
    une maladie, Monseigneur, poursuivit Henriette avec un petit sourire. Ou alors, si c'en est une, j'en p‚tis tout autant.
    Ayant dit, Henriette se jeta dans les bras de Nicolas avec fougue et l'étreignit, tandis que je les dépassais et montais le degré en courant.
    - Monsieur, dit Catherine en écartant à mon entrant les courtines du baldaquin, vous êtes un méchant de me déserter si longtemps ! Et n'allez pas me parler de vos devoirs ! Votre - premier devoir, c'est moi ! Toutes ces guerres et intrigues ne sont que billevesées ! Votre place est ici, avec moi, défaites-vous, je vous prie, sans tant languir.
    - Mais, m'amie, dis-je, je ne suis ni lavé, ni rasé.
    - Mieux encore, je vous aurai à l'état de nature, comme le sauvage que vous êtes, la Dieu merci, au fond de votre coeur. M'avez-vous trompée, dites-moi ?
    - Madame, je vous ai été d'un bout à l'autre de ce voyage adamantinement fidèle.
    - Le jurez-vous ?
    - je le jure par tous les saints, sur votre tête, sur la mienne, sur celle d'Emmanuel, de Nicolas, d'Henriette, et de tout le domestique.
    - Vous êtes un grand fol, Monsieur, et vous lambinez àvous dévêtir comme le dernier des niquedouilles. Ne pouvezvous sauter hors de votre vêture au lieu de la délacer ? Ditesmoi, m'avez-vous été fidèle ?
    - Madame, je viens de le dire et je le répète: adamantinement.

    - Et vous me le jurez ?
    - De nouveau, je vous le jure.
    258
    - Savez-vous que si vous osez me mentir, je vous enfoncerai mes griffes dans le coeur !
    - Madame, seriez-vous donc en mon absence panthère devenue ? Et vais-je hasarder ma vie à vous mignoter ?
    - Et vous, Monsieur, seriez-vous assez couard devenu pour n'oser m'approcher ?
    - Fi donc ! Fi donc ! dis-je, je vous le veux prouver, Madame, dans la minute.
    Sur quoi, je la rejoignis derrière les courtines, et les minutes qui suivirent furent assurément perdues pour toute conversation sérieuse.
    Nos tumultes apaisés, je voulus voir Emmanuel, lequel, àce que j'avais ouÔ, couchait dans le cabinet adjoint à notre chambre. Honorée était avec lui, toujours aussi bien dotée par la nature, et à mon entrant elle me fit une profonde révérence, moitié par respect et moitié, je pense, pour que je m'assurasse que ses globes prodigieux étaient toujours là. Ce que je vis, et ce qui fit que Catherine griffa ma main en tapinois en me disant sotto voce d'une voix sifflante : e Seriezvous ému par ces énormités ? "
    < que nenni! " dis-je, faisant le chattemite, et dans mes bras je pris Emmanuel, à qui mon visage, qu'il avait d˚ oublier pendant ma longue absence, ne parut pas toutefois déplaire, car aussitôt, avançant sa main potelée, il me tira la moustache. <
    quelle famille ai-je là ! dis-je en riant: l'un me tire la moustache, l'autre me griffe la main! "
    Mais cette longue sieste - qu'elle f˚t, comme e˚t dit Perrette, bougeante ou paressante - ne pouvait pas s'arrêter là, et recouchant Emmanuel, et remerciant Honorée sans la regarder plus bas que le menton, je regagnai avec Catherine notre lit, notre baldaquin et nos courtines, comme s'ils eussent été un miraculeux bateau à l'abri de toutes les tempêtes de l'océan, mais non des nôtres.
    - Mais que vois-je ? dit Catherine, tandis que rompu,

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