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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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mille fois raison, mais vous entendez bien que je ne pourrai accéder à vos voeux tant que la paix ne sera pas signée avec l'Espagne. "
    La petite reine prend pour argent comptant cette réponse dilatoire. Elle court la rapporter triomphalement à la reinemère, à qui ce triomphe déplaît fort, car s'il y a quelqu'un en ce monde à qui le roi doit céder, c'est à
    sa mère, et à nulle autre. Elle décide donc, de tout son poids, d'emporter le morceau.
    Cette seconde démarche horrifie le roi. S'il n'estime guère la reine Anne, en revanche, il éprouve pour elle un certain attachement. Bien qu'il y ait eu au début quelques difficultés à " parfaire son mariage ", il a depuis triomphé de ces réticences. Le docteur Bouvard, à qui la chambrière de nuit rapporte chaque matin ce qui s'est passé entre les deux époux, tient un compte rigoureux des rapports amoureux du
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    couple royal. Il remarqua avec bon sens que si le roi ne faisait l'amour avec son épouse qu'une fois par nuit, cela voulait dire qu'il remplissait son devoir monarchique et désirait un dauphin. Mais s'il le faisait deux ou trois fois, cela signifiait de toute évidence qu'il y prenait plaisir. Le docteur Bouvard tordait ainsi le cou par avance à toutes les légendes qui allaient courir sur la frigidité de Louis, tant il est vrai que la malignité et la médisance ont toujours la vie plus dure que la simple vérité.
    Avant même que la reine-mère s'assoie majestueusement, non pas au chevet, mais sur une chaire à bras à côté du lit, Louis sait ce qu'elle va lui demander, en quels termes, et s'il lui dit non, avec quelles hurlades elle accueillera ce refus. Aussitôt, Louis prend les devants avec l'humilité qui convient à un bon fils en présence d'une mère vénérée. Il sait, dit-il, ce qu'elle va lui demander et il accède à sa requête bien volontiers. Sa décision est prise. Mais l'exécution sera quelque peu retardée car, bien entendu, il ne peut rien faire avant son retour à Paris...
    Autre réponse dilatoire, et le seul fait qu'il y en ait deux, l'une pour Anne et l'autre pour elle-même, devrait mettre àla reine-mère puce au poitrail. Mais la finezza n'est pas son fort. Elle exulte : elle est venue, elle l'a vu, elle a vaincu. Cependant, le roi lui ayant fait promettre le secret, elle ne peut pas proclamer tout de gob sa victoire autant qu'elle e˚t voulu, tant qu'il n'aura pas regagné le Louvre.
    Louis était si impatient en effet de retourner en Paris -o˘ il pensait qu'au bon air de Versailles il se remettrait tout àfait - qu'il décida de départir sans la Cour, ni les reines, ni Richelieu. Cependant, ayant reçu à
    Roanne le traité de paix que le père joseph et Brulard de Léon avaient signé avec l'Empereur à Ratisbonne, il en fut fort indigné, et le dépêcha par courrier rapide à Richelieu avec ordre, quand il arriverait à Roanne, de réunir un Grand Conseil sous la présidence de la reine-mère à seule fin de discuter du traité et de le rejeter.
    quand Richelieu lut à son tour ledit traité, il jeta feu et flammes : ce n'était pas un traité, mais une capitulation!
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    Nous rendions tout : Pignerol, Suse, Casal, et l'Empereur, lui, ne rendait rien, et surtout pas Mantoue qu'il venait de conquérir. Nous abandonnions en fait nos alliés italiens et par cette trahison la France devenait l'alliée de l'Empereur, sinon même sa vassale.
    Richelieu ne sut que plus tard ce qui s'était passé dans l'esprit de nos envoyés. Ayant appris à Ratisbonne que Louis étant mourant, ils en avaient conclu que le cardinal ne tarderait pas à périr lui aussi, et que dans le chaos qui en résulterait, Gaston et la reine ayant si peu le sens des grandes affaires, il valait mieux faire la paix avec l'Empereur àquelque prix que ce f˚t.
    quand je sus qu'on allait débattre à Roanne, en l'absence du roi, et sous la présidence de la reine-mère, j'augurai du pire, mais la reine-mère, qui croyait en sa pauvre jugeote qu'à peine Richelieu revenu à Paris il serait par Louis renvoyé, jugea inutile de combattre le roi sur ce terrain, et d'autant plus que l'unanimité du Conseil regardait ledit traité comme inf

    ‚me et déshonorant. Marillac fut donc bien le seul à prendre parti pour lui. Depuis la guérison du roi, il vivait de sombres jours et avait vu s'éloigner de lui les deux grands desseins de sa vie : la conquête du pouvoir et l'éradication de l'hérésie. Aigre et rageur, il attaqua Richelieu sur

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