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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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redoutaient l'un et l'autre les Espagnols et leur insatiable appétit de conquêtes.
    quand j'eus terminé mon récit, Fogacer me dit
    - Mon cher duc, trouvez-vous bon de répondre àquelques questions ? Mais à y réfléchir plus outre, ajouta-t-il, je ne sais si je ne devrais pas vous appeler " Monseigneur ".
    - Vous vous raillez, je crois. Vais-je vous appeler, àchaque mot, Révérend docteur médecin chanoine Fogacer ? N'êtes-vous pas une sorte de père pour moi ?
    - La grand merci, mon fils, dit Fogacer avec son lent et sinueux sourire.
    Voici donc ma question. En votre opinion, est-ce vraiment sans arrière-pensée que Louis choisit le ch‚teau de Compiègne pour respirer l'air des champs ?
    " Outre qu'il aimait de grande amour Versailles et SaintGermain, le ch‚teau de Compiègne se trouvait resserré dans les murailles de la ville, il était au surplus incommode et passablement délabré. Il comptait même si peu de chambres convenables que la Cour s'y trouverait à l'étroit et que pourraient à peine s'y loger, comme il convient, les personnes royales, les ambassadeurs étrangers et les secrétaires d'…tat.
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    - Pourquoi Compiègne, en effet, mon cher Fogacer, alors qu'il y a des résidences plus belles et plus proches ? Plus d'un des présents, j'imagine, se posèrent la question. Mais par malheur, l'esprit de la reine était si gourd que cette anomalie ne lui mit pas puce au poitrail. Elle ne pressentit rien. Elle ne s'alarma pas. Et c'est pitié, car si elle s'était douté que son exil f˚t si proche, se peut qu'elle e˚t mis alors un peu d'eau dans son aigre vin. Encore que j'en doute. La pauvre reine avait, en effet, l'esprit si puéril qu'elle pensait qu'en s'entêtant dans un entêtement, elle ne pouvait faillir de gagner... Tant est qu'à peine arrivée à Compiègne, elle se montra plus que jamais escalabreuse et rebelute. Elle clama àtous échos que pas plus à Compiègne qu'à Paris elle ne siégerait au Conseil du roi, si elle devait y rencontrer Richelieu.
    Notez alors, cher Fogacer, avec quelle application le roi multiplie les émissaires qu'il dépêche à la reine-mère pour la décider à assister au Conseil. Il lui envoie de prime Ch‚teauneuf, le nouveau garde des sceaux.
    Mais à peine le malheureux déclôt-il la bouche, que la reine-mère hurle : < La mia riposta è no 1 ! " Louis lui dépêche alors son propre favori le docteur Vautier, intermédiaire qui le rago˚te peu, mais à lui aussi elle répond: < Certamente no ! " Le roi alors, se ramentevant qu'elle a un faible pour les maréchaux, lui envoie Schomberg, mais la hurlade devient plus péremptoire encore : < No, no ! No ! Foi no 2 ! " Le roi lui délègue enfin son propre confesseur, à qui elle répond avec hauteur: " Il mio no è
    molto categorico 3 ! " On lui dépêche enfin le comte de Guiche à qui elle dit, ivre de fureur et pour une fois en français : "qu'on ne me harcèle plus avec toutes ces ambassades ! Pour m'amener au Conseil, il faudrait me traîner par les cheveux! "
    1. Ma réponse est non (ital.).
    2. Non, non, et non! (ital.).
    3. Non, non est tout à fait catégorique (ital.).
    - Vous êtes d'évidence apensé, mon cher duc, dit Fogacer, que Louis a envoyé, coup sur coup, toutes ces ambassades, non pas parce qu'il espérait faire revenir la reine sur son refus, il la connaît trop pour nourrir un tel espoir, mais parce qu'il voulait montrer aux ambassadeurs et aux ministres que la reine était, et serait, à jamais irréconciliable. Je pense, en effet, qu'il voulait faire éclater aux yeux de tous que la reine, en paralysant l'appareil d'…tat, rendait nécessaire la mesure qu'il allait prendre à son encontre, à savoir l'enfermement à Compiègne.
    " C'est donc, poursuivit Fogacer, que la séance du Conseil du roi, qui à
    Compiègne décida dudit enfermement de la reine-mère, ne fut tenue que pour donner plus de poids et de légitimité à une décision déjà prise ?
    - J'en suis en mon for bien persuadé, mon cher Fogacer.
    Là-dessus, Fogacer me parut très satisfait de sa propre sagacité et à ce que je suppose pour s'en féliciter lui-même, il but une telle lampée de mon vin de Bourgogne qu'il finit le flacon. Après quoi il reprit
    - La grand merci, mon fils, je me sens dès lors très encouragé à quérir de vous un récit de cette fameuse et peu secrète séance du Conseil o˘ l'on dit que Richelieu, par son habileté et son talent, fut du tout émerveillable.
    - Vous avez raison

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