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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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exigences. Messieurs, vous voudrez bien convenir que continuer dans cette voie serait ruiner le Trésor de la Bastille.
    " La deuxième solution serait de s'accorder avec la reinemère. L'ayant servie jadis avec zèle, et lui étant fort reconnaissant des bienfaits dont elle m'a comblé, je souhaiterais
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    de tout coeur cette solution. Mais, hélas, elle est du tout impossible. La reine-mère voudrait que je sois à elle, et non au roi, que je fasse sa politique, et non celle du roi. En un mot, elle voudrait régner et décider de tout. La seule façon de la satisfaire serait de lui remettre dans la main le timon de l'…tat. Il va sans dire que ce serait là une abdication et il va sans dire aussi que le roi ne saurait, f˚t-ce même en rêve, y consentir.
    " La troisième solution serait que je me retire des affaires. Je préfère et propose cette solution. Cependant, comme je n'ignore pas que l'on ne s'attaque à moi que parce qu'on n'ose pas s'attaquer au roi, je prévois que moi parti, on s'en prendra à son autorité et à sa politique par des assauts encore plus sournois et plus répétés. Si vous permettez ici une métaphore agreste, je poserai la question suivante
    e quelques chiens ôtés de la bergerie, n'attaquerait-on point le troupeau, et ensuite le pasteur ? "
    " La quatrième possibilité est de ruiner entièrement la cabale. Mais comme elle n'a sa source, sa force et son appui qu'en la reine-mère, je ne vois d'autre ressource que d'éloigner la reine-mère de la Cour. Toutefois, c'est là une mesure si délicate que je m'abstiendrai de la proposer. Mais si le roi et le Conseil s'y rallient, je ne laisserai pas de m'incliner devant cette décision, tout en persistant dans mon désir de retraite.
    Richelieu salua alors le Conseil de la tête, puis salua profondément le roi et recula encore de trois pas comme s'il voulait, par modestie, se fondre dans le décor.
    Comme c'était la quatrième fois que Richelieu offrait sa démission -
    laquelle, quatre fois, avait été catégoriquement refusée par le roi - les conseillers l'écartèrent, eux aussi, en un tournemain. Puis, marchant sur les neufs avec une délicatesse infinie, ils opinèrent en faveur de l'éloignement de la reine-mère, tout en protestant de leur profond attachement àsa personne royale et en faisant remarquer que s'agissant de la mère du souverain, c'était au roi, et au roi seul, qu'il appartenait en tout état de cause d'en décider.
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    Le roi, prenant alors la parole, constata que les conseillers avaient unanimement accepté la mesure proposée par le cardinal au sujet de la reine-mère. <
    quant à moi, ajouta Louis sobrement, je la crois bonne et je me propose de la mettre promptement à exécution. "
    L'adverbe     Il fit venir, tambour battant, à Compiègne, huit compagnies de gardes françaises, cinquante chevaulégers, cinquante gendarmes, et le vingt-trois février 1631, àla pique du jour, il prévint la reine, la Cour, les ministres et les ambassadeurs de se préparer sans tant languir au département. Et tout ce monde, à grand bruit et dans le plus grand .désordre, décampa sans que, sur l'ordre du roi, la reine-mère f˚t prévenue.
    Elle le fut, néanmoins, au dernier moment par la reine qui, une fois de plus, désobéit aux instructions du roi. Mais c'était déjà trop tard. La reine-mère était grande et grasse dormeuse. Il lui fallait du temps pour se réveiller. Tant est que maugré le tohu-va-bohu du départ, elle avait les yeux à peine déclos et les mérangeoises peu désembrumées, quand le maréchal d'Estrées et La Ville-aux-Clercs demandèrent à la voir. Elle les reçut alors sans le moindre souci du décorum, couchée, déchevelée, dépimplochée.
    Le lecteur se ramentoit que c'est ainsi qu'elle parlait à son capitaine aux gardes quand au Louvre, étendue, dépoitraillée à cause de la chaleur, sur le tapis, elle le recevait pour lui donner ses ordres. Toutefois, je ne voudrais pas que le lecteur se méprenne. La reine-mère n'eut jamais d'amant. Son attitude dévergognée était dédain et hauteur, et rien d'autre.
    - M'ami, me dit Catherine quand je lui fis le récit de cette entrevue, pourquoi fallait-il qu'il y e˚t deux personnages, et non pas un seul, pour annoncer à la reine-mère
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    qu'elle allait demeurer, elle, à Compiègne, loin de Paris et de la Cour ?
    - Je dirais que La Ville-aux-Clercs représentait le