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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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nos moutons, Monsieur, il me semble qu'après ma mort, si l'on br˚le mon corps, peu me chaudra.
    - Mais Madame, si on le br˚le, il ne sera pas enterré en terre chrétienne et ne pourra donc, le moment venu, ressusciter et jouir au paradis des félicités éternelles.
    - Sans doute, mais voulez-vous me dire, Monsieur, pourquoi cette expression
    # félicités éternelles", que nos prédicateurs emploient si souvent, me laisse toujours un peu froide ?
    - Froide ? Comment cela?
    - J'entends bien ce que je perds en perdant mon corps, mais il faudrait plus de lumières que je n'en ai pour imaginer ce que j'y vais gagner.
    - Madame, ce n'est pas ainsi qu'on nous l'enseigne. Il me semble que votre propos sent un peu l'hérésie, et que vous devriez en parler à votre confesseur.
    321
    Son frère puîné défait sans avoir combattu, Louis s'en revint à Paris et le cardinal l'y ayant déjà précédé, Sa Majesté voulut bien me prendre dans sa carrosse. Peu y gagnai-je d'ailleurs, car pendant tout le voyage il me demanda de bien vouloir être son secrétaire et me dicta une série de noms propres dont je parlerai plus loin.
    Louis était à tous égards un prince fort rigoureux, observant lui-même scrupuleusement les règles qu'il avait édictées, et tenant fermement la main à ce qu'elles fussent respectées par ses sujets. Raison pour laquelle, ayant fait enregistrer par le Parlement de Bourgogne la déclaration de lèse-majesté au premier chef concernant les ducs félons qui s'étaient enrôlés avec tant de légèreté sous la bannière, ellemême bien légère, de Gaston, il voulut que le Parlement de Paris, étant le premier Parlement de France, l'enregistr‚t aussi et lui fit tenir ladite déclaration dès son arrivée, par La Ville-aux-Clercs.
    ¿ sa très grande surprise, stupeur, et fureur, < le Parlement de Paris refusa l'enregistrement ". Les colères de Louis, lecteur, ne ressemblaient en rien à celles de sa mère, et ne comportaient ni hurlades ni gesticulations. Elles étaient froides, contenues et s'exprimaient en peu de mots. Il ordonna au Parlement de se rendre en corps, et à pied, au Louvre, afin de lui remettre, après l'avoir retirée du greffe, la feuille enregistrant le refus d'enregistrer la déclaration royale.
    Ce qui fut fait, à la grande liesse du peuple de Paris qui vit processionner le long des rues ces graves magistrats en robe longue, s'avançant sous une petite pluie fine. ¿ chaque coin de rue, les bons becs de Paris ne laissaient pas de leur demander si, faute de pécunes, ils avaient vendu leurs carrosses... On introduisit enfin les parlementaires dans la grande salle du Louvre o˘ les courtisans, à la vue de nos chats fourrés trempés de pluie et la crête fort rabattue, ne laissèrent pas de les dauber aussi à leur tour, les lardant àmi-voix de mille pointilles.
    On les fit attendre une bonne heure, puis le roi apparut, et 322
    sans un mot d'accueil, leur rappela que le Parlement de Paris avait deux fonctions : celle de juger les causes civiles en appel et celle d'enregistrer les actes royaux. Mais le Parlement outrepassait fort abusivement ses droits en prétendant juger du contenu desdits actes royaux.
    Il demanda alors au président, non sans quelque rudesse, de lui remettre "
    la feuille du refus ", comme on l'appelait au Louvre pour faire court. Le roi la lut, puis la déchira en quatre et remit les morceaux à Beringhen en lui commandant de les br˚ler. Après quoi, d'une voix brève, il renvoya les parlementaires àleurs travaux.
    J'observai toutefois que nos parlementaires n'avaient pas l'air, en la circonstance, aussi penauds que je m'y fusse attendu. Je m'en ouvris à
    Fogacer qui me dit
    - Pourquoi voulez-vous qu'ils le soient ? Ils n'ont aucune raison de l'être. Nos gros matous, bien au contraire, ont réussi un beau coup de moine. Ils se sont attiré les bonnes gr‚ces du futur roi de France en refusant d'enregistrer la déclaration de lèse-majesté contre ses acolytes.
    Après quoi, ils ont retrouvé la faveur du roi régnant, en acceptant sans rogne ni grogne de l'enregistrer. Les voilà donc, des deux côtés, bien gardés à carreau.

    - Et que pensez-vous des horoscopes qui pullulent et prophétisent tous la mort du roi à la fin du mois d'ao˚t, et d'autres, plus optimistes, à la fin du mois d'octobre ?
    - De prime, mon cher duc, l'horoscopie est condamnée par notre Sainte …
    glise comme étant pratique hérétique, car nul ne sait l'avenir, hors

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