Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
Le roi m'a ordonné de le venir trouver en Paris sans retard, et je ne sais s'il est prudent de me rendre à ce commandement.
    - Vramy, dis-je, et pourquoi non ?
    370
    - C'est que cette convocation me met dans des tourments et des angoisses qui ne peuvent se dire.
    - Des angoisses ? Vous qu'on connaît si vaillant! Et que craignez-vous donc ?
    - Rien que de très mauvais : l'exil, l'embastillement, ou la hache du bourreau.
    - Diantre ! dis-je béant. Voilà qui est sérieux. Mon cher duc, repris-je au bout d'un moment, n'étant ni juge ni procureur, je ne vous poserai pas de question, mais il faut bien que vous pensez avoir manqué gravement à ce que vous devez au roi pour redouter de si cruelles punitions.
    - En réalité, reprit le duc de Guise, tout cela est uniquement la faute de Richelieu.
    - Je le pensais aussi, dis-je, avec une ironie qui fut perdue pour mon interlocuteur.
    - Je vous prends à témoin. qu'avait-il besoin de changer la perception de la taille ? Jusque-là elle était perçue par les agents de chaque province (celle que je gouverne étant, comme vous savez, la Provence) et les fonds recueillis étaient, par les soins du gouverneur, envoyés au roi. Et voilà

    que Richelieu imagine de créer des commissaires royaux qui, sans passer par les …tats de la province, prélèveront directement la taille à la source.
    - Et pourquoi a-t-il fait cela ? dis-je, en faisant le naÔf.
    - Par un esprit de basse et sordide économie. Dans l'ancien système, ceux qui levaient la taille retenaient pour eux une commission avant d'envoyer au roi les pécunes recueillies.
    Et m'apensai-je aussitôt, la plus petite commission n'était certes pas celle du gouverneur de la province...
    - Secundo, poursuivit Guise, les nouveaux officiers royaux, percepteurs de la taille, achètent leur charge au roi, tant est que, là aussi, le Trésor y gagne. Mais vous imaginez le remue-ménage dans ma province de tous ceux qui sont lésés par cette inf‚me mesure. Il y eut même des émotions populaires, et quasiment des révoltes. Et c'est là que le roi commença à me garder mauvaise dent de ma conduite.
    371
    - Et pourquoi donc ?
    - Je ne réprimai pas lesdits tumultes. Et comment l'aurais-je pu, étant moi-même lésé au premier chef ?
    C'était raisonné comme un féodal: l'intérêt du royaume ne comptait pas.
    Seul le sien était légitime...
    - On peut comprendre, dis-je, que Louis soit mécontent que vous n'ayez pas réprimé ces tumultes. Mais ce n'est s˚rement pas pour cela qu'il confierait votre cou aux bons soins du bourreau.
    - C'est que, en effet, il y a pis et bien pis, dit Guise, avec un soupir.
    - Pis ? qu'est-ce donc que ce pis-là ?
    - Excusez-moi, mon cousin, étant tenu au secret, je ne saurais vous en dire davantage.
    - Et ce serait, dis-je, superflu. Je sais ce que vous me taisez. Vous vous êtes bien follement engagé dans une ligue avec Gaston et Montmorency. Dès que Gaston pénétrera en France avec une armée, Montmorency soulèvera contre le roi le Languedoc, et vous-même, la Provence.
    - Et Richelieu connaît ces projets ? dit Guise en p‚lissant et serrant ses deux mains l'une contre l'autre pour les empêcher de trembler.
    - Comment les saurais-je, s'il les ignorait ?
    - Me voilà donc perdu!
    - Mon cher Guise, vous l'étiez, dès la conception de votre insensé projet.
    O˘ auriez-vous trouvé des soldats qui puissent résister aux fantassins du roi, les meilleurs du monde, et qui puissent résister aussi à sa brillante cavalerie ? O˘ auriez-vous trouvé les canons, les munitions, les soldes ?
    Et o˘ auriezvous trouvé l'or qu'il faut pour soutenir une guerre ?
    - Eh bien, d'Orbieu, s'écria Guise qui n'avait rien écouté de ces remarques, que me conseillez-vous, maintenant que vous savez tout ?
    Je l'envisageai alors, à la fois béant et consterné.
    - Mais, dis-je, de gr‚ce entendez à la parfin que je ne peux rien vous conseiller, maintenant que vous avez de votre bouche même confirmé ce complot.
    372

    - Et pourquoi cela ?
    - Mais mon cher Guise, le roi, connaissant vos projets, va vous proclamer criminel de lèse-majesté, si ce n'est déjà fait, et dès cette minute même, si je vous donne un conseil, je serai considéré comme votre complice.
    - Suis-je donc devenu meshui une sorte de pestiféré, dit Guise, que personne ne m'ose approcher ?
    - Je vous reçois chez moi ce jour et cette nuit et je ne peux pas faire plus. Vous avez mille fois raison de vous croire très

Weitere Kostenlose Bücher