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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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et ne faisait référence qu'à son illustre lignée, et aussi le fait qu'il était maréchal-duc, ce qui le haussait d'un cran au-dessus de moi.
    Bien que sa face demeur‚t impassible, Montmorency battit un cil, ce qui me donna à penser que dans la situation qui était meshui la sienne, il ne laissait pas d'être sensible àcette courtoisie.
    Je repris
    - Monseigneur, si j'étais venu pour vous dire la décision qui va être prise à votre sujet, j'eusse été accompagné par le garde des sceaux.
    - En effet.
    Il se tut, et sentant l'angoisse qui le poignait, je pris sur moi de l'éclairer un peu plus.
    - En fait, Monseigneur, à'steure aucune décision n'est prise. Le roi et son ministre en sont encore à délibérer àvotre endroit.
    - Oui-da! dit Montmorency avec une profonde amertume. Je sais comme les choses, dans ce cas-là, se passent.
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    Richelieu écrit et propose au roi un mémoire fort habile o˘ il plaide d'abord pour la mansuétude, ensuite pour la sévérité. Si vous me promettez de ne pas répéter mon propos, je vous dirais que cette façon de présenter de prime la plaidoirie, ensuite le réquisitoire, me paraît tout à plein chattemite...
    - Monseigneur, dis-je, je vous promets de ne pas répéter ce propos.
    - Et pourquoi? reprit-il en se posant à lui-même la question dont sans doute il e˚t voulu ouÔr la réponse de ma bouche. Parce que Richelieu, s'il veut la mort du pécheur, est trop habile pour ne point bailler plus de force à son réquisitoire qu'à sa plaidoirie. Il s'agit donc d'une fausse impartialité qui se donne les couleurs de la vraie.
    Montmorency se tut, ce discours l'ayant fatigué. Et quant à ce qu'il venait de dire, je n'étais pas loin, pour parler à la franche marguerite, de lui donner raison. Cependant, ne pouvant ni acquiescer ni le contredire, je demeurai coi. Montmorency, sauf en politique, ayant beaucoup de finesse, il ne fut pas sans deviner ce que je pensais, et il devint à mon endroit plus amical. Je me ramentois à ce propos ce que m'avait dit Fogacer : ce n'était pas seulement parce qu'il était beau, mais aussi parce qu'il était fin, que les dames étaient si raffolées de lui. Le beau sexe ne souffre ni les lourdauds ni les balourds.
    - Eh bien, Duc, dit-il avec une sorte d'enjouement, quel renseignement êtes-vous venu quérir de moi ?
    - Monseigneur, dis-je, la Dieu merci, je ne suis ni juge ni procureur. Mais j'oserai toutefois quérir de vous pourquoi vous vous êtes lancé à l'assaut de Castelnaudary, alors que vous saviez d'avance que l'affaire était déjà
    perdue.
    - Oh! je l'ai su beaucoup plus tôt! Je l'ai su dès que Gaston m'ayant rejoint à Lunel, j'ai vu son armée. Et en voyant ce ramassis de mauvais soldats, j'en conclus que le premier choc avec les royaux le briserait en miettes.
    - Saviez-vous à ce moment-là, Monseigneur, que le roi avait déclaré
    criminel de lèse-majesté au premier chef quiconque soutiendrait Gaston ?
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    - Je le savais.
    - Saviez-vous que Schomberg occupait Castelnaudary et fortifiait la ville ?
    - Je le savais.
    - Saviez-vous que Louis, à la tête de ses régiments d'élite, descendait la vallée du Rhône à votre rencontre, tant est que menacé à l'ouest par Schomberg, vous l'étiez aussi par le roi venant du nord ?
    - Je le savais.
    - Et que décida Gaston en ce prédicament ?
    - De gagner Castelnaudary et d'affronter Schomberg.
    - Mais c'est une longuissime trotte de Lunel à Castelnaudary, et quand la misérable petite armée de Gaston parvint à destination, dans quel état était-elle ?
    - ¿ vrai dire, misérable.
    - Vous n'aviez donc aucun espoir de vaincre ?
    - Aucun.

    - que cherchiez-vous donc en livrant bataille ?
    - Pour moi?
    - Oui, Monseigneur, pour vous.
    - La mort après un farouche et ultime combat.
    - N'y avait-il pas d'autre solution ? Par exemple, quitter Gaston, qui lui, de toute façon, ne risquait ni la captivité ni la mort, et prendre comme Guise le chemin de l'exil.
    - En effet, j'eusse pu prendre cette décision. Mais elle e˚t été contraire à l'honneur.
    Cette phrase me laissa béant.
    - Elle e˚t été contraire à l'honneur ?
    - Assurément! N'avais-je pas donné ma parole à Gaston? Je ne pouvais donc la trahir.
    J'eus alors forte envie de lui dire qu'il y avait bien pis que manquer de parole à Gaston: c'était trahir le roi. Je ne sais si Montmorency devina ma pensée, mais prétextant sa fatigue il mit fin assez brusquement à notre bec à bec. Je pris alors

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