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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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et il sut se faire aimer, non seulement de femmes innumérables, mais d'Henri IV, de la reinemère et de Louis XIII. Par malheur, après son mariage avec ma demi-sueur, la princesse de Conti, il devint tout soudain piaffant et paonnant et, sous l'influence des vertugadins diaboliques, dont la duchesse de Chevreuse et la princesse de Conti étaient les inspiratrices, il se mit à
    danser si imprudemment sur la corde de la fronde et de l'infidélité, voire de la demi-trahison, que Louis, à la parfin, l'en fit tomber et le fourra en Bastille.
    Le maréchal d'Estrées était le frère aîné - et c'est quasiment tout dire -
    de la belle Gabrielle d'Estrées, maîtresse d'Henri IV Il avait cinq autres sueurs, tout aussi insufférablement escalabreuses et dévergognées que luimême et Gabrielle, tant est que la Cour les avait surnommés "les sept péchés capitaux".
    Au moment o˘ la campagne d'Italie débuta, il avait cinquante-sept ans, et il était tout aussi vif, allègre et bondissant qu'un jouvenceau frais émoulu du collège de Clermont, n'ayant que gratitude pour les jésuites qui l'avaient instruit, et fort heureux, toutefois, de les quitter.
    En cette campagne d'Italie, il fut le seul des quatre maréchaux à ne pas franchir les Alpes. Louis lui donna comme mission de se porter jusqu'à Nice afin de ravager les campagnes autour de la ville : cette diversion avait pour but de retenir sur la côte les troupes du gouverneur Don Félix de Savoie, afin d'empêcher qu'elles n'allassent se porter au secours de Suse, s'il devenait nécessaire de s'en saisir pour s'assurer un passage jusqu'à
    Casal.
    Le maréchal d'Estrées mourut quasi centenaire, à l'‚ge de quatre-vingt-dix-huit ans, ce qui fit dire à la Cour qu'il se pouvait que le vice conserv‚t mieux que la vertu.
    Le maréchal de Créqui, lui, était le seul des maréchaux à
    bien connaître l'italien, pour la raison qu'en 1597, br˚lant de servir les intérêts d'Henri IV, il leva sur ses deniers un régiment et guerroya contre Charles-Emmanuel Ier de Savoie pendant trois ans, de 1597 à 1600.
    Sa petite armée était trop valeureuse pour être vaincue, mais trop faible pour vaincre. Créqui eut du moins la satisfaction de tuer en duel Philippe, le demi-frère du duc, qui l'avait provoqué.
    En outre, il se plaisait fort en Italie. …tant raffolé du gentil sesso, il n'y perdit pas son temps, car dans les bonaces qui suivent les tumultes, il cueillit sur les lèvres des belles Italiennes leur beau langage, si chantant et si chaleureux. Pour parfaire ces entretiens, il fit alors quelque chose qu'il n'avait fait que rarement en France : il ouvrit un livre et il le lut. C'était L'Enfer de Dante, et il en devint amoureux.
    C'est parce que Créqui connaissait bien la langue, les moeurs et le terrain, que Louis l'emmena avec lui en Savoie. Le maréchal, qui était alors assez mal allant, accepta cette mission avec d'autant plus de joie que devait y prendre part son fils, le comte de Sault, qui commandait un régiment. Au cours de la campagne d'Italie, je partageai avec le comte épreuves et périls, je le trouvai fort honnête homme, et nous devînmes amis.
    Bien que le maréchal de Créqui f˚t estimé de tous, la Cour ne laissait pas de le dauber quelque peu, disant que, s'il épousait garce, ce ne pouvait être qu'une fille de Lesdiguières. Et ce n'était pas faux: Créqui, marié de prime àMadeleine, fille du Connétable, épousa, devenu veuf, Françoise, autre fille de Lesdiguières, mais née d'un second mariage.
    Une autre particularité dans la vie de Créqui étonna la France: seul de nos dix maréchaux, il ne mourut pas dans son lit. En 1638, en cette Italie que tant il aimait, il fut fauché sur le champ de bataille par un boulet. < L'ennemi y a mis le prix
    >, dit la Cour qui, étant sans coeur, se gaussait de tout.
    Lecteur, tu connais maintenant les acteurs de cette 62
    campagne : d'un côté, Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie, son fils, le prince de Piémont (qui a marié, comme tu sais, Christine de France), Don Gonzalve de Cordoue qui assiège Casal ; de notre côté, Louis, Richelieu, les quatre maréchaux, le maréchal de camp Toiras qui, venu de La Rochelle, nous rejoindra à Grenoble, le jeune et charmant comte de Sault, moi-même enfin, que je te prie d'accepter céans comme le chantre de cette histoire.
    Il est temps, en effet, de frapper les trois coups pour laisser place à ce drame qui se déroula dans l'émerveillable décor

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