Complots et cabales
françaises et des Suisses un maréchal, et moi-même j'expliquerai au corps de ville que le roi a d˚ départir en h‚te pour présider les …tats de Tarascon, et je confirmerai alors vos promesses, Sire, pour tout ce qui touche à la liberté du culte que vous reconnaissez aux Nimois. "
- N'est-ce pas étrange, dis-je, que les libellistes aux ordres de Gaston accusent Richelieu de tyranniser le roi ! En cet exemple, au moins, c'est le rebours !
- Cependant, mon cher duc, attendez un petit. Il y a une ultime péripétie à
ce conte et il serait dommage de ne la point dire, tant elle est savoureuse.
- Je vous ois.
- Le roi rentré dans ses gonds, Richelieu s'en retourne chez lui, sain et sauf une fois encore, mais fort attristé et chagrin. Comme chez tous les nerveux, dès que le moral p‚tit, le corps lui douloit, quasiment en toutes ses parties. Il se couche, dort une nuit remuante et tracasseuse et le matin, l'oeil ouvert, se sentant mal allant, il garde le lit. Et tandis qu'il garde le lit, il entend en son logis une grande commotion, des bruits de bottes, des portes qui claquent, et tout soudain l'huis de sa chambre est à la volée déclos, le roi apparaît, entre en coup de vent, et dit d'une voix rapide
" - J'ai changé d'avis ! Je vais incontinent faire mon entrée solennelle à
Nîmes à la tête de mes soldats ! Et que personne, ajoute-t-il d'un ton tranchant, n'essaye de me dissuader! On me donnerait alors un aussi grand déplaisir que celui qu'on m'a baillé hier, en t‚chant de me persuader de le faire !
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" Et il part, la tête haute.
Là-dessus, tournant vers moi sa face carrée, Schomberg m'envisagea et me dit
- Eh bien, qu'en pensez-vous ?
- que le revirement est un tantinet puéril, mais en même temps infiniment touchant. Louis est un homme pour qui le mot "devoir" n'est pas un vain terme. Après avoir de prime chanté pouilles à Richelieu, il a d˚ penser que c'était en effet à lui-même de faire une entrée solennelle à Nîmes, et qu'il pouvait seul rassurer les Nîmois sur leur avenir et la liberté de leur culte. Il cède alors, mais se donne les gants, tout en cédant, de courber Richelieu sous sa loi.
- Mais il y a aussi, dit Schomberg, un autre aspect à la conclusion de cette scène. Elle ressemble fort à une querelle d'amoureux qui finit bien, l'amour et l'estime étant trop fortes des deux parts pour qu'on songe à une rupture.
- Et là, dis-je, envisageant le beau Schomberg avec un sourire, on sent bien que c'est le mari fidèle qui parle.
Là-dessus, Schomberg se mit à rire à gueule bec et dit
- Mais ne sommes-nous pas, en ce domaine, mon cher duc, devenus frères de la même couvée ? ¿ ce que j'ai ouÔ, vous êtes bien le seul gentilhomme, en Italie, qui ait résisté aux Italiennes. Et nos beaux coquebins de cour en sont affreusement déçus, ne pouvant plus faire sur vous, comme ils faisaient autrefois, des contes à l'infini.
moi.
- Monsieur, un mot de gr‚ce!
- Belle lectrice, je vous ois.
- Vous m'oyez ? J'en suis béante.
- qu'est cela ? Vous ai-je jamais mal accueillie ?
- Nenni! Mais d'évidence nous n'avez plus besoin de Et pourquoi cela, s'il vous plaît ?
- C'est meshui Madame la duchesse d'Orbieu qui pose les questions. Adonc, mon rôle est terminé.
- Belle lectrice, o˘ prenez-vous cela ? Allez-vous sur une petite pique tout à plein imaginaire rompre un aussi plaisant commerce que le nôtre ?
que diantre, Madame, si Catherine me pose questions, n'est-il pas naturel que je lui réponde ? Et si vous me posez d'autres questions, pourquoi, en toute courtoisie, n'y répondrais-je pas ?
- Dieu bon! quel délice et soulage! Moi qui me voyais jà reléguée dans les banlieues et faubourgs de votre bon plaisir.
- Mais point du tout! O˘ avez-vous pêché cela ? Parlez, Madame! Parlez!
- Fort bien donc ! J'ai deux questions à vous poser. La première, petitime, la seconde, de grande conséquence.
- Voyons de prime la petitime.
- Monsieur, comment se fait-il que dans le chapitre italien de vos présents Mémoires vous n'avez fait que mentionner, sans les décrire, les deux sueurs de Suse ?
- Et pourquoi les aurais-je décrites, puisqu'il ne s'était rien passé ?
- Parce que, Monsieur, vous avez jusque-là non seulement mentionné mais décrit toutes les hôtesses que les fourriers du roi vous avaient baillées dans vos étapes précédentes.
- Et ces étapes n'avaient pas d'intérêt historique. Celle de Suse en avait un et si
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