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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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ombre me fait peine
    > - par quoi se terminait la dictée. Le cardinal, ayant appelé son maggiordomo,
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    signa, cacheta la missive et la lui remit avec l'ordre de la faire tenir sur l'heure à la reine-mère. Puis, se levant, il alla déclore une de ses fenêtres, prit un grand respirement, et ayant jeté un oeil sur la foule des courtisans qui attendaient dans la cour, il reclosit aussitôt ladite fenêtre et se tournant vers moi il me dit
    - Ces gens attendent que vous sortiez pour quérir de vous ce qu'il en est de mon présent prédicament : que leur allez-vous dire ?
    ¿ quoi, ayant réfléchi un petit, je répondis
    - Le roi a consolé Monsieur le cardinal du premier accueil qu'il a reçu céans.
    - Nenni! Nenni! dit Richelieu vivement. Cela ne se peut! Ce serait critiquer la reine-mère ! Contentez-vous de dire que je suis consolé, mais sans dire de quoi.
    "Mon cousin, reprit-il, les fourriers vous ont logé au ch‚teau avec Monsieur de Guron. Dites-lui, le soir venu, d'éloigner le domestique. La raison en est qu'en toute probabilité vous recevrez à la vesprée la visite d'une garcelette.
    - …minence, dis-je, si je dois lui déclore l'huis moimême, ne peux-je savoir son nom ?
    - Vous l'avez déjà encontrée.
    Et baissant la voix, comme si les murs eux-mêmes avaient des oreilles, il ajouta
    - C'est la Zocoli.
    CHAPITRE VII
    La Zocoli 1, lecteur, appartenait à cette race modeste mais fort utile des rediseurs dont Richelieu usait mieux qu'aucun autre ministre avant lui, tant il jugeait importantissime d'être renseigné jour après jour, et j'oserais même dire, heure par heure, sur les agissements des cabales et les menées de l'étranger.
    Au recrutement de ces rediseurs, le cardinal apportait tous ses soins. En outre, il savait émerveillablement les instruire, les surveiller, les récompenser, et le cas échéant, les détruire. II va sans dire, en effet, que les rediseurs, étant devenus experts dans l'art de surprendre les secrets de nos ennemis, pouvaient être aussi tentés, dans les occasions, de leur vendre les nôtres.
    quant à cette Zocoli, fine mouche parmi les mouches, Richelieu avait réussi, par de subtils intermédiaires, à l'introduire comme chambrière dans l'entourage de la reine-mère. Elle y faisait merveille, ayant l'oreille fine et un infini courage. Toutefois, pour ses s˚retés, et pour la bonne réputation du cardinal - tout innocent, il va sans dire, de ces basses cuisines -, elle ne devait jamais l'approcher, mais prendre langue, soit avec Monsieur de Guron, soit avec moi-1. Prononcer <4 Socholi ".
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    même, qui à Son …minence redisions ses redisances. C'est ainsi que j'avais déjà encontré la Zocoli, non sans péril pour mes vertus, car le ciel lui avait donné un visage d'ange, et le diable, un petit corps à damner un moine escouillé en cellule. Raison pour laquelle le cardinal avait hésité
    de prime à l'employer, ayant ouÔ que la belle était si raffolée de toute créature de Dieu portant mentule que toute occasion lui était bonne pour paillarder qui-ci qui-là hors la couche conjugale, laquelle était, de reste, mêmement désertée par Il Signor Zocoli, dont on disait qu'il était bougre.
    Toutefois, ayant fait surveiller la drolette, Richelieu s'aperçut que, toute chaleureuse qu'elle f˚t, elle gardait la tête froide et par le plus judicieux des choix, n'usait de son devant qu'avec les amis et les créatures du cardinal, et jamais avec ses ennemis, ou ceux qu'elle soupçonnait être tels. Laissant alors au Seigneur Dieu le besoin de pardonner ou de punir, le moment venu, les terrestres errements de la Zocoli, le cardinal l'avait prise à son service, en quoi il avait sagement agi, car elle était plus habile et rusée que pas une fille de bonne mère en France.
    Monsieur de Guron, qui savait déjà qui j'allais encontrer chez lui, m'accueillit, je ne dirais pas à bras ouverts, car justement il les referma sur moi avec maintes tapes douloureuses sur les omoplates, avant que de m'étouffer à demi par la fougue de ses embrassements.
    - Du diantre, dit-il, si je trouve les mots pour vous dire comme je suis content de vous voir céans ! Nous allons pouvoir jaser à l'infini ! ajouta-t-il, ce qui me donna tout de gob à penser que des deux, le seul jaseur, ce serait lui.
    - Je ne sais, dis-je, si nous en aurons le temps, et non plus quand la rediseuse me viendra voir. Mais dans cette perspective, il faudrait qu'elle ne soit vue par aucun, ni aucune

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