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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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de votre domestique.
    - J'y veillerai, dit-il.
    - Et j'aimerais, ajoutai-je, que trois ou quatre de vos soldats soient présents quand la porte sera pour elle déclose.
    - Et pourquoi cela ?
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    - ¿ supposer que votre rediseuse soit capturée en chemin, qu'on la torture, et qu'elle dise tout, un attentement contre nous ne serait pas exclu.

    - Fort bien donc.
    - Et que sont vos soldats ? dis-je.
    - Des Suisses frais venus des monts helvétiques et qui parlent le français comme moi je parle allemand.
    - Et vous le parlez comment ?
    - Die, der, das.
    - Voilà qui va bien! dis-je en riant.
    Il va sans dire que l'attente o˘ nous étions de l'advenue de la Zocoli ne nous dispensa pas de nourrir <
    la pauvre bête
    >. Le lecteur se ramentoit sans doute que Monsieur de Guron était un des < goinfres " de la Cour et qu'une repue chez lui valait quatre des miennes, sans compter que le vin y coulait comme ruisseau dans la bouche - dans la sienne, du moins. Et comme je l'avais prévu, les bouchées les plus grosses ne l'empêchaient pas de clabauder à coeur content et toujours sur soi.
    Sa faconde m'e˚t tué si, la repue à peine finie, on n'avait pas toqué à
    l'huis. Monsieur de Guron et moi-même gagn‚mes l'antichambre suivis des quatre Suisses géantins, les piques basses. Je portais un pistolet à la main senestre, un autre à la ceinture. Les trois gros verrous repoussés par Monsieur de Guron, je déclouis l'huis par degrés et, apercevant le joli museau de la Zocoli, j'ouvris juste assez pour que son petit corps mince et rondi p˚t passer en deçà.
    - Vous revoilà donc, mon beau Seigneur! s'écria la Zocoli. Vous ramentezvous de moi ? Et, de gr‚ce, ne m'appelez pas la Zocoli ! Pour vous je suis Clairette, bien que de cette eau claire, vous n'ayez pas voulu boire!
    Ce disant, elle me jeta les bras autour de la taille et me serra si fort que j'eus peine à me désenlacer de ce petit serpent. quand je dis < peine ", j'entends que ma reluctance à le faire fut aussi grande que le muscle qu'il y fallut. Vramy ! m'apensai-je, s'il en est ainsi la deuxième fois qu'elle me voit, que sera-ce de la troisième ?
    - Clairette, dis-je, es-tu parvenue céans sans encombre ? - Sans encombre, oui-da! puisque me voilà! dit la Zocoli qui avait bon bec, étant fille du pavé de Paris, et comme toutes celles-là que je dis, vive, frisquette, effrontée, et ne craignant rien en ce monde, sauf les archers du roi, mais même ceux-là, elle ne les craignait plus, depuis que, gr‚ce à l'emploi que lui avait baillé le cardinal, elle avait l'heur de servir le roi, et elle le servait bien, ayant l'esprit vif et la langue déliée aussi, pour ce qu'elle avait été nonnette en un couvent o˘, à défaut de vertu, on lui avait appris le bon français.
    - Mais, dis-je, s'il n'y a pas eu d'encombre à la nuitée dans les couloirs de Fontainebleau, o˘ fut le mal de les traverser ?
    - Mon beau Seigneur, les couloirs sont mal éclairés, et il n'y eut pas un seul soldat en faction devant la porte d'un Grand qui, au passage, ne m'ait pastissé les arrières.
    - Eh bien! dis-je, o˘ est le dol ?
    - Le dol, dit la Zocoli, c'est qu'ils ne sont pas allés plus loin, tant ces pleutres ont peur que leur sergent, les surprenant à ces façons, ne les condamne au fouet ou à l'estrapade.
    " Mais qui sont ces autres soldats que voilà ? poursuivitelle, en apercevant les Suisses qui, faiblement éclairés par la lanterne de leur sergent, demeuraient au garde à vous et les piques hautes.
    - Des Suisses de Monsieur de Guron. Ils étaient là pour te protéger.
    - que beaux et géantins ils sont! dit la Zocoli en les envisageant l'oeil en fleur et la bouche ouverte. Je gage, reprit-elle, qu'ils s'en donnent à
    coeur joie, la ville gagnée, pour le forcement des garcelettes.
    - M'amie, au lieu de rêver avec délices au forcement de ton petit corps par ces gros Suisses, voudrais-tu me dire ta r‚telée de ce que tu sais.
    - Mon beau Seigneur, dit-elle à Monsieur de Guron en s'asseyant sans façon sur une chaire à bras que le protocole lui e˚t défendu, vous feriez une bonne action si vous consen-172
    tiez à me faire servir, avant que je parle, quelque petit vin pour me rafraîchir le gargamel et aussi quelques friandises de gueule, tant le gaster me creuse de tous les désagréments que j'ai subis en venant jusqu'ici.
    Monsieur de Guron étant touché de compassion - mais était-ce bien de compassion qu'il s'agissait ? - lui fit porter les

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