Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
Je crois le cardinal. Je ne connais que trop les mimiques thé‚trales dans lesquelles la reine-mère, du haut de son Olympe, exprime ses plus profonds mépris. Elle les a plus d'une fois employées en mon endroit en mes enfances. quand on a hérité comme elle du menton prognathe des Habsbourg, il n'est que trop facile de faire des moues qu'on croit dévastatrices...
    - Cependant, Sire, dit Richelieu, la reine-mère, qui est par notre constitution le deuxième personnage de l'…tat, m'a publiquement insulté. Je ne peux, dans ces conditions, que vous supplier d'accepter que je me retire des affaires.
    - Oh, pour cela il n'en est pas un seul instant question!
    dit Louis avec la dernière fermeté. Je ne veux pas que vous pensiez à autre chose qu'aux affaires de l'…tat. Avez-vous réfléchi à l'éclat et au mal que causerait votre démission non seulement dans le royaume, mais à
    l'étranger ? quant à la reine-mère, ne vous inquiétez pas de ses petites mimiques. Je me déferai un jour ou l'autre de ses importunités et je mettrai fin du même coup aux agitations des cabales.
    Au sailli de ce petit cabinet, et le roi nous quittant, le cardinal m'entraîna jusqu'aux appartements du ch‚teau qui lui avaient été départis.
    Ses valets, son majordome, un capitaine et deux enseignes des mousquetaires se trouvaient déjà là, les uns appropriant les chambres, et les autres établissant les factions et les rondes de sécurité.
    - Charpentier! O˘ est Charpentier! Je veux voir Charpentier ! O˘ diantre est Charpentier? cria impatiemment le cardinal une fois le seuil franchi, et parcourant en vain d'un pas rapide toutes les pièces de son logis.
    - …minence, dit alors le majordome avec cette lenteur et cette lourdeur qui paraissent s'attacher à ce genre de fonction, Monsieur votre secrétaire n'est point céans.
    - Et o˘ est-il ?
    - Votre …minence l'a envoyé au débotté porter un pli àMonsieur le maréchal de Bassompierre.
    - En effet! En effet! En effet! cria le cardinal et par tous les saints, ajouta-t-il très à la fureur, le voilà parti quand j'ai le plus besoin de lui.
    Ce grief était d'une injustice à la fois si criante et si comique qu'il en prit lui-même conscience aussitôt. Il se calma dans la seconde même et, se tournant vers moi, il sourit
    - Mon cousin, dit-il, penseriez-vous vous abaisser beaucoup si vous consentiez à écrire sous ma dictée une lettre àla reine-mère ?
    - …minence, je ne me sentirais pas rabaissé du tout, mais fort honoré par un tel service. Si vous voulez bien vous en ramentevoir, je vous l'ai déjà
    rendu dans votre carrosse autrefois.
    166
    - En effet, dit Richelieu, et je me ramentois encore de la rapidité et de l'élégance de votre écriture.
    J'avalai cette cuillerée de miel cardinaliste avec le respect qu'il fallait, et un valet ayant apporté des feuilles de papier, de l'encre et tout un jeu de plumes, je choisis la mieux taillée, la trempai dans l'encre et j'attendis. Et lecteur, vous ne sauriez croire avec quelle jubilation j'écrivis sous la dictée du cardinal la lettre que je transcris plus loin.
    Car cette missive adressée à la reine-mère n'était point le jeu du chat et de la souris, mais à l'inverse, le jeu d'une souris qui, ayant échappé à la griffe d'un chat, s'amuse, pour se revancher, àlui chatouiller les moustaches.
    < Madame, j'ai ce jour d'hui la même passion à vous servir que j'eus toujours. Mais voyant que je vous déplais, j'en éprouve la plus grande peine que j'eus jamais et je vous supplie de trouver bon que je me retire.
    Avec respect je remets donc entre vos mains toutes les charges que je tiens de vous. J'emmène avec moi ceux de mes parents qui étaient à votre service.
    Croyez, de gr‚ce, que si j'ai perdu votre bienveillance, je ne me considère pas pour autant dégagé de ce que je vous dois depuis quatorze ans, tant est que, quoi que vous fassiez, je serai votre serviteur jusqu'au dernier soupir de ma vie. Je vous prie instamment d'insister auprès du roi pour qu'il accepte ma démission, ma résolution sur ce point est si absolue que j'aimerais mieux mourir que de demeurer à la Cour en un temps o˘ mon ombre me fait peine.
    Cardinal de Richelieu "
    Ce poulet-là, qui n'était d'amour qu'en apparence, et de respect que de surface, me fut dicté d'une traite, tandis que le jetant sur le papier aussi vite que je pus, j'admirais l'élégance et les trouvailles de style de Richelieu - comme par exemple " mon

Weitere Kostenlose Bücher