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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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Gualter.
    — Puisse Sant Narcis, qui nous a sauvés des Français, intervenir une fois encore et nous protéger de nous-mêmes ! Qui raconte cela ?
    — Je le tiens d’un jardinier, répondit Francesc.
    — Et moi de l’un des gardes, ajouta Bernat. Ainsi que d’un scribe venu nous prévenir. Il en avait entendu parler par un requérant venu déposer une plainte auprès du tribunal ecclésiastique.
    — L’avez-vous entendu dire, maître Isaac ?
    — Non, mais, ce matin, j’ai été très pressé. J’ai à peine pris le temps de saluer mes patients et ne leur ai certainement donné aucune chance de bavarder. On m’a toutefois dit une chose que vous devriez savoir, ajouta-t-il. Même si cela ne concerne pas cette rumeur.
    — Commençons par entendre ce que disent les gens, concéda l’évêque. Annoncez-nous le pire, comme vous l’avez promis.
    — Selon eux, c’est signe de mort que de le contempler, raconta Bernat. Et de mort subite que de le toucher. Et aussi, la ville sera détruite si l’on ne trouve quelqu’un pour l’emporter dans la cathédrale et le dissimuler dans quelque cache sacrée.
    — Qui donc doit accomplir cette tâche ?
    — C’est leur souci, n’est-ce pas, Votre Excellence ? Ils s’inquiètent de savoir qui va le trouver et risquer l’annihilation en l’apportant à la cathédrale.
    — On devrait surtout leur dire que maître Gualter a été tué par un poignard matériel tenu par une main humaine et que sa bourse a été dérobée. Ce fut un acte méprisable, mais ce ne fut qu’un simple vol. Rien de plus. À moins que vous n’en ayez appris plus que vous ne voulez me révéler.
    — J’ai entendu quelque chose, intervint Isaac. Je n’avais pas l’intention de vous le dissimuler, Votre Excellence. J’ai été appelé par la veuve de maître Gualter ce matin. Elle était en piteux état, en proie à un tel chagrin qu’elle respirait à peine, mais pas pour la raison que vous pourriez imaginer. Elle déplore la perte de son mari, certes, mais il semble qu’elle pleure encore plus la perte de leur or.
    — Leur or ? Combien ? demanda Berenguer.
    — Je vous narrerai simplement l’histoire telle qu’elle me l’a racontée. Et je crains qu’elle n’aille dans le sens de ces rumeurs. Je les soupçonne d’ailleurs d’avoir sa maison pour origine.
    Isaac répéta, aussi fidèlement que possible, la conversation qu’il avait eue avec maîtresse Sibilla.
    — Quinze mille maravédis ? s’écria Bernat. Mais c’est une somme considérable.
    — Plus d’un homme se rendrait volontiers coupable de meurtre pour un tel montant, je le crains, dit Isaac.

CHAPITRE V
     
    Tandis que Raquel écoutait la poitrine de maîtresse Dolsa, regardait attentivement sa gorge et lui administrait les gouttes qui, peut-être, en dissiperaient les mucosités, son mari, Ephraïm, tournait autour d’elles, mort d’inquiétude. Leur neveu, Daniel, était seul à s’occuper de l’échoppe.
    La journée était calme, et rares étaient les clients en cette fin de matinée. Daniel était penché sur une paire de gants en chevreau qu’il venait de confectionner, disposant les perles selon divers motifs et s’efforçant de leur faire suivre un modèle qui n’existait pour l’instant que dans sa tête. Un bruit de pas l’arracha à cette tâche absorbante. Il reposa les minuscules perles sur la table et leva les yeux. Deux femmes aux habits coûteux, une mère et sa fille, franchissaient le seuil, suivies de leur serviteur.
    Il mit à l’écart son travail et sourit.
    — Le bonjour, maîtresse Alicia, dit-il en se levant de son tabouret et en s’adressant à la plus âgée des deux. J’espère que vous êtes en bonne santé.
    — Je vais très bien, Daniel, merci, fit-elle d’un air languissant mais toutefois aimable.
    Daniel dissimula une certaine irritation derrière un masque courtois.
    — Et maître Vicens ?
    Daniel s’était vu à plusieurs reprises reprocher par son oncle de ne pas s’enquérir de la santé et du bien-être de tous ses clients – qu’ils consacrent de petites fortunes à des gants en chevreau ou seulement un sou ou deux à de grossiers gants de travail.
    — Mon mari va bien également, dit-elle.
    — Puis-je vous montrer quelque chose, maîtresse Alicia ? Ou peut-être à vous, maîtresse Laura ?
    Au lieu de répondre à Daniel, maîtresse Alicia sourit et examina quelques échantillons de son travail posés sur le

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