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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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dernière, il a pris avec lui le moindre sou que nous possédions… et tout ce qu’il m’a dit, c’est qu’il allait acquérir un objet en argent de grande valeur. Un de mes serviteurs m’a confié qu’il l’a entendu parler de cela avec quelqu’un et que cet objet en argent serait censé être le Saint-Graal. Seul mon mari, ajouta-t-elle avec amertume, est – était – assez insensé pour croire qu’il pourrait acheter le Graal, comme ça, comme si c’était une jarre d’épices ou une pièce de soie.
    — Il n’aurait tout de même pas donné tout votre bien pour cet objet en argent…
    — Tout, vous dis-je. J’ai argumenté, j’ai pleuré, j’ai même crié sur lui. Tout ce qu’il me répondait, c’est que nous avions eu beaucoup de chance cette année et que l’entrepôt était plein de peaux de belle qualité. Le Graal apporte la prospérité, m’expliquait-il, et ces marchandises devraient atteindre des prix très élevés. Dans un mois ou deux, selon ses calculs, il aurait amassé bien plus qu’il n’en avait sur lui cette nuit. Il n’amassera plus grand-chose, maintenant, ironisa-t-elle amèrement.
    — Votre fils est-il au courant de cela ?
    — Je le crains, oui. Avec toutes mes lamentations, je ne pensais pas à la discrétion, ce matin. C’est déjà très triste d’être veuve à mon âge – je vais amèrement regretter la compagnie de mon mari –, mais c’est autre chose que d’être réduite à mendier dans la rue. Mon fils est fou de rage au point que je redoute de le voir poursuivre cet assassin jusque dans la tanière de voleurs et de criminels où il se tapit. Que vais-je faire, maître Isaac, si tous les deux sont morts ?
    — Combien d’argent avait-il emporté avec lui ? la pressa Isaac.
    — Quinze mille maravédis d’or, murmura la veuve éplorée.
    — Quinze mille  ? s’écria le médecin. Mais comment a-t-il pu porter une telle somme ?
    — Il a demandé à deux robustes serviteurs de l’aider et de le protéger, expliqua maîtresse Sibilla. Mais il les a renvoyés dès qu’ils eurent atteint le point de rendez-vous.
    — Où était-ce ?
    — Derrière la cathédrale. Un saint lieu, ne trouvez-vous pas, pour un acte aussi noble ? cracha-t-elle.
    Isaac fit de son mieux pour réconforter la veuve avec des tisanes apaisantes, lui promit de revenir et, perturbé par ce qu’il venait d’entendre, revint chez lui.
     
    Le reste de cette longue matinée fut trop occupée par les demandes des patients pour qu’Isaac ait le temps de penser à l’évêque ou la veuve. Quand les cloches sonnèrent sixte, il baignait son visage et ses bras dans l’eau fraîche de la fontaine et se demandait ce qu’il convenait de faire.
    — Seigneur, dit une voix douce derrière lui.
    — Oui, Yusuf ? Tu as déjà fini tes leçons ?
    — Non, seigneur, je ne les ai pas encore commencées. J’ai dormi si tard que je rentre tout juste des écuries. Je me suis dit que, comme le soleil était bien haut, vous souhaiteriez retourner chez l’évêque. Comme vous le lui avez promis.
    — Tu fais bien de me rappeler mes obligations, mon garçon. Même si les cloches sont aussi là pour ça.
    — Papa ! intervint Raquel.
    Elle triait des herbes sèches sur la table disposée sous les arbres et se préparait à les étiqueter pour les ranger en vue d’un usage ultérieur.
    — Avez-vous oublié notre voisine ?
    — Laquelle, ma chérie ?
    — Maîtresse Dolsa. Elle se sent la gorge irritée et douloureuse.
    — J’avoue humblement que je ne pensais plus à elle. D’après la description que la servante a faite de l’état de sa maîtresse, je pense qu’il s’agit de ce même mal dont souffrent nos autres patients. Tu la connais bien. Rends-lui visite à ma place. Si c’est réellement aussi simple que cela, tu sauras quoi faire.
    — Oui, papa, je le sais. Quelques gouttes de liqueur de bryone.
    — Ne dépasse pas la dose. Et assure-toi qu’elle comprend bien qu’il lui faut garder le lit. Si elle semble très fébrile, traite d’abord la fièvre et dis-lui que je passerai la voir cet après-midi. Souviens-toi aussi…
    — Papa, fit-elle, quelque peu exaspérée, je sais.
    — Bien sûr, ma chérie. Tu sais aussi bien que moi ce qu’il faut faire en pareil cas.
     
    Isaac et Yusuf grimpaient le flanc ardu de la colline qui menait au portail sud de la cathédrale. Autour d’eux, c’était la foule ordinaire des femmes qui se rendent

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