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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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comptoir.
    La jeune femme l’interrompit dans ses songeries.
    — Maman, fit-elle, regardez ceux-ci ! Ne sont-ils pas merveilleux ? Je veux une paire de gants comme ceux-là, mais avec des perles travaillées ainsi, ajouta-t-elle en désignant une autre paire, et en vert.
    — Ils doivent coûter terriblement cher, Laura, dit la mère avant de les regarder de plus près. Combien coûteraient-ils, Daniel ? Les gants que ma Laura aimerait ?
    Daniel se pencha pour murmurer un chiffre à l’oreille de maîtresse Alicia.
    — Je pourrais acheter une robe pour une telle somme ! s’écria la femme, choquée. Une robe simple, peut-être, mais tout de même… Cela me semble beaucoup pour une paire de gants.
    — Mais, maman, fit Laura, des sanglots dans la voix, les gants coûtent toujours cher.
    — Ils iraient à merveille à maîtresse Laura, intervint Daniel. Mais nous avons d’autres styles, moins onéreux, que ses gracieuses mains mettraient particulièrement en valeur.
    — Maman, j’aime le travail de perles de ces gants-ci, répéta Laura, qui s’obstinait. Et puis, leur coût ne nous importe plus, n’est-ce pas ?
    — Laura, qu’est-ce que tu racontes ?
    — Papa dit que nous allons être riches, maman. Nous pouvons donc nous les offrir.
    — Chut, ma chérie, rétorqua la mère en regardant autour d’elle. Ne dis pas ce genre de chose. Même si c’est vrai, nous attendrons que cela soit sûr pour commander les gants les plus chers de cette boutique.
    Sur ce, elle poussa sa fille vers la porte avant que quiconque eût la possibilité de répliquer.
    — Voilà une belle brassée, dit l’apprenti qui, appuyé contre la porte de l’atelier, n’avait rien perdu de la conversation. Vous en avez de la chance, vous.
    — Qui cela ? fit Daniel, qui s’était replongé dans son travail.
    — Maîtresse Laura. Mais je ne repousserais pas non plus la mère.
    — Non, je m’en doute, répondit Daniel d’un air absent.
     
    À l’instant où maîtresse Alicia et sa fille rêvaient à des gants somptueux, la nouvelle de la mort de Gualter Gutiérrez atteignit leur mari et père, maître Vicens. Il était assis dans l’arrière-boutique et laissait un apprenti s’occuper des clients. Au fil des ans, grâce à un dur labeur et à un sens aigu des affaires, il avait lentement transformé un modeste commerce d’étoffe à l’attention des matrones économes de Gérone en une entreprise de grande envergure impliquant des négociants, des tailleurs et d’autres boutiquiers. Derrière son petit cabinet, une pièce accueillait tant de marchandises qu’on pouvait la qualifier d’entrepôt.
    Il avait profité de la pause dans sa journée de travail pour commencer à élaborer les projets audacieux auxquels il songeait déjà depuis deux ou trois semaines.
    Un cri de surprise de la part de son apprenti le fit se lever et gagner le magasin.
    — Mon cher maître Nicholau, s’exclama Vicens, quel plaisir de vous voir ! Est-ce là une visite – fort plaisante, je tiens à vous l’assurer –, ou pouvons-nous vous montrer quelque chose ? Une pièce de belle étoffe pour confectionner une robe d’été à votre charmante épouse ?
    — Maître Nicholau me parlait du meurtre de maître Gualter, dit l’apprenti. Et de ce terrible vol. Ensuite mon ami Pere est entré une minute pour voir si la nouvelle soie était arrivée parce que sa maîtresse veut l’examiner, et il nous a raconté que maître Gualter portait dans ses mains le Saint-Graal, oui, et qu’il l’apportait à la cathédrale quand il a été frappé par la main de Dieu. C’est bien ce qu’il a dit, n’est-ce pas, maître Nicholau ?
    — Gualter avec le Graal ? bredouilla Vicens.
    — Ce n’est qu’une rumeur, maître Vicens, dit Nicholau Mallol. Tout ce que nous savons, c’est qu’on a retrouvé le corps près du palais de l’évêque.
    — Le médecin pourra certainement…
    — Je poserai la question à mon beau-père dès que je le verrai, maître Vicens. Nul doute qu’il en saura plus que nous.
    — Oui, fit Vicens en se laissant tomber sur un tabouret. Isaac le médecin entend tout ce qu’il y a à savoir dans cette ville. Petit, lança-t-il à l’apprenti, je vais rester à la boutique. Tu as des livraisons à faire.
    — Oui, maître Vicens.
    L’apprenti prit deux paquets avec encore plus d’enthousiasme qu’à l’ordinaire et passa la porte. La rue fourmillait de rumeurs, et il avait hâte de

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