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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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déjà fatigués, lâchent prise.
     
    Le portier était couché sur une balle de paille, non loin du poste de garde de la prison épiscopale. Il dormait, il ronflait. Ses vêtements étaient trempés – on avait essayé à plusieurs reprises de le dégriser à coups de seau d’eau – et il s’était vomi dessus. C’était un spectacle peu ragoûtant.
    — Il a quasiment tout rejeté, constata un garde avec philosophie. On aura moins de mal à le réveiller, cette fois-ci. Si j’avais su que Votre Excellence se déplacerait, j’aurais déjà essayé.
    Avec calme, en homme habitué à cette tâche, il prit un seau d’eau froide et le versa sur la tête du portier.
    — Allez, debout, ivrogne !
    Cela réussit.
    — Arrête, dit le portier en se redressant.
    Il s’essuya le visage et regarda autour de lui.
    — Donne-moi plutôt quelque chose à boire.
    Le garde lui tendit un gobelet d’eau.
    — Tiens…
    — De l’eau ! maugréa le portier après avoir recraché le peu qu’il venait d’ingurgiter.
    — Bois-moi ça, espèce de feignant, et ressaisis-toi. Son Excellence veut te parler.
    — Son Excellence ! Dieu tout-puissant !
    — Non, dit Berenguer en souriant, seulement l’évêque de Gérone.
     
    Il fallut beaucoup de temps et de patience pour arracher un semblant de réponse cohérente au portier. Il releva la tête.
    — Le médecin. Je m’en souviens. Il est passé avec son apprenti.
    — Quand cela ?
    Il se mit à chantonner, se saisit la tête à deux mains et gémit.
    — Quand, dit le capitaine, avant que je te donne du bâton ! Quand le médecin est-il sorti ?
    — J’ai rien fait…
    — Quand l’as-tu vu ?
    — Après le coucher du soleil. Je lui ai ouvert la poterne et il m’a offert…
    Il eut un regard sournois.
    — Il m’a offert ses remerciements…
    — Tu es sûr que c’était son apprenti avec lui ?
    — Qui d’autre ? Oh, oh, qui d’autre ? chantonna-t-il. Qui d’autre…
    Il retomba dans la paille et se mit aussitôt à ronfler.
     
    La prison de Yusuf était plongée dans l’obscurité depuis un moment déjà. Il s’était occupé, chaque fois qu’il y avait en bas assez de bruit pour couvrir celui de ses propres mouvements, à en explorer le moindre recoin. Les hommes avaient une bougie. En soulevant légèrement la trappe, il avait pu juger à quelle distance se trouvait le sol. C’était un peu loin, mais pas impossible. Il lui suffisait d’attendre qu’ils s’endorment, pensa-t-il, optimiste, pour sauter et s’enfuir.
    Il attendit donc. De temps à autre, épuisé, il cédait au sommeil pour se réveiller au moindre bruit un instant après.
    Soudain, le tintement d’une cloche emplit l’air. Il faillit éclater de rire. C’était la cloche de l’abbaye, il en était certain : il n’était donc pas très loin de chez lui. Minuit. Il devait dormir quand les cloches avaient sonné complies.
    Dès que le silence fut revenu, il perçut un mouvement à l’étage inférieur.
    — Tu crois qu’il est vivant ? fit une voix.
    — C’est pas notre problème, répondit une autre. Nous, on doit s’assurer qu’il reste bien là, c’est tout.
    — Si tu le dis. Tu as fait tomber ta capuche.
    Quelque part une porte s’ouvrit et se referma brutalement.
    Yusuf attendit, pratiquement sans respirer, comptant jusqu’à cent dans sa langue puis dans celle de cette ville. Quand il eut fini, il saisit l’anneau de la trappe et la souleva lentement.
    Ils avaient laissé brûler la bougie – de la folie, avec toute cette paille –, mais cela voulait dire sans aucun doute que l’on allait bientôt les remplacer. Il déposa la trappe, s’agrippa à l’ouverture et se laissa pendre dans le vide, à quelques pieds du sol.
    C’est alors que des mains se refermèrent sur sa taille.
    — Bonsoir, Yusuf, dit une voix cultivée. Tu m’évites ainsi de monter te chercher. Je t’en remercie.

CHAPITRE XXIII
     
    Au désespoir, Raquel entendit les cloches sonner minuit. Cette attente avait déjà duré une éternité, mais il fallait encore veiller jusqu’à l’aube. Son bras lui faisait mal et ses doigts étaient engourdis : elle ne pourrait tenir longtemps dans cette position. Il serait plus facile d’accepter son destin et de se laisser aller.
    Un son totalement inattendu la fit alors sursauter – et un peu plus de terre glissa sous ses pieds.
    — Maîtresse Raquel, c’est bien vous ?
    C’était une voix douce,

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