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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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porte sud-est ? demanda le capitaine.
    — Un peu, oui, répondit prudemment le sergent. Vous voulez le voir ? J’ai déjà essayé de l’interroger.
    — Qu’avait-il à révéler ?
    — En premier lieu, capitaine, quelqu’un – il ne sait pas trop de qui il s’agit – lui a offert une grosse gourde de vin.
    — Pourquoi ? s’étonna l’évêque. Avait-il une raison de se montrer aussi généreux ?
    — Non, Votre Excellence. Le portier a mis ça sur le compte de la sympathie, tout simplement.
    — Nous ferions mieux de le faire entrer.
    — Votre Excellence préférera peut-être se rendre jusqu’à lui, suggéra le sergent avec tact, au lieu de le faire monter dans le palais.
    — Il est en si piteux état ? Bien, nous irons vers lui.
     
    Daniel montait à flanc de colline, lentement, à tâtons. Puis il s’arrêta. Devant lui, il entendait dans les sous-bois le bruit causé par plusieurs personnes – ou un seul individu. Non sans appréhension, il se dirigea vers la masse sombre des arbres.
    La traversée des champs encombrés de pierres s’était révélée difficile, mais il était encore pire de se frayer un chemin dans les bois par cette nuit obscure. De petits rochers semblaient jaillir çà et là pour le frapper à la cheville ; tous les deux pas, ses orteils dérapaient sur une branche cassée et il manquait de tomber. Lugubre, il constata qu’il devait faire assez de bruit pour alerter le voisinage à une demi-lieue à la ronde.
    Il s’immobilisa après avoir durement heurté un rocher acéré, décrocha sa lanterne de la ceinture de sa tunique et la posa sur le sol. Il déballa son petit balluchon et en sortit une pierre à feu. La lanterne avait à peine pris qu’un bruit le fit se retourner. Il vit devant lui une sorte de géant aux traits assez grossiers.
    — Holà !
    Pour Daniel, il valait mieux partir du principe que cet inconnu n’était pas nécessairement hostile.
    L’étranger leva le bras et marcha vers lui. En une fraction de seconde, Daniel comprit qu’il y avait danger, changea de place et entrevit à côté de son assaillant une ombre qui semblait vouloir s’abattre sur eux deux.
    Puis ce fut le noir.
     
    Dans la nuit muette, les bois et les champs n’étaient jamais silencieux. De petits animaux se faufilaient parmi les feuilles ; au loin, des pas foulaient les herbes, déjà assez sèches pour trahir leur passage.
    Soudain un bruit formidable résonna entre les collines. Il fut suivi d’une série de bruits plus faibles et du cri d’un animal terrorisé.
    — Papa, fit Raquel, le cœur battant, qu’était-ce ?
    — Chut…
    La gorge serrée, elle s’efforçait de garder son sang-froid.
    — Un lapin qui s’est fait attraper par un renard, à mon avis. Il a délogé une pierre qui a roulé à flanc de colline.
    — Rien de plus ?
    — Rien d’inquiétant, en tout cas. Les sons prennent toujours plus d’importance la nuit.
    — Papa, dit-elle après un long intervalle de silence. Vous croyez que vous pourrez trouver la lanterne ? Elle est dans le balluchon.
    — Je peux essayer, mais l’allumer risque d’être plus ardu.
    — Oh.
    — Tu as peur ?
    — Non, papa, ce n’est pas ça. Mais je crois que mon pied glisse. Essayez de repérer la lanterne.
    — Je m’y efforce.
    — Vite, papa, dit-elle d’une voix empreinte de panique. Je vous en prie.
    — Elle n’est pas à sa place.
    Elle entendit un coup sourd.
    — Tends le bras.
    Elle lui obéit. Cette fois-ci, ce léger déplacement de son corps fit déraper son pied et elle crut tomber à nouveau. Puis quelque chose lui toucha le bras. Elle leva les yeux et se rendit compte qu’elle s’habituait enfin aux ténèbres environnantes. La nuit lui paraissait moins profonde et, parmi les objets qu’elle distinguait, il y avait la forme rassurante du bâton de son père.
    — Attrape-le, dit-il, je vais tirer de mon côté.
    Elle saisit cette pièce de bois si lisse, si familière, qu’elle poussa malgré elle un soupir de soulagement.
    — Je l’ai.
    — Cela t’est-il utile ?
    — Oui, papa.
    Des larmes coulaient sur son visage, mais elle n’osa pas changer de position ou lâcher le bâton pour les essuyer. Elle n’avait pas non plus, à l’instar des acrobates forains, l’agilité et la force qui lui auraient permis de se hisser jusqu’à son père. Tous deux semblaient donc condamnés à rester là, dans cette position. Jusqu’à ce que ses bras,

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