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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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masculine, mais plus aiguë que celle de son père.
    — Qui va là ? demanda Isaac. Joaquim ? Frère Joaquim ? C’est vous ?
    — Oui. Joaquim. Je vous ai entendus et je suis venu. Vous ne direz à personne que je suis ici, hein ?
    — Non, Joaquim, ne craignez rien. C’est bien votre nom, n’est-ce pas ? Vous n’êtes pas frère.
    — Non, je n’ai ni frères ni sœurs. Et je n’aime pas vivre enfermé dans une grande maison, ajouta-t-il. Maîtresse Raquel est blessée ?
    — Elle est tombée. Le sol a cédé sous elle.
    — Elle est loin ?
    — Pas loin, Joaquim, lui dit Raquel, mais le terrain est instable. Si vous pouvez voir le bâton de papa, eh bien, j’en tiens le bout.
    — Je voulais la remonter, expliqua Isaac, mais le sol n’est pas assez ferme. Dès que je m’approche du bord, la terre s’éboule.
    — Oui, fit Joaquim, mais elle n’est pas grosse. Ça ne devrait pas causer de problème. On va la hisser dans une minute.
    Hélas, Joaquim n’accompagnait pas d’actes ses paroles, et Raquel attendait en vain. Au-dessus d’elle, tout semblait bruisser, chaque chose à sa façon : étoffes, feuilles mortes, créatures infimes sur la terre. Elle les entendait, et elles ne lui révélaient rien. Elle distinguait des morceaux de ciel à travers la canopée et diverses formes sombres dans les bois. Mais elle ne voyait pas son père ni Joaquim. Son bras droit la faisait cruellement souffrir ; la main refermée sur le bâton était humide de sueur. Prudemment, elle tenta de changer de main, mais le mouvement du sol sous ses pieds l’arrêta.
    Cette fois-ci, elle était sûre de tomber.
     
    Yusuf se débattit comme un beau diable avant qu’un adversaire invisible ne lui bloque les bras dans le dos.
    — Ah, Yusuf, lui dit celui-ci d’une voix rauque, tu dois te demander pourquoi j’ai pris tant de peine à te faire venir ici.
    L’homme s’arrêta comme il s’attendait à ce que l’enfant lui réponde.
    Yusuf se détendit mais garda le silence.
    — Tu vois, lui dit enfin son ravisseur de la même voix, je suis au courant pour toi et Baptista.
    — Moi et Baptista ? fit Yusuf, si étonné qu’il ne put s’empêcher de répondre.
    — Ne parle pas, écoute-moi seulement.
    Il continua de murmurer comme si des oreilles indiscrètes se dissimulaient sous chaque botte de foin.
    — Baptista m’a révélé avant de…
    Il hésita comme s’il cherchait le mot juste.
    — … avant de mourir, reprit-il, que tu savais où il était caché, que toi et lui étiez les seuls à pouvoir le trouver. Depuis cet instant je n’ai cessé de t’épier. Pourquoi n’es-tu pas allé le récupérer pour toi seul, Yusuf ?
    Son murmure prenait un ton plaintif.
    — Il m’a promis qu’il m’emmènerait là-bas, par-delà Sant Domenec, là où il se trouve, mais il était cupide, Yusuf. Bien trop cupide.
    — Je n’ai pas la moindre idée…
    — Silence. Je vais faire entrer mes hommes. Si tu prononces une seule parole devant eux, n’importe quoi qui puisse leur apprendre ce qui se passe, je te tranche la gorge, Yusuf.
    Il tapa du pied et fit tinter son éperon.
    Que pouvait-il donc savoir qu’il ne devait leur dire ? Que leur maître était dément ? S’ils l’ignoraient encore, c’est que eux aussi étaient fous.
    Son ravisseur tapa encore une fois du pied.
    — Venez ici ! gronda-t-il.
    Yusuf avait une petite idée de ce dont il s’agissait – cette chose qu’il lui fallait trouver –, mais pourquoi cet insensé avait-il décidé que lui, Yusuf, connaissait les secrets du cœur de Baptista ? Un homme à qui il n’avait pas parlé plus de deux ou trois fois. Ou était-il censé le conduire aux quinze mille maravédis ? Un instant, il fut tenté de dire à son ravisseur qu’il avait tort, qu’il ne détenait pas la bonne personne, de lui avouer : « Je ne sais de Baptista que ce que tout le monde sait. » Pourtant il demeura silencieux, par fierté et obstination, mais aussi parce qu’il craignait que ce fou ne le tue aussitôt.
    La porte s’ouvrit et les deux hommes entrèrent en murmurant des excuses incohérentes.
    Yusuf tourna juste assez la tête pour entrevoir son ravisseur, et il se raidit d’horreur. Sous le capuchon, il n’y avait pas de visage. Ce n’était pas un dément, non, il avait été enlevé par un fantôme doté d’une force surnaturelle, et sa grande cape n’enveloppait que des ténèbres !
    Il cligna des yeux, regarda à

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