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Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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danger ne m’échoit pour prix de ce grand service à toute l’humanité.
Romains, le forum est plein de ces hommes que j’ai écartés de votre gorge, mais
pas de la mienne.
    Le discours était efficace et Sylla fut dûment acquitté.
Néanmoins, Cicéron aurait mieux fait de prêter attention à ces signes
avant-coureurs d’orage. Au lieu de cela, il était si heureux à l’idée de
rassembler une bonne partie de l’argent dont il avait besoin pour acheter sa
nouvelle maison qu’il en oublia bien vite l’incident. Il ne lui manquait plus à
présent qu’un million et demi de sesterces pour obtenir la somme demandée, et
il décida de s’adresser aux prêteurs sur gages. Ils exigeaient des garanties,
et il confia à au moins deux d’entre eux, sous le sceau du secret, son accord
avec Hybrida et la part qu’il comptait toucher des revenus de Macédoine. Cela
suffit à emporter l’affaire, et nous emménageâmes dans Clivus Victoriae avant
la fin de l’année.
    La maison était aussi imposante dedans que dehors. Le
plafond de la salle à manger était en bois orné de chevrons dorés. Il y avait
dans l’entrée des statues dorées de jeunes gens aux mains tendues, conçues pour
faire office de torchères. Cicéron troqua son bureau exigu, où il avait passé
tant d’heures mémorables, contre une bibliothèque spacieuse. Moi-même, j’héritai
d’une plus grande chambre qui, quoique en sous-sol, n’était pas humide du tout
et était dotée d’un soupirail qui me permettait de respirer les fleurs du
jardin et d’entendre le chant des oiseaux tôt le matin. J’aurais préféré être
affranchi, bien entendu, et avoir un endroit à moi, mais Cicéron n’en parlait
jamais et j’étais trop timide – et, curieusement, trop fier – pour
réclamer.
    Lorsque j’eus rangé mes quelques affaires et trouvé une
cachette pour les économies de toute ma vie, je rejoignis Cicéron qui faisait
le tour du propriétaire. Les colonnades nous menèrent à une fontaine et à une
maison d’été, sous une pergola puis dans une roseraie. Les quelques fleurs qui
subsistaient étaient charnues et délavées ; à peine Cicéron en
effleura-t-il une que les pétales tombèrent. J’avais le sentiment d’être
observé par toute la ville et cela me mit mal à l’aise, mais c’était le prix à
payer pour avoir une belle vue, et celle-ci était prodigieuse. Au-delà du
temple de Castor, on distinguait très nettement les rostres, et la curie encore
au-delà. Et si l’on regardait de l’autre côté, on parvenait tout juste à
distinguer l’arrière de la résidence officielle de César.
    — J’y suis enfin arrivé, dit Cicéron en la regardant
avec un petit sourire. J’ai une plus belle maison que lui.
     
    Les mystères de la Bonne Déesse tombaient comme d’habitude
le 4 décembre. Un an tout juste s’était écoulé depuis l’arrestation des
conjurés, et une semaine depuis notre déménagement. Cicéron n’avait rien à
faire au tribunal, et l’ordre du jour du sénat était inintéressant. Il me dit
donc que, pour une fois, nous ne descendrions pas en ville et passerions plutôt
la journée à travailler à ses mémoires.
    Il avait décidé de rédiger une version de son autobiographie
en latin, pour le lecteur ordinaire, et une version en grec pour un lectorat
plus limité. Il essaya aussi de persuader un poète d’écrire sur son consulat un
poème épique en vers. Son premier choix, Archias, qui avait exécuté une œuvre
similaire pour Lucullus, hésita à s’engager ; il prétendit qu’il était
trop vieux, à soixante ans, pour rendre justice à un thème aussi immense. L’autre
choix favori de Cicéron, Thyillus, très en vogue à l’époque, répondit
humblement que ses pauvres talents de versificateur ne seraient tout simplement
pas à la hauteur de la tâche.
    — Ah, ces poètes ! grommela Cicéron. Je ne sais
pas ce qui leur prend. L’histoire de mon consulat est un vrai cadeau pour
quiconque a la moindre étincelle d’imagination. On dirait bien, poursuivit-il
sombrement, instillant soudain la peur au plus profond de mon cœur, que je
devrai écrire ce poème moi-même.
    — Serait-ce vraiment sage ? objectai-je.
    — Que veux-tu dire ?
    Je commençais à transpirer.
    — Eh bien, après tout, même Achille a eu besoin de son
Homère. Son histoire n’aurait peut-être pas eu la même… comment dire… ? la
même résonnance épique s’il l’avait racontée de

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