Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
Vom Netzwerk:
bibliothèque
propice à la conversation et le sujet tout trouvé de Pompée, la soirée ne fut
pas une réussite. Personne ne semblait en forme. Son entrevue avec Terentia
avait mis Cicéron de mauvaise humeur et la perspective du retour de Pompée le
perturbait. Quintus arrivait au terme de son mandat de préteur, se trouvait
très endetté et redoutait de savoir quelle province allait lui échoir au tirage
au sort imminent. Atticus lui-même, dont la sensibilité épicurienne ne se
laissait habituellement pas atteindre par le monde extérieur, paraissait
préoccupé. Comme d’habitude, mon état d’esprit reflétait le leur et je ne
parlai que lorsqu’on m’adressait la parole. Nous bûmes à la gloire du 4
décembre, pourtant, pour une fois, Cicéron lui-même ne se sentait guère le cœur
à commémorer l’événement. Il ne paraissait soudain plus très approprié de fêter
la mort de cinq hommes, aussi scélérats eussent-ils été. Le passé s’abattit sur
nous comme une ombre pesante, gelant toutes les conversations. Finalement,
Atticus finit par annoncer :
    — Je pense retourner en Épire.
    Pendant un instant, personne ne parla.
    — Quand ? finit par s’enquérir Cicéron à voix
basse.
    — Juste après les saturnales.
    — Tu ne penses pas y aller, commenta Quintus
avec un accent désagréable dans la voix, tu es déjà décidé. Tu nous mets devant
le fait accompli.
    — Pourquoi veux-tu partir maintenant ? questionna
Cicéron.
    Atticus joua un instant avec le pied de sa coupe.
    — Je suis rentré à Rome il y a deux ans pour t’aider à
remporter les élections. Je suis resté depuis pour te soutenir. Mais les choses
semblent s’être calmées. Je ne crois pas que tu aies encore besoin de moi.
    — J’ai terriblement besoin de toi, insista Cicéron.
    — Il faut aussi que je m’occupe de mes affaires là-bas.
    — Ah, marmonna Quintus dans son verre, tes affaires.
Maintenant, nous avons la vraie raison.
    — Qu’est-ce que tu entends par là ? demanda
Atticus.
    — Rien.
    — Non, je t’en prie : dis ce que tu as à l’esprit.
    — Cela suffit, Quintus, avertit Cicéron.
    — C’est seulement, expliqua Quintus, que visiblement,
Marcus et moi supportons tous les risques de la vie publique et prenons en
charge tout le travail pendant que tu te balades d’une propriété à une autre et
que tu peux t’occuper de tes affaires comme ça te chante. Tu prospères grâce à
nos relations tandis que nous sommes perpétuellement à court d’argent. C’est
tout.
    — Tu apprécies néanmoins les avantages de la carrière
publique. Tu as la célébrité et le pouvoir alors que je ne suis personne.
    — Personne ! Tu n’es personne mais tu connais tout
le monde !
    Quintus se resservit à boire.
    — J’imagine qu’il n’y a aucune chance pour que tu
emmènes ta sœur avec toi en Épire, si ?
    — Quintus ! s’écria Cicéron.
    — Si ton mariage est malheureux, répliqua Atticus avec
douceur, tu m’en vois désolé. Ce n’est guère ma faute.
    — Et voilà, c’est toujours la même histoire grogna
Quintus. Tu as même réussi à échapper au mariage. Je vous jure que ce type
détient le secret d’une vie réussie ! Pourquoi n’assumes-tu pas ta part de
problèmes domestiques, comme le reste d’entre nous ?
    — Ça suffit, dit Cicéron en se levant. Nous allons te
laisser, Atticus, avant que ne soient prononcés des mots qui dépassent la
pensée. Quintus ?
    Il tendit la main à son frère, qui se rembrunit et détourna
les yeux.
    — Quintus ! répéta-t-il avec emportement en lui
tendant de nouveau la main.
    Quintus se retourna à contrecœur et leva vers son aîné un
regard où je lus fugitivement une telle haine que j’en eus le souffle coupé.
Alors, il jeta sa serviette et se leva. Il vacillait et faillit tomber sur la
table, mais je le saisis par le bras et il recouvra son équilibre. Il sortit en
titubant de la bibliothèque, et nous le suivîmes dans l’ atrium .
    Cicéron avait fait venir une litière pour nous ramener chez
nous, il insista cependant pour que ce soit Quintus qui la prenne.
    — Tu rentres à la maison, frère. Nous irons à pied.
    Nous l’aidâmes à s’installer, puis Cicéron dit aux porteurs
de le conduire à notre ancienne adresse sur l’Esquilin, à côté du temple de
Tellus, où Quintus s’était installé après le déménagement de Cicéron. Quintus
dormait déjà quand les porteurs se mirent en route. En

Weitere Kostenlose Bücher