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Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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les
fondations, et ne vous préoccupez pas de la dépense.
    Après leur départ, Cicéron hasarda :
    — Je ne voudrais pas paraître pessimiste, Pompée,
néanmoins j’ai peur que tu n’aies quelques problèmes avec les censeurs.
    — Pourquoi ça ?
    — Ils ont toujours interdit la construction d’un
théâtre permanent à Rome, pour des questions de moralité.
    — J’y ai pensé. Je leur dirai que je construis un
temple à Vénus. Il sera inclus dans le projet quelque part… ces architectes
savent ce qu’ils font.
    — Et tu penses que les censeurs vont te croire ?
    — Pourquoi pas ?
    — Un temple à Vénus d’un quart de mille de long ?
Ils vont se dire que tu pousses la piété un peu loin.
    Pompée n’était pas d’humeur à plaisanter, surtout avec
Cicéron. Brusquement, sa bouche généreuse se crispa en une moue de
mécontentement. Ses lèvres tremblèrent. Il était célèbre pour ses emportements
et, pour la première fois, j’étais témoin de la soudaineté de ses colères.
    — Cette ville ! s’écria-t-il. Elle est remplie d’hommes étriqués … Des hommes étriqués et jaloux ! Me voilà, prêt à
proposer de faire don au peuple romain du plus formidable édifice de l’histoire
du monde, et qu’est-ce que je récolte comme remerciements ? Aucun, aucun  !
    Il donna un coup de pied sur l’un des tréteaux et me fit
penser au petit Marcus quand on le forçait à ranger ses jouets dans sa chambre.
    — Et en parlant d’hommes étriqués, poursuivit-il d’un
air menaçant, pourquoi le sénat n’a-t-il voté aucune des lois que j’avais
demandées ? Où est la loi censée ratifier mes colonies en Orient ? Et
la terre pour mes soldats… qu’en est-il ?
    — Ces choses prennent du temps…
    — Je croyais que nous avions un accord : je te
soutenais sur la question d’Hybrida et tu assurais le vote de mes lois au
sénat. Bon, j’ai fait ma part. Qu’en est-il de la tienne ?
    — Ce n’est pas si simple. Je peux difficilement
promulguer des lois tout seul. Je ne suis qu’un sénateur parmi six cents et,
malheureusement, tu as beaucoup d’opposants parmi eux.
    — Qui ? Nomme-les !
    — Tu sais mieux que moi de qui il s’agit. Celer ne te
pardonne pas d’avoir répudié sa sœur, Lucullus t’en veut encore de l’avoir
remplacé en Orient. Crassus a toujours été ton rival. Caton estime que tu te
conduis en roi…
    — Caton ! Ne prononce pas ce nom en ma présence !
C’est entièrement la faute de Caton si je n’ai plus de femme !
    Le rugissement de la voix de Pompée devait s’entendre par
toute la maison, et je remarquai que certains de ses courtisans s’étaient
approchés de la porte pour observer la scène.
    — J’ai attendu la fin de mon triomphe pour en discuter
avec toi en espérant que tu aurais avancé un peu. Mais maintenant, je suis de
retour à Rome et j’exige de recevoir le respect qui m’est dû. Tu m’entends ?
Je l’exige !
    — Évidemment que je t’entends. J’imagine que les morts
doivent t’entendre. Et je vais faire au mieux pour servir tes intérêts, comme
je l’ai toujours fait.
    — Toujours ? Tu en es bien sûr ?
    — Cite-moi une seule occasion où je n’ai pas été loyal
à tes intérêts.
    — Qu’en a-t-il été de Catilina ? Tu aurais pu me
faire rentrer pour défendre la république.
    — Et tu devrais me remercier de ne pas l’avoir fait.
Car je t’ai épargné l’abomination d’avoir à répandre le sang romain.
    — J’aurais réglé le problème comme ça ! assura
Pompée en claquant des doigts.
    — Mais seulement une fois qu’il aurait assassiné toute
la direction du sénat, moi y compris. Ou peut-être aurais-tu préféré cette
solution ?
    — Bien sûr que non.
    — Parce que tu sais que telle était son intention, n’est-ce
pas ? Nous avons retrouvé des armes stockées justement pour cela dans la
cité.
    Pompée le foudroya du regard et, cette fois, Cicéron ne
baissa pas les yeux. Ce fut Pompée qui détourna les siens le premier.
    — Ah, je ne savais rien de ces armes, marmonna-t-il. Je
ne peux pas discuter avec toi, Cicéron. Je n’ai jamais pu. Tu as toujours eu l’esprit
trop vif pour moi. La vérité, c’est que je suis davantage habitué à la vie
militaire qu’à la politique.
    Il se força à sourire.
    — J’imagine que je dois apprendre qu’il ne me suffit
plus d’émettre un ordre pour que le monde entier y obéisse. « Que les
armes

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