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Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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le cèdent à la toge, et les lauriers à l’éloquence »… c’est bien de
toi, non ? « Oh, heureuse Rome, née sous mon consulat »… Là, tu
vois ? En voilà un autre vers. Tu vois comme j’ai bien retenu ton œuvre.
    Pompée n’était pas en règle générale très féru de poésie, et
il m’apparut aussitôt que le fait qu’il pût citer ces vers de l’épopée
consulaire de Cicéron – que l’on commençait tout juste à lire dans
tout Rome – prouvait qu’il était en proie à une jalousie maladive. Il
parvint cependant à se forcer à tapoter Cicéron sur le bras, et ses courtisans
poussèrent un soupir de soulagement. Ils s’éloignèrent de la porte et, peu à
peu, les bruits de la maison reprirent, tandis que Pompée – dont la
bonhomie pouvait être aussi abrupte et déconcertante que ses colères – déclarait
soudain qu’ils devaient boire un peu de vin. Celui-ci fut apporté par une très
belle femme qui s’appelait, je l’appris plus tard, Flora. C’était l’une des plus
célèbres courtisanes de Rome et elle vivait sous le toit de Pompée pendant qu’il
était entre deux épouses. Elle portait toujours une écharpe autour du cou, pour
dissimuler, disait-elle, les marques de morsure que Pompée lui infligeait
lorsqu’il lui faisait l’amour. Elle servit le vin avec modestie puis se retira
alors que Pompée nous montrait la casaque d’Alexandre qu’il avait, nous dit-il,
trouvée dans les appartements privés de Mithridate. Elle me parut bien neuve,
et je vis que Cicéron avait du mal à conserver son sérieux.
    — C’est incroyable, commenta-t-il d’une voix contenue
en tâtant le tissu avec révérence. Elle a trois cents ans et semble en avoir
moins de dix.
    — Elle a des propriétés magiques, assura Pompée. Tant
que je la garde avec moi, il ne peut rien m’arriver de mal.
    Il prit un air très grave en raccompagnant Cicéron à la
porte.
    — Tu veux bien plaider ma cause auprès de Celer et des
autres ? J’ai promis à mes soldats que je leur donnerais des terres, et
Pompée le Grand ne peut pas faillir à sa parole.
    — Je vais faire tout ce que je peux.
    — Je préférerais obtenir les choses par le sénat, mais
s’il faut que je me trouve des amis ailleurs, je le ferai. Tu peux leur répéter
que j’ai dit cela.
    Pendant le trajet de retour, Cicéron me prit à témoin :
    — Non, mais tu as entendu ça ? « Je ne savais
rien de ces armes ! » Notre Pharaon est peut-être un grand général,
mais c’est un très mauvais menteur.
    — Que vas-tu faire ?
    — Ai-je le choix ? Le soutenir, bien sûr. Ça ne me
plaît pas beaucoup quand il menace de se trouver des amis ailleurs. Je dois à
tout prix essayer d’empêcher qu’il ne tombe dans les bras de César.
     
    Cicéron mit donc de côté ses réticences et ses soupçons et
partit en campagne pour le compte de Pompée, comme il l’avait fait quelques
années plus tôt lorsqu’il n’était qu’un sénateur plein d’avenir. Cela m’enseigna
une autre leçon en matière de politique : c’est un domaine qui, si l’on
veut arriver à ses fins, exige des réserves extraordinaires d’autodiscipline – qualité
que le naïf confond souvent avec l’hypocrisie.
    Tout d’abord, Cicéron convia Lucullus à dîner et passa en
vain plusieurs heures à tenter de le convaincre de renoncer à s’opposer aux
lois de Pompée. Mais Lucullus ne pardonnerait jamais au Pharaon de s’être
attribué tout le mérite de la défaite de Mithridate, et refusa tout net de
coopérer. Cicéron essaya ensuite auprès d’Hortensius, et reçut la même réponse.
Il alla même voir Crassus, qui, bien qu’il eût visiblement envie d’anéantir son
visiteur, le reçut de façon fort civile. Il se carra sur son siège, le bout des
doigts pressés les uns contre les autres et les yeux mi-clos, écoutant la
requête de Cicéron et en appréciant chaque mot.
    — Ainsi, résuma-t-il, Pompée craint de perdre la face
si ses lois ne passent pas, et il me demande de faire table rase de nos
différends et lui accorder mon soutien pour le salut de la république ?
    — C’est cela.
    — Eh bien, je n’ai pas oublié la façon dont il a
cherché à s’attribuer la défaite de Spartacus – victoire qui me
revenait entièrement – et tu pourras lui dire que je ne lèverais pas
le petit doigt pour l’aider, même si ma vie en dépendait. Au fait, comment cela
se passe-t-il avec ta nouvelle

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