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Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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secret de l’État et pussent en
rapporter toutes les décisions à leurs complices ! Mais qu’y pouvait-il ?
C’était toujours la même histoire : il n’avait aucune preuve.
    Les gardes du corps de Cicéron avaient hâte de le ramener
chez lui avant la tombée de la nuit, aussi, dès l’affaire entendue, nous
sortîmes prudemment dans la pénombre qui s’épaississait puis quittâmes le forum
à pas rapides avant de traverser Subura et le mont Esquilin. Une heure plus
tard, Cicéron était dans son bureau et rédigeait des dépêches pour informer les
gouverneurs des provinces des décisions du sénat, quand le chien de garde
recommença ses aboiements infernaux. Quelques instants plus tard, le portier
vint nous dire que Metellus Celer était là et patientait dans l’ atrium .
    Il nous apparut tout de suite que Celer était passablement
agité. Il arpentait la cour et faisait craquer ses jointures tandis que Quintus
et Titus Sextus le surveillaient attentivement depuis le couloir.
    — Eh bien, gouverneur, dit Cicéron, se rendant aussitôt
compte que son visiteur avait besoin de se calmer, j’ai trouvé que l’après-midi
s’était plutôt bien passé.
    — De ton point de vue, peut-être, dit Celer, mais mon
frère n’est pas content. Je t’avais dit qu’il y aurait des problèmes. Nepos dit
que, si les rebelles sont aussi menaçants que nous le prétendons en Étrurie,
Pompée lui-même devrait être rappelé pour s’occuper d’eux.
    — Mais nous n’avons pas le temps d’attendre que Pompée
et son armée fassent le millier de milles qui les séparent de Rome ! Nous
serons tous massacrés dans notre lit avant qu’il n’arrive ici.
    — C’est ce que tu dis, mais Catilina jure qu’il
ne menace nullement l’État et assure que ces lettres n’ont rien à voir avec
lui.
    — Tu lui as parlé ?
    — Il est venu me voir juste après ton départ de la
curie. Afin de prouver ses intentions pacifiques, il propose de se rendre sous
ma garde personnelle pendant tout le temps qu’il me plaira.
    — Ha ! Quelle fripouille ! Tu l’as envoyé
balader, j’espère ?
    — Non, je l’ai amené ici pour te voir.
    — Ici ? répéta Cicéron avec horreur en regardant
autour de lui. Il est chez moi ?
    — Non, il attend dans la rue. Je crois que tu devrais
lui parler. Il est seul et sans armes… je réponds de lui.
    — Même si c’est le cas, à quoi cela pourrait-il servir
de lui parler ?
    — C’est un Sergius, consul, fit Celer d’une voix
glaciale, famille qui descend des Troyens. Il mérite le respect, ne serait-ce
que pour sa lignée.
    Cicéron fronça les sourcils et adressa un regard aux frères
Sextus. Titus eut un haussement d’épaules.
    — S’il est seul, consul, nous pouvons nous débrouiller.
    — Alors va le chercher, Celer, capitula Cicéron avec un
soupir, et j’écouterai ce qu’il a à dire. Mais je t’assure que nous perdons
notre temps.
    J’étais horrifié que Cicéron puisse prendre un tel risque
et, pendant que Celer était sorti chercher Catilina, je me permis de protester.
Il m’interrompit aussitôt.
    — Cela témoignera de ma bonne foi si je peux annoncer
au sénat que je n’ai pas refusé de recevoir ce bandit. Et puis qui sait ?
Peut-être est-il venu s’excuser.
    Il se força à sourire. Mais je voyais bien que cet événement
inattendu le mettait sur les nerfs. Je me sentais pour ma part comme un de ces
condamnés guettant dans l’arène l’arrivée du tigre, car c’est ainsi que
Catilina surgit dans la pièce – affolé et méfiant, animé d’une fureur
difficilement contenue. Je m’attendais presque qu’il me saute à la gorge. Les
frères Sextus s’avancèrent à sa suite, et il s’arrêta à deux pas de Cicéron. Il
leva la main en guise de salutation.
    — Consul.
    — Dis ce que tu as à dire, sénateur, et va-t’en.
    — J’ai appris que tu avais encore répandu des calomnies
sur moi.
    — Tu vois ? s’exclama Cicéron en se tournant vers
Celer. Qu’est-ce que je te disais ? C’est inutile.
    — Écoute-le jusqu’au bout, répliqua Celer.
    — Des calomnies, répéta Catilina. Je ne sais
rigoureusement rien de ces lettres que j’aurais, paraît-il, envoyées hier soir.
Il faudrait que je sois particulièrement stupide pour expédier de tels messages
dans toute la cité.
    — Je veux bien croire que tu ne les as pas envoyées
personnellement, concéda Cicéron, mai tu es entouré de tout un tas

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