Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
Vom Netzwerk:
déchargé de
la province qui me revient, conformément à la promesse que j’ai faite au début
de mon consulat – promesse plus urgente que jamais en ce moment d’épreuve
pour notre république.
    Le sacrifice patriotique de Cicéron fut chaleureusement
applaudi, et Hybrida sortit tout de suite l’urne sacrée pour y déposer un jeton
censé représenter la Gaule cisalpine et sept jetons blancs (ou c’est ce qu’il
semblait). En fait, j’appris plus tard qu’il n’avait mis que des jetons blancs.
Les huit préteurs s’avancèrent alors, et le premier à tenter sa chance fut la
figure hautaine de Lentulus Sura, que Cicéron savait profondément impliqué dans
les machinations de Catilina. Sura, qui comptait parmi les pires abrutis
dégénérés du sénat, était lié à Hybrida de plusieurs façons : tout d’abord,
il avait épousé la veuve du frère d’Hybrida et élevé le fils né de cette union,
Marc Antoine, comme le sien ; ce même Marc Antoine était fiancé à la fille
d’Hybrida, Antonia. J’observai donc Hybrida attentivement, pour voir s’il
serait capable de procéder à la fraude qu’il avait promise. Mais la politique a
ses règles bien particulières, et celles-ci supplantent allègrement les
fidélités familiales. Sura plongea profondément son bras dans l’urne, et tendit
son jeton à Hybrida, qui l’annonça blanc et le montra à la chambre. Sura haussa
les épaules et se détourna ; de toute façon, ce n’était pas une province
qu’il espérait, mais Rome elle-même.
    Ce fut ensuite au tour de Pomptinus, puis de Flaccus, avec
le même résultat. Celer fut le quatrième à tirer au sort. Il paraissait très
calme lorsqu’il s’avança jusqu’à l’estrade et prit son jeton. Hybrida le saisit
et fit mine de se tourner vers la lumière pour l’examiner plus attentivement,
et c’est là qu’il dut procéder à l’échange, car lorsqu’il le brandit, tous ceux
qui se trouvaient à proximité purent clairement voir la croix qui figurait
dessus.
    — Celer a tiré la Gaule cisalpine ! annonça-t-il.
Que les dieux favorisent cette nomination.
    Il y eut des applaudissements. Cicéron fut aussitôt debout.
    — Je propose que Quintus Caecilius Metellus Celer soit
à présent investi de l’ imperium militaire et autorisé à lever une armée
pour défendre sa province.
    — Quelqu’un a-t-il une objection ? demanda
Hybrida.
    Pendant un moment, je crus que Crassus allait se lever. Il parut
se pencher à moitié en avant, hésita, puis se ravisa.
    — La motion est adoptée à l’unanimité.
    Après la clôture de la séance, Cicéron et Hybrida tinrent un
conseil de guerre avec tous les préteurs afin de prendre tous les décrets
nécessaires à la défense de la cité. On envoya aussitôt un message au
commandant de la garnison de Praeneste pour lui ordonner de renforcer la garde.
On accepta l’offre que le préfet de Reate avait faite depuis longtemps d’envoyer
une centaine d’hommes. On ferma les portes de Rome une heure plus tôt qu’à l’accoutumée.
Il y aurait un couvre-feu à la douzième heure et des patrouilles dans les rues
toute la nuit. L’interdiction ancestrale de porter des armes à l’intérieur de
la cité serait suspendue pour les soldats qui restaient loyaux envers le sénat.
Les chariots seraient fouillés au hasard. L’accès au Palatin serait interdit
dès le coucher du soleil. Toutes les écoles de gladiateurs de la capitale et
des environs seraient fermées, et les lutteurs envoyés dans des villes et colonies
lointaines. De grosses récompenses, jusqu’à cent mille sesterces, seraient
offertes à quiconque – esclaves tout autant qu’hommes libres – disposant
d’informations sur des traîtres potentiels. Celer partirait le lendemain à la
première heure afin de commencer à lever de nouvelles troupes. Enfin, il fut
décidé de contacter certains hommes de confiance pour leur demander, contre l’assurance
d’une protection personnelle, de porter plainte contre Catilina pour atteinte à
la sûreté de l’État.
    Pendant tous ces débats, Lentulus Sura demeura silencieux
tandis que son affranchi, Publius Umbrenus, prenait des notes à côté de lui.
Nous savions déjà que les deux hommes étaient impliqués dans la conjuration et,
par la suite, Cicéron me fit part de son énervement : il était
complètement absurde que deux des principaux conjurés fussent autorisés à
assister au conseil de sécurité le plus

Weitere Kostenlose Bücher