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Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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d’hommes assez
stupides pour le faire.
    — Foutaises ! Ce sont des faux grossiers. Et tu
sais ce que je pense ? Je pense que c’est toi-même qui les as écrites.
    — Tu ferais mieux d’orienter tes soupçons vers Crassus – c’est
lui qui s’en est servi comme prétexte pour te laisser tomber.
    — Ce vieux chauve ne sert que ses propres intérêts.
Comme d’habitude.
    Cicéron haussa les épaules.
    — Et les rebelles d’Étrurie ? Ils n’ont rien à
voir avec toi non plus ?
    — Ce sont des miséreux qui crèvent de faim et sont
poussés pas les usuriers à des actes désespérés… Ils ont toute ma sympathie, mais
je ne suis pas leur chef. Je te fais la même proposition qu’à Celer. Je m’en
remets à ta garde et suis prêt à rester dans cette maison où toi et tes gardes
pourront me surveiller, ainsi tu verras bien que je suis innocent.
    — Cela n’a rien d’une proposition, rétorqua Cicéron. C’est
une plaisanterie. Si j’ai du mal à me sentir en sécurité dans la même ville que
toi, je me sentirais difficilement mieux sous le même toit.
    — N’y a-t-il donc rien que je puisse faire pour te
convaincre ?
    — Si. Quitte Rome et l’Italie. Pars en exil. Ne reviens
jamais.
    Les yeux de Catilina étincelèrent et il serra les poings.
    — Mon premier ancêtre était Sergestus, compagnon d’Énée,
le fondateur de notre cité – et c’est toi qui oses me dire de partir ?
    — Oh, épargne-nous ton folklore familial répliqua Cicéron.
Ma proposition a le mérite d’être sérieuse. Si tu pars en exil, je veillerai à
ce que ta femme et tes enfants n’aient pas à en souffrir. Tes fils n’auront pas
à endurer la honte de voir leur père condamné – parce que tu seras condamné,
Catilina, n’en doute pas. Cela te permettra aussi d’échapper à tes créanciers,
ce qui, me semble-t-il, est une autre considération à prendre en compte.
    Je ne crois pas que beaucoup d’hommes se soit adressés de la
sorte à Catilina et aient survécu : le fait est qu’il dut se tourner un
instant pour maîtriser sa fureur.
    — Et qu’en sera-t-il de mes amis ? Combien de
temps encore devront-ils se soumettre à ta dictature ?
    — Ma dictature, comme tu l’appelles, n’est appliquée
que pour nous protéger contre toi. Une fois que tu seras parti, elle ne sera
plus nécessaire, et je serai le premier à me réjouir de faire table rase du
passé pour offrir un nouveau départ à tous. L’exil volontaire serait une
solution noble, Catilina – une option digne de ces ancêtres dont tu
parles sans cesse.
    — Voilà que le petit-fils d’un cultivateur de pois
chiches se pique d’apprendre ce qu’est la noblesse à un Sergius ! Bientôt,
c’est à toi qu’il va faire la leçon, Celer !
    Celer regardait droit devant lui, tel un soldat au garde-à-vous.
    — Regarde-le, railla Catilina. C’est typique des
Metelli – ils prospèrent quelles que soient les circonstances. Te
rends-tu compte, Cicéron, qu’au fond de lui-même, il te méprise ? Ils te
méprisent tous. Je me contente de te dire en face ce qu’ils chuchotent derrière
ton dos. Ils se servent de toi pour défendre leurs précieux biens. Mais une
fois que tu auras fait le sale travail à leur place, ils ne voudront plus
entendre parler de toi. Détruis-moi si tu le veux : au bout du compte, tu
n’auras fait que te détruire toi-même.
    Là-dessus, il tourna les talons, écarta les frères Sextus et
quitta la maison. Cicéron finit par déclarer :
    — Pourquoi faut-il qu’il laisse toujours une odeur de
soufre derrière lui ?
    — Tu crois qu’il va s’exiler ? demanda Celer.
    — C’est possible. Je ne crois pas qu’il sache jamais ce
qu’il va faire le moment d’après. Il est comme un animal : il suit son
instinct sans réfléchir. L’essentiel est de rester vigilants et d’être prêts à
réagir – moi en ville et toi à la campagne.
    — Je partirai dès l’aube, déclara Celer.
    Il fit un mouvement vers la porte puis s’arrêta et se
retourna.
    — Au fait, à propos de ce qu’il a dit comme quoi nous
te mépriserions tous… il n’y a pas un mot de vrai là-dedans, tu le sais ?
    — Je le sais, Celer, merci.
    Cicéron lui sourit et garda son sourire jusqu’à ce qu’il
entende la porte se refermer puis le laissa lentement s’effacer. Il s’effondra
alors sur le siège le plus proche et tendit les mains, paumes en l’air, pour
contempler leur

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