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Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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vengeance, au massacre des chrétiens. Ils les accusaient d’être responsables de leur impiété, des malheurs qui frappaient l’Empire. Car les Goths, les Vandales, les Carpes, les Perses tentaient à nouveau de franchir le Danube et le Tigre. Ils attaquaient les garnisons, mettaient les villes à sac, massacraient. Et la peste, venue avec eux, commençait à se répandre des fleuves frontaliers jusqu’au Nil, au Rhône, au Tibre.
    — Les païens, avait repris Petros, se sont précipités sur les maisons des chrétiens qu’ils ont pillées, exigeant que chacun d’entre nous sacrifie devant les dieux de Rome et la statue de l’empereur. Beaucoup ont accepté. J’ai refusé. On m’a frappé. On m’a brisé les jambes, on a entaillé mes cuisses à coups de glaive. J’ai vu autour de moi la foule païenne rire, hurler, demander qu’on me sectionne aussi les bras. Puis des chrétiens se sont avancés et la foule, distraite, s’est jetée sur eux. Ils ont été ensevelis sous les corps de leurs assaillants, démembrés, abandonnés aux chiens errants. On m’a oublié. Christos a retenu la mort par sa tunique et m’a laissé en ce monde pour te rencontrer, Denys, te raconter afin que tu puisses écrire notre histoire.
     
    Petros a été mon témoin, mon regard sur ces temps lointains.
    Il s’interrompait souvent, sautillant sur ses mains, s’immobilisant tout à coup, ses moignons à peine soulevés de terre, les muscles de ses bras tendus et gonflés.
    Il me disait que le règne de Philippe l’Arabe avait été si bref que, parfois, il venait même à douter qu’il ait eu lieu. Ç’avait été comme une brève éclaircie dans un ciel noir.
     
    Philippe l’Arabe avait exigé qu’on libérât les chrétiens emprisonnés. Il avait refusé de croire les délateurs qui prétendaient qu’ils s’abreuvaient et se repaissaient du sang et de la chair d’enfants égorgés. Mais la plèbe prêtait l’oreille à ces rumeurs. Elle exigeait le châtiment, les supplices, la mort, imaginant qu’ainsi s’éloigneraient les menaces et se tarirait la peste.
    Et les empereurs Dèce, Gallus, Valérien, qui se sont succédé, étaient aussi païens que la plèbe. Eux aussi croyaient satisfaire et apaiser les dieux de Rome en livrant les chrétiens aux bêtes. Ils ordonnaient que chaque habitant de l’Empire brûlât de l’encens, offrît du vin ou le sacrifice d’un animal aux divinités protectrices. Et ceux qui s’y refusaient devaient être dépouillés de leurs biens, exilés ou réduits en esclavage, torturés toujours, tués souvent.
    Quant à la plèbe qui acclamait les bourreaux, elle réclamait plus de cruauté encore.
     
    En ces temps-là, il fallait une foi brûlante pour croire qu’un jour un empereur recevrait le baptême et protégerait les chrétiens, construisant pour eux des églises, honorant et écoutant leurs évêques. Aujourd’hui que régnent des empereurs chrétiens, que Julien l’Apostat n’est plus qu’un corps mort, il est aisé de dire que Christos voulait que la foi en lui irrigue tout l’Empire.
    Maintenant qu’on me nomme Denys l’Ancien, j’ai compris qu’il voulait seulement que nous le voulions, qu’il nous mettait à l’épreuve, au défi de le vouloir encore, malgré persécutions et tentations. Que tout dépendait de nous, que rien n’était sûr, que l’Empire eût pu demeurer païen si nous n’avions accepté de souffrir pour lui rester fidèles.
     
    Petros avait prié longuement avant de reprendre son récit.
    Il avait essayé, m’expliquait-il, de retenir les chrétiens qui s’apprêtaient à sacrifier devant les statues païennes.
    Il leur avait rappelé que Christos était le Dieu de la résurrection, qu’il offrait la vie éternelle, que la souffrance et la mort n’étaient que des voies de passage vers la paix et la félicité.
    Mais il avait vu tant de chrétiens se renier, devenir apostats, prêter serment de fidélité à l’empereur et aux dieux de Rome, sauver ainsi leur vie et leurs biens, qu’il avait craint que ne s’effaçât à jamais la trace de Christos.
    — J’ai douté. Je m’en repens, mais j’ai douté, avait-il murmuré.
    La plèbe ne s’était pas souciée de cet infirme qui allait bondissant et glapissant qu’il fallait croire en Christos, le criant d’une voix d’autant plus forte et plus aiguë que l’angoisse et l’incertitude l’étreignaient.
    Parfois on le rouait de coups, on le culbutait, on le

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