Constantin le Grand
de l’unité. Et je l’imposerai !
J’avais cru qu’il s’exprimait seulement en empereur unique, soucieux de ne laisser aucun ferment de division gangrener les provinces de son empire. Or les communautés chrétiennes, surtout en Orient, étaient désormais la clé de voûte de cette construction impériale.
Mais partout, à Alexandrie, à Tyr, à Césarée de Palestine, à Antioche, et jusque dans la Sainte Jérusalem, les chrétiens se querellaient.
Les uns continuaient, malgré les conclusions du concile de Nicée, à suivre le prêtre Arius qui dissociait Christos de Dieu et refusait de reconnaître que le Fils était le Père et le Saint-Esprit.
Les chrétiens d’Alexandrie en venaient aux mains. Le nouvel évêque, Athanase, pourchassait les disciples d’Arius, leur interdisait l’accès aux églises, et ses fidèles, gourdin à la main, les traquaient dans toute l’Égypte, saccageaient même les lieux de culte où ils étaient admis ou dans lesquels officiaient des prêtres dissidents.
Constantin m’avait chargé de leur transmettre l’ordre impérial d’avoir à se réunir et à mettre fin à leurs oppositions.
Au moment où j’embarquais, il m’avait fait remettre un message destiné aux chrétiens de ces villes d’Orient.
« Si l’un d’entre vous qui se prétend disciple de Christos refuse d’obéir à mes ordres, qu’il sache que, quel que soit son rang, il sera déposé, exilé, incarcéré afin de lui apprendre qu’il ne peut résister aux décrets de l’empereur, qui ne sont pris que pour le bénéfice de la vérité, de l’unité de l’Église et de l’Empire.
« Que chacun de vous s’emploie donc à libérer l’Église de tout blasphème et à combler mes espoirs en restaurant la paix et l’unité. »
J’avais vu Athanase et Arius. Je leur avais transmis les ordres de Constantin le Grand. L’évêque d’Alexandrie et le prêtre, chacun à leur façon, se sont étonnés que l’empereur se mêle de dicter sa loi à l’Église : était-il le treizième apôtre ?
J’ai, je le reconnais, éludé leurs questions, me contentant de leur répéter que Constantin voulait l’unité de l’Église, l’éradication de cette peste qu’étaient les divisions entre chrétiens.
Voulions-nous notre ruine alors que la religion de Christos était désormais celle de tout l’Empire ?
Je les ai quittés, craignant qu’ils ne continuent de s’opposer, l’un, Athanase, exigeant l’entière soumission d’Arius et le rejet de toute conciliation, l’autre, Arius, paraissant accepter les conclusions du concile de Nicée mais maintenant sa certitude qu’il y avait un « Temps d’avant le Temps » où Dieu seul existait, un Dieu sans origine dont serait un jour issu Christos, le Fils, immergé, lui, dans le Temps des hommes.
Tout au long du voyage de retour, alors que la tempête m’a fait craindre le naufrage, brisant les mâts du navire, nous contraignant à nous abriter à plusieurs reprises dans des baies inconnues, j’ai demandé à Dieu de me pardonner.
Je m’accusais d’avoir été injustement sévère avec Constantin qui œuvrait pour le bien de l’Église et l’unité de la foi.
Je me sentais en accord avec lui. Il y avait un Dieu unique. Il fallait renforcer, préserver l’unité de l’Église et de l’Empire. Les querelles entre chrétiens devaient fondre dans la prière pour ne plus former que la lame brillante et tranchante de la foi.
L’évêque d’Alexandrie, Athanase, et le prêtre Arius devaient se soumettre aux décisions de Constantin. Elles servaient l’Église. Elles chassaient les miasmes de la division.
Prions Christos, et nous prions Dieu ! Louons Dieu, et nous louons Christos : voilà ce que j’avais dit aux uns et aux autres en les avertissant que, s’ils s’obstinaient, Constantin les châtierait.
Je me suis présenté à l’empereur dès le lendemain de mon arrivée au port de Constantinopolis.
J’ai découvert un homme amaigri, comme si son corps avait commencé à se débarrasser de ce qui était superflu pour le voyage qu’il allait devoir entreprendre.
Je lui ai rendu compte de ce que j’avais vu et entendu.
La tête penchée sur son épaule gauche, Constantin a semblé écouter un être invisible qui, au fur et à mesure que je lui parlais, lui aurait chuchoté ses commentaires.
J’ai souligné qu’il me paraissait nécessaire qu’il convoquât ici, dans son palais impérial de la Nova
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