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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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personnage
tourna autour de lui et dit d’une voix rauque :
    — Mais, je ne me trompe pas ! tu portes ton
linceul dans tes bras ! c’est donc toi, Guillo de la Touche-Robert !
    Le visage du personnage fut soudain violemment éclairé par
la lune, et Guillo, avec une indicible épouvante, vit que c’était le visage de
l’ Ankou , le Serviteur de la Mort. Alors, ne
pouvant supporter cette vision, il tomba sur le sol. Il y eut un ricanement qui
se prolongea dans les arbres et sur la lande, il y eut un grand bruit de
branches brisées. Le cheval hennit trois fois, et la charrette, en grinçant,
s’évanouit dans la nuit, tandis que mille étoiles brillaient sur l’eau du
ruisseau.
    Tréhorenteuc (Morbihan).
     
    Ce récit
est une des nombreuses versions des Lavandières de nuit, conte répandu dans la
Haute et la Basse-Bretagne, avec quelques variantes et des localisations
précises.
LE TAUREAU BLEU
    Il était une fois, au village de Saint-Léry, près de Mauron,
une petite fille nommée Yzole. Yzole était bien malheureuse, car elle avait
perdu très tôt sa mère, et son père s’était remarié avec une vilaine femme qui
la détestait et lui causait beaucoup de tourments. La soupe n’était-elle pas
cuite, le lait n’était-il pas écrémé, le pain n’était-il pas levé ?
C’était invariablement la faute d’Yzole. Le père, homme bon, mais faible et
sans jugement, croyait tout ce que sa femme lui racontait. Et Yzole recevait
quelques gifles avant d’aller se coucher dans l’étable, sans souper.
    C’était en effet dans l’étable qu’Yzole dormait, sur la
paille, en compagnie des bêtes. Mais Yzole ne s’en plaignait pas, car son seul
ami était un taureau bleu, grand et fort, très vieux déjà. Chaque fois que la
petite fille arrivait en pleurant et se jetait sur la paille, le taureau bleu
se penchait sur elle. Elle sentait son souffle chaud sécher ses larmes et elle
entendait le taureau bleu lui murmurer :
    — Yzole ! Yzole ! ne pleure pas. Regarde
plutôt dans mon oreille, tu y trouveras du pain beurré.
    Et la petite fille regardait dans l’oreille du taureau bleu.
Et dans l’oreille du taureau bleu, il y avait toujours une tartine de pain
beurré. Yzole dévorait le pain, remerciait le taureau bleu, lui caressait son
échine soyeuse, et puis s’endormait, les bras serrés autour du cou de l’animal.
    Or, un jour, tandis qu’elle lavait le linge dans le
ruisseau, derrière la ferme, Yzole entendit sa marâtre qui discutait avec un
voisin. Pendant la discussion, Yzole entendit ces mots :
    — Demain matin, nous tuerons le taureau bleu. Il est
maintenant trop vieux et bon à rien.
    Yzole lâcha le linge qu’elle tenait, tant elle fut terrifiée
par ce qu’elle venait d’entendre. On allait tuer le taureau bleu, son seul ami…
Des larmes coulèrent le long de ses joues. Mais elle se ressaisit : il
fallait faire quelque chose. Elle se faufila dans l’étable en prenant grand
soin de n’être point vue. Le taureau bleu était là, couché sur la paille mêlée
d’ajoncs et de fougères. Il ruminait paisiblement.
    — Taureau bleu ! mon taureau bleu ! s’écria
la petite fille. On veut te tuer demain matin, car on trouve que tu n’es plus
bon à rien !
    Le taureau bleu continua à ruminer.
    — Taureau bleu ! mon taureau bleu ! s’écria
encore Yzole. Il nous faut partir. Je te sauverai, je t’emmènerai et nous irons
bien loin !
    Le taureau bleu lui répondit :
    — Oui, nous partirons, mais tout à l’heure, quand tu
nous auras menés en champ. Ne t’inquiète pas et ne pleure pas.
    La petite fille revint à son linge, mais ce fut sans entrain
qu’elle reprit son travail. Enfin le moment arriva où elle devait conduire les
bêtes en champ. Yzole rassembla son troupeau et se dirigea vers le grand
pré, en bordure de la Doueff. Là, elle fit sortir le taureau bleu dans un
chemin creux, abandonnant les vaches qui broutaient et qui ne s’étaient
aperçues de rien.
    Mais où aller ? Vers Mauron ? ce n’était pas
possible, on les retrouverait tout de suite. Vers Gaël ? Yzole ne
connaissait pas le chemin. Vers Concoret ? là aussi, on les retrouverait
sûrement. Il ne restait plus que la forêt, au sud, mais Yzole avait peur de la
forêt. On racontait tant de choses sur cette forêt et sur ce qui s’y passait.
    — Ne t’inquiète pas, dit le taureau bleu. Allons vers
la forêt et je te protégerai.
    Ils partirent par les chemins creux et les

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