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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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prairies,
franchissant des haies d’aubépines et d’ajoncs. Ils arrivèrent au Haligan sans
rencontrer personne et évitèrent les maisons du hameau. Puis ils pénétrèrent
dans la forêt par une lande parsemée de pins, où chantaient de beaux oiseaux.
Au bout de la lande, il y avait un bois touffu et un petit sentier qui
s’engageait à travers les arbres. Et tous les arbres de ce bois avaient des
feuilles en cuivre.
    — Prends garde, dit le taureau bleu. Ne touche pas ces
feuilles, car si l’une d’elles vient à tomber, il nous arrivera malheur.
    La petite fille suivit le taureau bleu dans l’étroit
sentier. Il faisait très sombre. On n’entendait ni chants d’oiseaux, ni
bourdonnements d’insectes. Yzole fit bien attention de ne pas frôler les
branches, et tous deux sortirent du bois sans encombre.
    — Je suis fatiguée, murmura la petite fille.
    — Viens sur mon dos, dit le taureau bleu.
    La petite fille monta sur le dos du taureau bleu. Ils
continuèrent leur route à travers les landes de Lambrun. Ils passèrent devant
la Fontaine de Barenton et s’arrêtèrent un instant pour boire l’eau qui
sourdait sous le perron de granit. Le soir tombait et une lumière très rouge
irisait les arbres tout autour. Les oiseaux chantaient follement pour saluer
Yzole et son ami le taureau bleu. Ils arrivèrent ensuite devant un bois profond
dans lequel s’ouvrait un sentier très étroit et tortueux. Les arbres avaient
des feuilles d’argent qui scintillaient sous les derniers rayons du jour. Le
taureau bleu fit descendre la petite fille.
    — Suis-moi, dit-il, et prends garde de ne toucher
aucune de ces feuilles, car si l’une d’elles venait à tomber, il nous
arriverait malheur.
    Ils traversèrent le bois sans encombre, mais au dernier
arbre, la petite fille, tout heureuse de se retrouver dans un large espace,
heurta l’une des feuilles d’argent qui tomba sur le sol. Aussitôt, des bruits
étranges se firent entendre au fond des taillis et d’affreuses bêtes velues
comme des araignées surgirent.
    — Écarte-toi ! dit le taureau bleu.
    Et, de ses sabots, il martela longtemps le sol jusqu’à ce
qu’il eût écrasé toutes ces vilaines bêtes.
    — Mon pauvre taureau bleu, dit Yzole, tu dois être bien
fatigué. Et tout cela est de ma faute.
    — Ce n’est rien, dit le taureau bleu. Continuons notre
route.
    Ils repartirent dans le crépuscule. La lune se levait déjà.
Ils dépassèrent Pertuis-Nanti et les maisons de Fermu, toutes closes et
silencieuses. Sous les éclats froids de la lune, au fond d’un ravin, ils virent
un bois avec un petit sentier, et les arbres de ce bois avaient des feuilles en
or, ruisselantes de lumière.
    — Prends garde, dit le taureau bleu. Ne touche pas à
ces feuilles, sinon il nous arrivera malheur.
    Ils s’engagèrent sur le sentier. Au-dessus d’eux, une voûte
merveilleuse jetait des feux de toutes les couleurs. La petite fille était si
émerveillée qu’au sortir du bois, elle ne put résister à l’envie de toucher à
l’une de ces feuilles. Mais la feuille tomba sur le sol avec un bruit sourd. À
ce bruit, dans les entrailles du bois, répondirent des rugissements, et trois
ou quatre lions surgirent de chaque côté du sentier.
    Yzole poussa un cri de terreur, mais déjà le taureau bleu
fonçait, cornes en avant. Il abattit un lion, puis deux, puis trois. Toute la
forêt retentissait des hurlements des lions frappés à mort. Cependant, le
quatrième lion fut le plus difficile à vaincre, et ce ne fut que bien longtemps
après que le taureau bleu put pousser un mugissement de triomphe. Mais dans
quel état était-il ! ruisselant de sang, la respiration haletante, il
avait reçu tant de coups et de morsures qu’il était à bout de forces. Il
s’effondra aux pieds de la petite fille.
    — Taureau bleu ! mon taureau bleu ! s’écria
Yzole, qu’allons-nous devenir ?
    Le taureau bleu leva sa tête vers Yzole et murmura
doucement, très doucement, en la regardant de ses yeux tristes :
    — Ce n’est rien, ce n’est rien, je vais seulement
mourir.
    Yzole éclata en sanglots et mit ses bras autour du cou du
taureau bleu.
    — Mais je ne veux pas que tu meures, mon taureau
bleu ! dit-elle.
    — Ne t’inquiète pas, dit le taureau bleu. Tous tes
ennuis sont terminés. Tu mettras sur moi de la terre et des pierres bleues
comme on en trouve dans la forêt, et tu te souviendras de l’endroit où nous
sommes. Chaque fois que tu

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