Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
les bons
chemins.
    Izanig resta quelques jours avec sa sœur. Son beau-frère
partait tous les matins sans éveiller personne. Izanig, qui ne dormait que d’un
œil, l’entendait se lever et disparaître. Il ne revenait qu’au moment où la
nuit tombait.
    Un jour Izanig dit à sa sœur :
    — Écoute, Yvona, je n’ai pas le droit de me mêler de ce
qui te regarde. Ton mari est très gentil pour toi et je crois que tu es bien
tombée. Mais quelque chose m’intrigue vraiment : pourrais-tu me dire ce
qu’il fait de ses journées ?
    — Mon petit frère chéri, répondit Yvona, je ne le sais
pas plus que toi.
    — Mais tu ne le lui as jamais demandé ?
    — J’en ai eu envie plus d’une fois, mais je n’ose pas.
    — Tu aimerais donc le savoir, ma sœur chérie ? Eh
bien, puisqu’il en est ainsi, je vais essayer de connaître ce qu’il fait de ses
journées. Dès demain matin, je m’attacherai à ses pas. Ainsi je verrai de
moi-même où il va. D’ailleurs, ce ne sera pas difficile : il suffit que je
me lève avant lui.
    Cette nuit-là, Izanig ne dormit pas, afin d’être plus sûr de
son coup.
    À la première lueur de l’aube, il se leva et guetta le
moment où son beau-frère se préparerait. Il l’entendit ouvrir les portes du
château et se précipita derrière lui. Le beau-frère s’engageait dans un chemin
étroit à travers la forêt. Izanig se demandait comment il allait pouvoir
s’attacher à ses pas lorsque le beau-frère se retourna et lui dit :
    — Ainsi, beau-frère, tu as voulu me suivre et savoir où
j’allais. Tu aurais mieux fait de me le demander. Mais puisqu’il en est ainsi,
il faut que tu me suives jusqu’au bout. Il ne dépend plus de toi de rebrousser
chemin. Si tu le peux, tu feras tout ce que tu me verras faire, mais il est
inutile que tu me poses des questions, car je ne pourrai pas te répondre. Et
surtout, quoi que je fasse et quoi que tu puisses voir, ne touche à rien et ne
parle à aucun de ceux que nous rencontrerons.
    — Je te le promets, beau-frère, dit Izanig.
    Ils marchèrent côte à côte, en silence.
    Au bout de quelque temps, ils se trouvèrent dans une vaste
campagne découverte. Les champs qui étaient à gauche de la route foisonnaient
d’herbe, et cependant les vaches qui paissaient cette herbe étaient maigres à
faire pitié. Les champs de droite, au contraire, étaient absolument stériles,
et cependant, les vaches qui s’y trouvaient étaient grasses et luisantes.
Izanig trouva cela bien étrange, mais il se garda bien de poser une question à
son beau-frère.
    Plus loin, ils rencontrèrent des chiens attachés par des
chaînes de fer et qui semblaient vouloir se déchirer les uns les autres. En
passant près d’eux, Izanig eut grand-peur, mais il évita de le montrer et ne
posa aucune question.
    On arriva ensuite devant un torrent où dévalaient des eaux
tumultueuses. Izanig vit son beau-frère arracher un cheveu de sa tête, le poser
au-dessus du torrent, puis s’en servir comme d’un pont pour traverser de
l’autre côté. Izanig fit de même : il prit un de ses cheveux et put
franchir le torrent sans encombre.
    Ils arrivèrent alors à une mer de feu dont les vagues
étaient faites de grandes flammes qui ondulaient au vent qui soufflait de
partout à la fois. Sans hésiter le beau-frère s’engagea au milieu des flammes.
Izanig le suivit et fut tout étonné de voir que les flammes ne brûlaient pas.
Cependant il ne posa aucune question à son beau-frère.
    Ils aperçurent alors, auprès d’une rivière, deux arbres qui
se battaient et s’entre-déchiraient de telle sorte qu’il jaillissait partout
des éclats de bois et des fragments d’écorce. Izanig avait un bâton à la main.
Quand il fut arrivé près des deux arbres, il mit son bâton entre eux en leur
disant :
    — Qu’avez-vous donc à vous maltraiter de la
sorte ? Cessez de vous faire du mal et vivez en paix !
    À peine avait-il prononcé ces paroles qu’il fut tout étonné
de voir les deux arbres se changer en un homme et une femme qui lui
dirent :
    — Mille bénédictions sur vous ! Voici trois cents
ans passés que nous nous battions ainsi, et personne n’avait pitié de nous ni
ne daignait nous adresser la parole. Nous sommes deux époux qui nous disputions
et nous battions constamment lorsque nous étions sur la terre. Pour notre
punition, nous étions condamnés à nous battre jusqu’à ce qu’un être charitable
nous séparât. Vous venez

Weitere Kostenlose Bücher